Chronique: L'oubli et le pardon !

Yaoundé, 09 Septembre 2013
© Ousmane Shérif | La Météo

Un jour, interrogé par la presse locale sur ses relations supposées étroites avec feu Président Ahidjo, le défunt Ministre d'État et ancien Secrétaire politique de l'Union nationale camerounaise (Unc), Victor Ayissi Mvodo, qui ne savait pas faire dans la langue de bois, n'hésita pas à qualifier celles-ci de «relations de dupes». En revanche, cet ancien patron du commandement territorial devant l'éternel, conseilla à ses interlocuteurs du jour, de contacter Paul Biya, le chouchou d'Ahmadou Ahidjo, celui-là qu'il a présenté aux Camerounais un certain 04 novembre 1982, comme son successeur digne de «la confiance de tous, à l'intérieur, comme à l'extérieur». En effet, pour l'homme au cigare devenu légendaire, Paul Biya connaissait le père de l'Indépendance et de la Réunification mieux que quiconque. Il était donc le mieux placé pour parler de son «père», puisqu'ayant été par ailleurs associé à tous les moments forts de la vie du Cameroun. Par celui auprès de qui, il jouissait d'une profonde estime et d'une confiance, comme aimait le dire le défunt camarade et ami d'enfance d'Ahmadou Ahidjo, l'ancien Ministre des Finances, Charles Onana Awona. L'étroitesse confirmée et la solidité de la relation entre les deux hommes poussent ainsi nombre d'observateurs avertis de la vie politique du Cameroun, à penser que des retrouvailles sans doute imprégnées de chaleur familiale auraient depuis des lustres, sonné le glas de la déchirure accidentelle.

Malheur qui, à un moment, a pu faire vite oublier, l'histoire de la pondération et de la sagesse reconnues aux deux acteurs majeurs de notre histoire contemporaine; ainsi de la grande confiance et l'estime familiales qui les liaient de manière quasi-indéfectible, c'est-à-dire ad vitam aeternam. Du reste ceux qui écument aujourd'hui les contours des retrouvailles entre le grand-frère et sa petite sœur parlent d'un songe qu'aurait vécu à ses dires, Aminatou Ahidjo qui dans un rêve, aurait vu le père Ahidjo et son fils Biya, cheminer vers le palais de l'Unité dans l'allégresse, main dans la main. Des mêmes suites, la cadette des filles Ahidjo aurait été char¬gée par son père d'une mission prophétique: rentrer au Cameroun prendre la main éternellement tendue de Biya, son grand-frère. Afin que la grande famille, dans l'intérêt supérieur du Cameroun, se reconstitue en se réconciliant.

Et que cessent l'imposture et l'instrumentalisation du nom de son père, perpétrées par des héritiers de fortune, plus préoccupés par la construction de leur propre existence politique et matérielle. «Qui sont mes frères, qui sont mes sœurs?», se demandait le Christ, avant de répondre: «seule ceux qui font la volonté de mon père sont mes frères et mes sœurs». Par ces mots, l'homme de Jérusalem nous enseigne que la fraternité ne se résume pas aux contingences biologiques ou ethnico-régionales. Elle est fondamentalement spirituelle. Aminatou Ahidjo qui s'engage sans chantage, n'accordant apparemment son soutien au Président Paul Biya à aucune forme de rétribution comme préalable, exalte cette fraternité spirituelle qui dans la circonstance, ne peut s'exprimer qu'à l'intérieur du parti qui soutient le Président Paul Biya, à savoir le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc). Lequel incarne un moment historique de modernisation du parti créé par Moussa Yaya et Ahmadou Ahidjo, l'Union camerounaise (Uc) devenue l'Union nationale camerounaise (Unc). Non point, comme le soutient la fille de l'ancien Président, au travers de l'alchimie de «l'union gouvernementale».

L'engagement d'Aminatou Ahidjo derrière le Président Biya, vient donc couler dans le béton de l'oubli et du pardon, toutes les pages sombres de l'histoire du Cameroun des 30 dernières années. Pages incontournables de l'histoire de tout pays qui vit et marche.




09/09/2013
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