CNI camerounaise: un réseau de fabrication démantelé au Nigeria

Source: Camernews 10 08 2015

 

 

Les services spéciaux de ce pays viennent de mettre la main sur trois ex‐employés de Thalès spécialisés dans la confection de faux documents d’identité camerounaise.

Dans le cadre de la lutte contre Boko Haram, un pôle informatique vient d’être découvert par les services spéciaux nigérians. Selon «The Alpha», un hebdomadaire proche des nouveaux hommes d’Abuja, c’est à Kari, au nord‐est du pays que trois Camerounais ont établi une structure clandestine de fabrication de faux documents d’identité. Marc Mbollo, le «chef» de cette unité, et deux de ses collaborateurs ont été interpelés le 06 juillet 2015 après une filature de cinq semaines.


Actuellement en exploitation dans la capitale nigériane, les trois faussaires sont tous des ex‐employés de Thalès Security System. A en croire Alpha, c’est au détour d’une enquête portant sur l’assassinat de l’un des nombreux sosies d’Abubakar Shékau que les agents de renseignements nigérians se sont intéressés au cas de Marc Mbollo et ses compères. «C’est dans la demeure d’un dignitaire de Kari, écrit le journal nigérian, que le trio mis son savoir‐faire acquis auprès de Thalès Security System Cameroon, une société française venue au Cameroun en 2012 dans le cadre d’un contrat portant la sécurisation de la nationalité camerounaise.» L’on apprend également que les services spéciaux nigérians ont recueilli un certain nombre d’indices significatifs sur les personnalités et les fréquentations de la bande. «Marc Mbollo et ses hommes de main étaient constamment en contact avec des commerçants exerçant à Buea et à Mora aux fins d’écoulement des cartes d’identités contrefaites au Cameroun», révèle Alpha. Des aveux obtenus par les enquêteurs, c’est dans cette unité qu’ont été fabriquées un peu plus de 60 000 fausses cartes nationales d’identité et cartes de séjour camerounaises.

 

Spectre de Thalès
On la croyait partie après la rupture officielle de son contrat avec l’État camerounais en décembre 2014. Thalès Security System n’est pas allée loin. «C’est le cas de le dire sans hésitation», affirme un commissaire de police en service à Yaoundé. D’après le flic, «c’est bel et bien en date du 31 décembre que la Délégation générale à la Sûreté nationale (DGSN) avait notifié à Thalès la décision de l’État du Cameroun de rompre le contrat Senac les liant.» Selon nos informations, Bernard Brousse avait répercuté l’annonce à ses employés. www.237online.com Dans une correspondance que ce responsable du département des projets de la société française leur adressa le 29 janvier 2015, le ton n’était pas équivoque: «l’arrêt de l’activité de Thalès au Cameroun entraîne la fin des contrats de travail conclus avec cette société. En d’autres termes, ceux qui étaient employés dans ce projet perdent leur emploi», avait-il écrit. Autour de cet aspect, une source à la DGSN reconnait qu’avant le brouillage des horizons entre Thalès Security Systems et l’Etat du Cameroun, 25 personnes ont été incarcérées avec pas moins de 10 policiers dont un commissaire de police, les autres étant les employés du prestataire français. Ces derniers procédaient à des tripatouillages des identités ou à des attributions des cartes nationales aux étrangers, contre des fortes sommes d’argent. Une équipe mise sur pied par le patron de la police, Mbarga Nguélé va démonter tout ce vaste réseau.


Ce qui avait conduit à la révocation de certains responsable, et à l’emprisonnement d’autres, tels que le coordonateur Mbia Mekou et ses collaborateurs ou chefs de postes. «C’est ainsi que, rapporte notre source, ulcéré de se voir mis en cause, Marc Mbollo a pris la route de l’exil d’abord au Canada puis au Nigéria pour continuer une activité qui rapportait de l’argent.»


Thalès était arrivé au Cameroun en 2012. Son contrat était renouvelé chaque année sur la base de ses performances. Cette entreprise de droit français devait aider à sécuriser la nationalité camerounaise. Selon certaines informations, la non reconduction du contrat serait motivée par le coût élevé des prestations de la structure française et le caractère sensible de ce projet pour la sécurité nationale. Selon des sources introduites, il y aurait eu des divergences autour de la facturation desdites prestations, objet de fréquents retards de paiement et de la grogne des postulants à ces pièces officielles.


D’autres sources, qui se veulent tout aussi crédibles, indexent un réseau de faux découvert dans la chaîne d’établissement de ces documents, dont plusieurs ont ces dernières semaines été saisis entre les mains de nombreux étrangers parmi lesquels des membres de la secte islamiste nigériane Boko Haram.



10/08/2015
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