Citoyenneté: Jacques Godwe Bouba Répond à Mme Germaine Ahidjo

 

Citoyenneté: Jacques Godwe Bouba Répond à Mme Germaine Ahidjo

La Météo

 

YAOUNDE - 15 MARS 2010
© J. G. Bouba (correspondance) | La Météo

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L'ancien professeur d'histoire et de géographie des lycées et collèges réplique aux récriminations à répétition de Madame Germaine Ahidjo

 

 

 

Jacques Godwe Bouba, fidèle lecteur de La Météo, a bien voulu, de sa région du Septentrion où il jouit aujourd'hui de sa retraite, nous faire parvenir sa réaction en terme de contribution au débat concernant les obsèques officielles, à l’éventuel rapatriement et à la réhabilitation de feu Ahmadou Ahidjo, premier président de la République. L'ancien professeur d'histoire et de géographie des lycées et collèges, réplique par ailleurs aux récriminations à répétition de Madame Germaine Ahidjo, à qui l'enseignant fait au passage, le reproche de se répandre, excessivement, dans les médias nationaux et internationaux. Lisez plutôt...


"Depuis quelques mois, la veuve officielle du tout premier Président de la République, Madame Germaine Habiba Ahidjo multiplie des sorties médiatiques dans les colonnes de la presse nationale et à travers les ondes de moult radios et chaînes de télévisions intemationales. Le dénominateur commun de ses interventions itératives et intempestives consiste à souligner, selon son propos redondant, l'ingratitude du Renouveau qu'elle n'a de cesse de couvrir d'opprobre. A chaque interview, l'ancienne première dame ne manque pas de geindre sur la nécessité de la réhabilitation de l'honneur bafoué du tout premier Président de la République, lorsqu'elle n'accable pas le régime du Renouveau d'être de mauvaise foi pour avoir commis l'outrecuidance de condamner « son » mari à la suite du procès afférent au complot de 1983, et dans la manipulation consistant, selon ses élucubrations, à impliquer la responsabilité latente de son époux dans les tristes événements qui avaient ensanglanté le Cameroun et endeuillé de nombreuses familles au mois d'avril 1984. Dans chacun des entretiens qu'elle accorde à la presse, Madame Ahidjo dresse un portrait apologétique de son époux, autant qu'elle ne manque nullement de jeter l'anathème sur son illustre successeur qu'elle accuse d'être volontairement amnésique et de délit de mémoire, comme si, dit-elle l'histoire du Cameroun ne commençait qu'en 1982... Comme si avant 82, le Cameroun n'existait pas. (Sic)... '. Toutes les fois que Madame Germaine Ahidjo se confie à la presse, elle s'offusque de ce que son mari soit inhumé loin de son pays natal, que ses restes y soient toujours ensevelis, et entre autres jérémiades, que le corps du Président Ahmadou Ahidjo ne soit pas rapatrié dans son pays qu'il a gouverné pendant 25 ans, et par-dessus tout, que le Gouvernement du Cameroun n'accède pas à l'organisation de ses obsèques officielles...


Ces contributions intrinsèques devraient cependant être affranchies de toutes les passions politiciennes et des moindres connotations tribales de peur de faire subir l'avanie à certains citoyens et de fragiliser l'unité nationale si chèrement acquise sur le sang des martyrs et héros que nous voulons célébrer en cette année du souvenir.


Parallèlement à la plaidoirie emphatique de Madame Ahidjo dans la presse nationale et internationale, la commémoration du cinquantenaire de l’accession du Cameroun à la souveraineté républicaine attise le débat sur la réhabilitation de certaines figures marquante de notre passé nationaliste. Toutes choses qui paraissent légitimes en cette année jubilaire.

Ainsi, nonobstant les avis disparates des uns et des autres attenants à la stratification héroïque des martyrs et des hauts commis d’Etat qu'a connus notre pays, les contributions intellectuelles de tous les compatriotes sont les bienvenues. Elles sont même souhaitables, tant qu'elles expriment la réalité de notre passé récent sans en édulcorer les faits. Ces contributions intrinsèques devraient cependant être affranchies de toutes les passions politiciennes et des moindres connotations tribales de peur de faire subir l'avanie à certains citoyens et de fragiliser l'unité nationale si chèrement acquise sur le sang des martyrs et héros que nous voulons célébrer en cette année du souvenir.

L'occasion, qu'offre la commémoration du cinquantenaire de notre accession à la souveraineté nationale devrait également éviter de blesser ou de choquer quelque susceptibilité par des évocations malveillantes que ni le pardon, ni le temps ne sont parvenus à enterrer le poids des rancœurs dans les alvéoles de l'oubli. Ma réaction de citoyen et de témoin parcellaire de l'Histoire du Cameroun milite fermement dans le sens de la réconciliation nationale que devraient sous-tendre toutes contributions dans l'évolution diachronique de notre pays. Les déclarations indues de Germaine Ahidjo devraient, à mon humble avis, tenir compte des proportions avilissantes et choquantes pour le peuple et le grand nombre des victimes emprisonnées et/ou tombées sans défense sous la potence du régime totalitaire et brutal de l'administration Ahidjo. Tout ne fut pas rose, et tout le monde ne regrette pas cette ère policière qui fut pourtant l'âge d'or des affidés d'Ahmadou Ahidjo. Certains upécistes, par exemple, de même que la progéniture des acteurs nationalistes et les partisans de l'indépendance totale partageraient difficilement le même panthéon que leur bourreau. Il en est de même pour les familles des victimes tombées sous le crépitement des balles et les grondements des obus durant l'instant douloureux que fut la tentative de coup d’Etat d'avril 1984, moment fatidique où la boulimie d'un groupuscule de nostalgie à l’ancien régime a endeuillé de nombreuses familles camerounaises…


Si personne ne peut renier l’existence du tout premier Président, la célébration programmée du cinquantenaire de la République, l’intérêt historique et culturel que porte le Président de la République S.E.M. Paul Biya sur cet événement national et continental, constituent une preuve évidente que l'Histoire du Cameroun libre ne commence pas en 1982, ainsi que semble polémiquer la veuve d'Ahidjo. Depuis le 4 novembre 1982, le Président de la République S.E.M. Paul Biya n'a pas renié l'œuvre et l'existence de son prédécesseur. Bien au contraire ! Cette reconnaissance s'est manifestée plusieurs fois à travers des actes de pardon, et ce, malgré les événements d'août 1983 où il fut question d'attenter à la vie du Président actuel. Condamné à mort par contumace en février 1984, la mansuétude du Président Paul Biya se traduira dès le mois de mars de la même année, lorsque le père du Renouveau accorde la grâce présidentielle à son prédécesseur et ses sbires, en commuant les peines capitales prononcées par le Tribunal militaire en détention à perpétuité. Cette grâce n'empêchera pas les affres des tristes événements du 6 avril 1984. Au-delà de cette clémence, la réhabilitation du premier Président est effective depuis le 17 janvier 1991 grâce à un décret signé de la main du Président Paul Biya dans le cadre d'une amnistie spécifique promulguée par le Chef de l'Etat. Dès lors, les lieux et édifices publics portant le patronyme d'Ahmadou Ahidjo furent renommés, après une éphémère période de prohibition, à l'instar du plus grand stade du pays, le stade omnisports Ahmadou Ahidjo de Yaoundé. A la suite de cette réhabilitation éponyme, les biens immobiliers appartenant à l'ancien Président avaient été restitués. Il en est ainsi des villas du centre urbain de Ngaoundéré, des villas de Garoua, du terrain de Kribi et entre autres du ranch Tello, un vaste domaine situé à une soixantaine de bornes de la capitale de la Région administrative de l'Adamaoua... La gestion de ce patrimoine immobilier n'incombe pas au Gouvernement, tant il s'agit là, en effet, d’une affaire de famille liée à la succession privée de la descendance du Président Ahmadou Ahidjo. Par conséquent, tout litige ou concession dudit patrimoine devrait être réglé par la saisine des tribunaux, l'Etat n'étant pas qualifié pour pareille prépondérance.

Le chapitre relatif au rapatriement du corps de feu l'ancien Président a suffisamment été expliqué par la voix la plus autorisée de la Nation, le Chef de l'Etat, le Président de la République, S.E.M. Paul Biya à Paris sur la télévision câblée France 24, le 26 octobre 2008. En répondant à une question du journaliste Ulysse Gosset, le Président Biya déclarait ceci : « Le problème de rapatriement de la dépouille de l’ancien Président est, selon moi, un problème d’ordre familial. Je n’ai pas d’objection, et je dois dire que le fils de mon prédécesseur est député. Je n’ai pas de problème avec la famille de mon prédécesseur, ses filles et ses fils vont et viennent et personne ne les a jamais inquiétés. Si la famille de mon prédécesseur décide de faire transférer les restes du Président, rapatrier Ahidjo, c'est une décision qui ne dépend que d'eux, je n'ai pas d'objections ni d'observation à faire (Sic) ».

De plus, au plan strictement religieux, a-t-on besoin de questionner la veuve d’Ahidjo si les préceptes de l'islam permettent d'exhumer un corps inhumé dans le respect de la dignité coranique ? Si les Muezzins et Imams venaient à répondre par l'affirmative à cette interrogation essentielle, la famille du défunt en a-t-elle fait la demande aux autorités camerounaises ? A ce sujet, devrait-on signaler, à titre d'information, à la veuve d’Ahidjo, après des renseignements puisés à bonne source, que les dispositions du décret N° 76/424 du 16 septembre 1976 fixant les règles de protocole à observer en matière de cérémonies publiques, préséances, honneurs civils et militaires, sont muettes sur le chapitre relatif à la gestion de leurs obsèques par l’Etat. Il en est de même du décret N° 81 407 du 10 septembre 1981 signé par Ahmadou Ahidjo, à quelques mois de sa démission accordant les privilèges et avantages en numéraires et en nature aux anciens Présidents de la République du Cameroun, sur le chapitre relatif à la gestion de leurs obsèques par l'Etat...


La question relative au retour des restes du premier Président doit être assujettie aux considérations à la fois éthiques, religieuses, culturelles et familiales. Face au vide juridique concernant la disparition des anciens Présidents dans leur retraite, leur exil forcé ou volontaire, seule la famille de l'illustre disparu peut susciter des funérailles, et solliciter des obsèques officielles à l'Etat. Les membres de ladite famille sont encore vivants. C'est au plan civil, une simple question de procédure et d'humilité qui pourrait faire jurisprudence. En attendant que le sujet sur les obsèques d'anciens Présidents soit résolu dans le cadre de la loi, il est souhaitable qu'en cette année jubilaire qui consacre le cinquantenaire de l'Indépendance de notre pays, l'évocation du passé soit davantage empreint de patriotisme et constitue une invitation à la réconciliation nationale. Il s'agit de taire les rancœurs, d'enterrer les diffamations, le dénigrement systématique et l'acrimonie sans cesse portés contre l'Etat à l'extérieur du pays. Puisse le passé permettre de panser les plaies du présent, et notre solidarité actuelle prévenir les écueils du futur afin que le Cameroun reste une Nation forte et prospère. /."



16/03/2010
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