Cinq morts et 200 millions Fcfa emportés à Douala - Mebe Ngo’o embarrassé

Mebe Ngo’o embarrassé

Le ministre de la Défense s’est montré très amer à l’endroit de ses collaborateurs basés à Douala.

Le ministre délégué à la présidence de la République chargé de la Défense, Edgar Alain Mebe Ngo’o, et plusieurs hauts gradés de l’armée camerounaise se sont rendus à Douala au cours de l’après-midi du samedi 19 mars 2011, au lendemain de l’assaut perpétré par des assaillants à Bonabéri. Le ministre était accompagné du chef de l’état major des armées, le général de corps d’armée René Claude Meka. Le délégué général à la Sûreté nationale (Dgsn), Martin Mbarga Nguele était également là. Le secrétaire d’Etat à la Défense chargé de la Gendarmerie, Jean Baptiste Bokam, manquait à l’appel. Les chefs de la sécurité sont venus à Douala pour s’enquérir des faits. Ils ont visité le bâtiment d’Ecobank attaqué la veille par des assaillants lourdement armés. A chaque étape, le ministre de la Defense, très amer à l’endroit de ses collaborateurs régionaux, voulait comprendre le mode opératoire des assaillants. Le délégué régional de la Sûreté nationale pour le Littoral, Joachim Mbida Nkili, a affirmé que c’est aux environs de 23h45 que son unité a été informée de l’attaque par des éléments de l’Esir. Des éléments déployés sur le terrain étaient armés de pistolets automatiques. Face à l’artillerie lourde des  assaillants ce dispositif s’est révélé minable, à en croire le délégué. « Ils ont posté des tireurs de part et d’autre autour de l’immeuble, de sorte qu’ils pouvaient apercevoir les gens à distance », a-t-il précisé.

Par la suite, le cortège s’est rendu au bras mort du Wouri. C’est par là que les assaillants sont arrivés et sont repartis, après leur opération. Tard dans l’après-midi, tous les responsables de sécurité se sont réunis dans les services du gouverneur de la région du Littoral pour faire le point. Le Jour a appris que les uns et les autres se sont accordés sur « une action inefficace de renseignement et de surveillance maritime, alors que l’attaque était prévisible ».

Denis Nkwebo et
Théodore Tchopa

La riposte de la marine camerounaise

Selon le gouverneur de la région du Littoral, deux embarcations suspectes ont été détruites dans les eaux camerounaises dans la nuit de samedi à dimanche.

Le gouverneur de la région du Littoral, Francis Faï Yengo, a fait une déclaration à Douala, hier, en rapport avec l’assaut perpétré par des rebelles à Bonabéri, dans la nuit de vendredi à samedi derniers. Il affirme qu’à la suite de cet assaut, la marine camerounaise a donné la riposte, en détruisant deux embarcations suspectes dans les eaux territoriales camerounaises, dans la nuit de samedi 19 à dimanche 20 mars 2011. Le gouverneur n’a indiqué ni l’heure, ni le lieu précis de cet « accrochage entre les deux embarcations et nos forces de défense ». Il a néanmoins dit  que lors de cette opération, cinq Camerounais ont été blessés. Aux dernières nouvelles, l’un d’entre eux a rendu l’âme. Un des « criminels » a été arrêté et est décédé avant d’arriver à Douala, apprend-t-on. Le gouverneur ajoute qu’un dispositif a été saisi, dont des gilets de sauvetage et 9 téléphones portables.

Cette intervention est le premier fruit du dispositif de sécurité en mer mis sur pied par l’administration camerounaise et les forces de défense nationale, au lendemain de l’attaque  à l’agence Ecobank de Bonabéri. Le gouverneur est revenu sur les circonstances de cet assaut qui a fait cinq morts, dont deux vigiles d’Ecobank. « Les forces de l’ordre, sous la supervision de l’administration, ont organisé l’intervention, mais la riposte a été rendue difficile à cause de l’environnement du site », affirme-t-il. La zone où s’est produite « l’attaque violente » est très peuplée, à en croire le gouverneur. Au terme de leur opération, ces « bandits de grand chemin » ont pris la fuite par une crique du Wouri. « Deux criminels ont été arrêtés et sont en train d’être exploités au niveau de la gendarmerie nationale », a assuré Francis Faï Yengo, qui a appelé les populations à plus de vigilance et de collaboration avec les services de sûreté nationale.

T.T.

Témoignages

« La balle venait vers moi » : Hortense Tchouangue, barwoman
J’ai d’abord entendu ma sœur à  crier de l'extérieur. Elle disait que les câbles électriques de haute tension ont pris feu. Je m’apprêtais à fermer le bar. Je balayais lorsque j’ai reçu des débris de béton venant du mur. Une balle en est sortie et est tombée devant moi. Elle venait vers moi mais a été ralentie après avoir traversé le mur. Je me suis enfuie derrière les maisons, laissant le bar ouvert, avec le téléviseur allumé. Plus tard, je suis revenue et j’ai trouvé qu’on s’était servi dans le congélateur. Deux bouteilles de bière fermées étaient posées par terre.

“Personne n’a dormi à l’hôpital” : Joëlle Wandji, garde malade à l’hôpital de bonabéri
J’étais dans une des chambres du service de maternité. Nous dormions avec les mamans et leurs bébés lorsque les crépitements des armes ont réveillé tout le monde. Nous avons d’abord cru que l’hôpital était attaqué. Personne n’avait le courage de sortir de la pièce. Les bruits des armes ont duré jusqu’à presque 1h du matin. Après, nous avons entendu l’arrivée des blessés dans les couloirs. L’un d’eux criait : « Sauvez-moi. Je ne veux pas mourir ». Puis, nous sommes sortis. A partir des balcons, nous observions la foule sur le site de l’opération. Les bandits étaient déjà partis. Mais personne n’a plus dormi à l’hôpital jusqu’au petit matin.

Propos recueillis par
A.N.

Votre avis : Que pensez-vous de l’assaut perpétré à Bonabéri par des inconnus?

« C’était comme un film » : Gilbert Gervais Biem, passager
Je me rendais à un deuil dans la région de l’Ouest. Notre car est arrivé à Sodiko vers 23h. Nous avons été surpris par des coups de feu. On nous a informés que des malfrats armés s’attaquaient à tout le monde et tiraient des balles dans tous les sens. Tous les passagers ont quitté le véhicule. Etant le seul invalide, j’ai eu toute la peine pour m’en sortir. Je suis allé me réfugier au commissariat central N°3 à Bonassama. C’était comme un film pour moi. J’ai été déstabilisé. Je ne comprends pas comment les assaillants ont pu repartir par les eaux et les forces de l’ordre n’ont pas pu placer un dispositif pour les coincer.

“Les forces de l’ordre inefficaces” : Bertrand Kameni, commerçant
A mon avis, ce sont des spécialistes qui ont opéré à Bonabéri. Mais il n’empêche que les forces de l’ordre ont été inefficaces sur le coup. En deux heures de tirs, ils ont eu largement du temps de se préparer et de répondre à l’attaque. Le terrain de tir n’était pas situé à un endroit reculé de la ville, pour prétexter qu’il fallait du temps pour s’y rendre. Je pense d’ailleurs que les forces de l’ordre ne se risquent pas assez pour protéger la vie des civils.

Propos recueillis par M.M.N.








21/03/2011
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