Commandant Issiaka Ouattara dit Wattao (Cema adjoint FaFn) - “Nous allons riposter jusqu`au palais”

Commandant Issiaka Ouattara dit Wattao (Cema adjoint FaFn) - “Nous allons riposter jusqu`au palais”
(Nord-Sud 31/12/2010)


Le chef d'état-major adjoint des Forces armées des Forces nouvelles assure qu'ils ont les moyens à l'hôtel du Golf pour parer à toute éventualité. Entretien.

Depuis plusieurs jours, certaines personnes font courir la rumeur sur votre mort. Comment réagissez-vous?
Je ne peux pas mourir ainsi parce que j'ai la bénédiction de ma mère. Je rassure tous nos éléments et toute la population que je n'ai rien, je suis en bonne santé. Je suis bel et bien vivant. La propagande sur ma mort, c'était pour casser le moral de nos troupes. Mais aujourd'hui, tout le monde sait que je suis vivant.

Comment gérez-vous le blocus auquel est soumis l'hôtel du Golf ?
Tout va bien ici ! Quand on dit qu'on ne se lave pas, qu'on ne mange pas, c'est du pur mensonge. On vit bien ici, on ne manque de rien.

Pouvez-vous donner quelques éléments sur les affrontements du 16 décembre ?
Quand la marche a démarré et que la population est arrivée au niveau de la résidence du président Alassane Ouattara, des mercenaires (les tenues qu'ils portaient étaient bizarres) ont commencé à tirer sur la foule. Avant de partir, le président de la République et le Premier ministre ont laissé des consignes selon lesquelles nous ne devions pas être les premiers à tirer. Nous devions encadrer les marcheurs. Quand les coups de feu ont commencé, il fallait se défendre, et nous nous sommes défendus comme il se doit. C'est après cela que les gens ont raconté que j'avais été tué.

Quel est le bilan pour les deux camps ?
Nous déplorons quatre morts de notre côté. Mais, vous savez, comme ils ont toujours dissimulé leur bilan, nous ne pouvons rien dire. Mais, il faut savoir que les combats ont été très violents. C'est dommage que ce soit arrivé. Ce n'était pas notre souhait. Je me souviens qu'avant la marche, on leur avait demandé de dégager parce qu'ils avaient voulu prendre une voiture de l'escorte du Premier ministre. Je suis allé leur parler personnellement. Ils m'ont répondu qu'ils ne recevaient pas d'ordre du gal Mangou. Après cela, il y a eu des échauffourées et nous avons réussi à prendre leur douze sept (mitrailleuse lourde, calibre 12,7mm M2hb, ndlr). Le gal Mangou m'a appelé et pour tout le respect que je lui dois, nous avons rendu l'arme. Pour leur dire que nous ne sommes pas dans une logique de guerre, nous ne voulons pas la guerre. Et nous sommes étonnés qu'ils aient utilisé l'arme contre nous. C'est dommage.

L'on a l'impression que ceux qui veulent la guerre sont minoritaires.
Le problème, c'est qu'il y a des aînés qui disent ne prendre leurs ordres que de la présidence directement. Ce qui veut dire qu'il y a une cacophonie au niveau de l'armée nationale. Et celui qui veut intervenir au nom de la paix est considéré comme un traître, un vendu.

La télévision ivoirienne diffuse un élément où vous soutenez vouloir mater la rébellion des autres. Pouvez-vous être plus précis ?
Effectivement je l'ai dit. Quand il y a des mercenaires au sein de l'armée nationale, ce n'est plus une armée. Une armée nationale a tout ce qu'il lui faut. Elle n'a pas besoin de mercenaires. Voir des mercenaires dans l'armée ivoirienne, accompagnés de nos éléments, c'est vraiment décevant. C'est pourquoi j'ai dit que nous allons mater cette rébellion. Nous avons reçu des consignes fermes de la part du président Ouattara et du Premier ministre Soro, de ne pas nous attaquer aux Ivoiriens. Et nous respectons toujours les consignes de nos chefs. Mais, les Libériens, nous allons les mater.

Comment les mater, en étant au Golf ?
Nous n'allons pas rester ici éternellement. Chaque chose a une fin. Ils nous donneront l'occasion.

Charles Blé Goudé promet de venir libérer l'hôtel du Golf.
Charles Blé Goudé est un monsieur très intelligent. Je ne crois pas qu'il ira jusqu'à mettre la vie des Ivoiriens en danger. Nous avons appris qu'il viendra avec des mercenaires libériens. Nous allons considérer tous ceux qui seront-là comme des mercenaires, des criminels. Nous sommes prêts à les accueillir.

Que va-t-il se passer si vous les repoussez ?
Il va se passer ce qui doit se passer. La jeunesse du Rhdp (Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix, ndlr) s'apprête aussi à sortir le même jour. On imagine déjà ce qui va se passer dans la ville.

Allez-vous encadrer les jeunes du Rhdp ?
Ceux qui se disent Forces de défense et de sécurité le feront. Parce que c'est le peuple ivoirien qui va sortir. Ils ne pourront pas les empêcher de marcher puisqu'ils donnent l'occasion à Blé Goudé de le faire. S'ils doivent les tuer, ce sera devant tout le monde. De toutes façons, ils ont déjà tiré sur des Ivoiriens aux mains nues, en disant qu'ils étaient armés. Donc nous considérons que ceux qui viennent au Golf sont aussi armés. Peut-être que samedi, ce sera le chaos. Mais, cela n'est pas notre souhait. Nous avons déjà entamé des négociations pour sortir de la crise. Ce n'est pas la peine qu'on se fasse peur et qu'on fasse peur à la population. Que Blé Goudé mette balle à terre. S'il a été nommé ambassadeur de paix, cela veut dire qu'il peut résoudre des problèmes, et dans la paix. Nous avons décidé d'aider la Côte d'Ivoire, nous avons fait beaucoup de choses ensemble. Qu'il comprenne que ce n'est pas le moment de faire pareille sortie.

Avez-vous les moyens de votre riposte ?
Depuis un certain temps ils ont même commencé à s'attaquer à l'Onu. Il faut qu'ils fassent attention! Une seule personne ne peut pas s'attaquer au monde entier. Saddam Hussein l'a fait et il est parti. Et, quand on parle, il faut avoir la crainte de Dieu. C'est Lui le seul maître. Il est au-dessus de nous. Il voit la vérité et le mensonge.

Quel sort réservez-vous aux commanditaires de l'attaque annoncée du Golf ?
Ils ont déjà été mis en garde par la communauté internationale. Elle est là, la Cpi (Cour pénale internationale, ndlr) est là ! Elle voit tout ce qui se passe. Ses émissaires ont des rapports chaque jour. Ce n'est pas à nous de les juger. L'histoire nous jugera tous. A chacun de gérer sa carrière. Mais, si nous sommes attaqués, nous allons riposter jusqu'au dernier. Et, le dernier se trouve au Palais. S'ils nous en donnent l'occasion, nous irons jusqu'au Palais. Nous allons démontrer à tout le monde que nous en avons les moyens.

Ils accusent l'Onuci de vous entretenir et de vous armer.
L'Onuci ne peut pas nous armer. Nous avons notre propre armement. Le renforcement dont nous bénéficions ne vient pas non plus de l'Onuci. Vous savez, il y a plusieurs pistes pour rentrer à Abidjan. Il n'y a pas que l'autoroute du Nord qui mène à Abidjan. Et aujourd'hui, beaucoup de nos éléments nous sont venus en renfort. Les Forces nouvelles sont bien organisées et nous sommes prêts à toute éventualité.

Quel appel lancez-vous à vos frères d'armes des Fds, notamment de la garde républicaine, qui continuent à vouloir un affrontement ?
Ils doivent comprendre qu'on n'a pas besoin de verser encore le sang des Ivoiriens. Ce n'est pas par la force que nous allons régler les problèmes. La force n'a rien résolu en Côte d'Ivoire. Avec le dialogue, nous avons réussi à organiser des élections propres. Et aujourd'hui, il faut mettre devant le sursaut d'honneur des Ivoiriens et mettre l'orgueil de côté afin de sauver des vies humaines. Je lance cet appel à cette minorité qui se croit plus forte que tout le monde ! Chaque chose a ses limites ! Aux autres qui ont décidé de mettre balle à terre comme nous, qu'ils continuent sur ce chemin. Nous avons décidé de ne pas nous tirer dessus et vous voyez bien que sur la ligne de front, rien n'a bougé. Ce sont les consignes reçues. Nous avons arrêté 15 gendarmes le premier jour, sur notre ligne de front à Vavoua. Mais, nous les avons remis, avec leur véhicule, au général Kassaraté Tiapé, pour dire que nous ne sommes pas dans une logique de guerre.

Avez-vous des contacts dans les casernes d'Abidjan ?
Nous sommes en contact avec des militaires ici. On s'appelle, on cause. Ils sont nombreux à être dans cette dynamique de paix. Personne n'a envie de perdre sa vie aujourd'hui. Je tire le chapeau à tous mes frères qui ont compris que nous n'avons pas le droit de diriger nos armes les uns contre les autres, entre nous Ivoiriens. Le dialogue qu'Houphouet-Boigny nous a toujours apporté, nous allons essayer d'en tirer une vraie leçon. Laissons-nous conduire par ce dialogue plutôt que par les armes.

Entretien réalisé par Kesy B. Jacob Coll : Anne-Marie Eba


Les Forces Nouvelles à propos de l'attaque prochaine du Golf hôtel :
“Nos troupes sont en état d'alerte”

Des informations en notre possession font état de l'imminence d'une attaque armée contre les autorités légales et légitimes de Côte d'Ivoire bloquées à l'hôtel du Golf depuis plus d'un mois.
Cette attaque à exécuter avant le retour le 03 janvier 2011 des envoyés de la CEDEAO, vise à assassiner le Président élu de Côte d'Ivoire, Monsieur Alassane Ouattara, le Premier Ministre Soro Guillaume et l'ancien Chef d'Etat, Monsieur Henri Konan Bédié.
Selon ces informations, le complot est conduit par les officiers militaires félons et des responsables civils très proches de Monsieur Laurent Gbagbo, qui entendent rééditer le schéma des raids mortels du 31 décembre 2002 sur le bac de Béoumi, tout près de Bouaké qui, à l'époque, avaient occasionné plusieurs dizaines de victimes.
Les Forces Nouvelles, prenant à témoin l'opinion nationale et internationale, plus particulièrement les Chefs d'Etat de la CEDEAO et les Forces de défense et de sécurité de Côte d'Ivoire, appellent les Ivoiriens épris de Paix et de Justice à la mobilisation générale et décisive.
Tous les sympathisants des Forces Nouvelles résidant à Abidjan et banlieues doivent, dès ce jeudi 30 décembre 2010, se tenir prêts pour faire barrage à l'imposture et pour défendre par tous les moyens légaux les Institutions de la République incarnées par les nouvelles autorités.
Les troupes militaires des Forces Nouvelles demeurent toujours en état d'alerte maximale.

Fait à Bouaké le 30 décembre 2010
Porte-parole des Forces Nouvelles
SEKONGO FÉLICIEN
NB/ Les surtitre et titre sont de la rédaction.



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31/12/2010
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