Chief Milla Assouté : «Le président Biya a envoyé Jean Nkueté, le SG du RDPC, me contacter à Paris

Cameroun/Chief Milla Assouté : «Paul BIYA a envoyé Jean Nkueté, le SG du RDPC, me contacter à Paris"A tous ceux qui doutent encore de son poids politique, qui lui reprochent le fait de mener son combat politique depuis l'étranger au lieu d'aller sur place au Cameroun, Chief Milla Assouté apporte la preuve par quatre de sa crébilité sur l'échiquier politique du Cameroun avec sa rencontre avec l'envoyé spécial du président Paul Biya; une cour assidue que le pouvoir de Yaoundé lui fait  depuis quelques mois. Au moment où les rumeurs d'un remaniement ministériel iminent et le départ précipité du premier ministre Philémon Yang avec femme et enfants vers le Canada reviennent dans toutes les conversations, la main tendue du président Paul Biya à Chief Milla Assouté marque-t-il la réconciliation entre les deux hommes?  Dans la dernière partie de la longue interview qu'il accorde à Camer.be, ce dernier tente de brouiller les pistes , mais reste toujours très critique à l'endroit du régime en place.

Quelle est votre position sur l’homosexualité ?

J’estime que les orientations sexuelles des gens relèvent de l’ordre de leur intimité tant qu’ils ne le font pas sur la voie publique ; ils le font dans des lieux clos où ils ne dérangent pas les autres et personne n’est sensé le savoir.La question se pose au Cameroun parce qu’on demande à légaliser l’homosexualité alors que jusque-là, elle est réprimée par loi.

Vous savez, tout ce que la loi interdit, suppose que la société l’a observé et que cela a existé au moins une fois, qu’on l’a vu et qu’on le redoute. Cette loi n’est pas de Paul Biya, mais date du temps de feu le président Ahidjo.Cela veut dire que la société a observé quelque chose de cette nature pour pouvoir l’interdire, parce qu’on ne pouvait pas interdire quelque chose dont on n’a pas connaissance.

En plus, cette pratique est contraire à nos us et coutumes….

C’est vrai qu’il y a des affirmations de cette nature. Je crois qu’il faut rester prudent de l’affirmer tout de go. Même si c’était dans nos mœurs de pratiquer l’homosexualité, tous ce qui est dans nos mœurs, est-il forcément  validé par la loi ? Dans les régions où les veuves dorment par terre  sur des feuilles des jours durant sans se laver à la mort du mari, cela est écrit où, légalisé dans quelle loi ? On doit le légaliser aussi  ou faut-il légaliser les us et coutumes qui font que le Lamido  peut  cracher dans les mains de ses serviteurs assis par terre le crâne nu?

Sur le plan traditionnel, je vais vous dire que dans certaines coutumes camerounaises, ce sont des tabous, mais ce sont des réalités qui ont existé et qui ont une signification pour les rituels magico-traditionnalistes pour les anciens. Dans certaines de ces coutumes, il y a des danses traditionnelles où les hommes s’enferment pour danser complètement nus entre eux…

Ces danses, appelées danse de la nudité, se retrouvaient dans certaines régions Sawa et ailleurs au Cameroun. Les noms sont connus de plusieurs traditions et insinuent sans l’avouer, des choses de ce type. Mais cela n’a rien à voir avec la libération libidinale, le plaisir sexuel…je ne pense pas que tous les membres de ces cercles mystiques tradi-pratiques anciens en étaient capables d’ailleurs…

Quel nom, par exemple ?

Dans les milieux des « Ngo’o » d’antan, chez les mbo’o ou les Mpo’-o Bassa par exemple, il y avait un terme peu utilisé de nos jours qui insinue beaucoup de choses et beaucoup de sous-entendus dans ces cercles fermés aux hommes. Quand ces hommes dansaient nus entre eux, la maison était hermétiquement closes, interdite aux femmes, et on y entrait totalement nu comme pour se laver à la rivière, même les petits trous étaient bouchés afin que personne ne voit ce qui se passe à l’intérieur.

La question est de savoir si lorsqu’ils dansaient nus, s’ils ne se touchaient pas pas même s’il n’ y a pas pénétration anale forcément ? Qu’y font-ils pour que celui qui n’ y va pas , n’a pas droit de savoir ce qui s’y passe ?

C’est peut-être un rite d’initiation, Chief  Milla Assouté…On ne sait pas ce que c’était ; donc c’est difficile à dire.

Je maintiens que l’homosexualité ne doit pas être  un sujet de préoccupation sociale car le Cameroun aujourd’hui a des problèmes plus urgents que celui des orientations sexuelles des gens.

Qui a légalisé l’hétérosexualité par une loi ? Si chez nous, il y a des gens qui veulent qu’on légalise leurs pratiques sexuelles anales, alors qu’ils se présentent au Peuple avec un visage, que l’on sache qui demande cela ! Des revendications sans visages ne peuvent pas donner lieu à une réglementation normative. Chacun est libre de mettre ce qu’il veut dans son anus dans sa chambre, le domicile privé étant inviolable, protégé par la Constitution, mais qu’on ne vienne pas nous dire de légaliser des choses dont on ne sait pas  les visages qui le revendiquent.

Si chief ! L’homosexualité et des autres pratiques qualifiées de « magico-anales » par Dr Ateba Yene ont pignon sur rue au Cameroun et servent de voies pour réussir dans la vie ……

Oui. Nos enfants et notre société devraient s’en inquiéter, ce d’autant plus que la famille nucléaire est la cellule de base de la société. L’inquiétude est légitime.Quand Ahidjo a fait interdire cette pratique au Cameroun par une loi toujours d’actualité, il y avait des raisons, elles sont encore valables.

La loi doit être respectée jusqu’à nouvel ordre.Ce n’est pas une question des mœurs comme certains le disent, c’est parce que notre société n’est ni prête à  accueillir ces pratiques sur son champ légal, ni ne doit donner à un phénomène utilisé comme ascenseur social de prendre corps pour ruiner la morale publique. Nous ne pouvons pas accorder de l’importance à la libido dans un pays qui a besoin de travailler, de progresser par le mérite et l’excellence.

Abordant  le volet politique, tout y passe

Au lendemain du rejet de votre candidature à la dernière élection présidentielle d’octobre 2011, vous avez créé  le CNL (Conseil National de résistance et de Libération) que l’on pourrait qualifier de branche armée de votre parti, le RDMC, même si vous avez pris la peine de démissionner de la présidence de ce parti. Vous vous êtes directement adressé à l’armée camerounaise en lui lançant un appel. Y a-t-elle répondu ou alors vouliez-vous que l’armée se comporte comme au Mali ou en Guinée ?

Je n’ai pas démissionné de la tête du RDMC. J’ai pris congé pour m’occuper du CNL et soyez en assurés, je m’en occupe. Chacun est libre d’en penser ce qu’il veut mais, mes camarades savent que je m’en occupe et que nous travaillons sur notre projet avec les moyens qui sont les nôtres.

En ce qui me concerne, c’est un message clair que j’ai lancé à l’armée camerounaise. Maintenant, certains me demanderont si l’armée a favorablement reçu ce message. Vous ne pensez pas tout de même que je vous répondrai  par oui ou par non à votre pertinente question !

Mais l’armée dans un pays et c’est même son devoir, je pense qu’elle le comprend ainsi,  lorsqu’un pays est dans la direction telle que celle  où va le nôtre, il est de son devoir d’intervenir avec un leader qui inspire confiance. Evidemment, pas pour qu’elle se mette au pouvoir, mais pour permettre un arrêt à la dérive dangereuse qui expose la nation.
Les chrétiens savent que Jésus, le fils même de Dieu selon la bible, a été raillé par les hommes qu’Il défendait du mal… Que ne dirait-on donc pas de nous qui  sommes de simples humains volontaristes sur qui on cracherait son venin de détresse, alors que nous parlons et construisons de libérer un pays qui en a besoin ?

Le temps est à la fois court et très long. Cela fait 32 ans que des organismes de résistance comme les nôtres naissent et s’organisent. Cela ne fait pas 32 ans que de plus en plus, des voix s’élèvent pour dire qu’il faut que Biya parte ou qu’il soit déposé ; moi je l’ai dit récemment. Ce ne sont pas de vains mots comme certains seraient tentés de nous railler. Toute proportion gardée, je pense qu’on devrait se dire que le Cameroun n’est plus un long fleuve tranquille.

Dans les circonstances actuelles, ce qui guette le Cameroun après Biya, c’est le chaos qu’il faut maîtriser. Nous ne sommes pas seuls à voir les choses de cette manière.


Ce qui s’est passé au Mali ou en Guinée est l’absence de préparation des conditions d’une alternance démocratique ; On me dira que ces conditions étaient remplies au Mali pour que l’armée intervienne. Mais regardez les motivations avancées au Mali. L’armée est partie d’une minuterie sur des questions propres à elle, par rapport au nord du pays occupé ; Elle estimait qu’elle n’avait pas suffisamment de moyens pour se défendre et cela s’est mué en une prise de pouvoir non préparée. En réalité, on a vu que c’était du désordre.

En Guinée, on n’était pas loin de là. Un homme qui a régné sur la Guinée un peu plus de 30 ans sans aucune préparation et qui s’en va grabataire sur le lit laissant le pays dans la nature, il était normal que quelqu’un surgisse de quelque part dans l’armée et qu’il crée le désordre.

Donc, c’est différent de la forme de préparation à laquelle j’appelle notre armée, c’est-à le CNL (Comité National de Libération), un pouvoir organisé et structuré autour d’un leader politique et des hommes politiques eux aussi organisés pour la reprise en main du pays et sa relance politique, économique et sociale. C’est la différence.

Il vous est  toujours reproché le fait de mener votre combat politique depuis l’étranger au lieu  d’être sur le terrain pour mesurer à la fois votre poids politique sur place et vous  confronter à la dure  réalité de l’opposition camerounaise face au régime en place. Que leur répondez-vous

Toutes les situations ne se valent pas. Dans ce que nous faisons, chacun a sa stratégie. D’abord, lorsqu’on le dit, on nous l’oppose en visant ceux qui ne sont pas sur le terrain, mais ceux qui  sont supposés y être n’ont pas plus de réussite que nous à ce que je sache. Ce qui veut dire qu’être sur le terrain ne peut pas être un avantage absolu, parce que s’il en était un, ceux qui sont sur le terrain auraient réussi quelque chose avant nous. Non?

Peut-être que c’est plus facile pour eux d’avoir des actions directes sur les populations ; tout le monde ne peut pas être sur le terrain parce que tout le monde n’entretient pas les mêles rapports avec le régime politique de Yaoundé. Lorsque vous êtes un véritable opposant au régime de Yaoundé et que vous pouvez lui porter un coup qu’il considère comme dangereux à sa survie, vous ne pouvez pas être sur le terrain et exercer sans mettre en danger le projet lui-même au-delà de votre vie. Maintenant, l’expérience des combats politiques a montré historiquement que Gandhi en Inde, Tabo Mbecki en Afrique du Sud, le Général De Gaule en France sont des personnages qui ont mené leurs combats politiques à partir de l’étranger.

De Gaule que les camerounais connaissent bien, est passé par Londres et par Brazzaville, entre autres ; Tabo Mbecki est passé par le Zimbabwé et Gandhi par Londres. Chez les africains, l’actuel président tchadien, Idriss Déby Itno ou le président Bozizé en RCA sont des exemples éloquents. D’autres exemples existent de par le monde. Je suis d’accord que c’est mieux d’être sur le terrain, mais lorsqu’il n’est pas possible d’y être, il ne faut pas jeter l’éponge, il faut bien s’organiser et c’est ce que nous faisons.

Même s’il est prématuré d’en parler, votre parti, le RDMC, prendra-t-il part aux prochaines élections législatives, municipales ?

Je ne crois plus à une élection au Cameroun, mais je respecte la souveraineté du parti à prendre part aux élections, si tel était son désir. Les militants sont souverains. Mais en tant que citoyen camerounais et dirigeant de ce parti, j’ai cessé de croire aux élections avec la présidentielle d’octobre 2011. Je l’ai fait savoir aux militants. Il y en a qui souhaite se rendre aux élections législatives ? Je leur dis oui, préparez-les ! Il faut déjà savoir si elles auront même lieu en 2013.

2013 dont on parle est à la fois très proche et très long politiquement ; très proche parce que le Cameroun est un cratère qui peut vomir des larves à tout moment où personne ne l’attend. On veut des élections transparentes. Mais on n’a toujours pas vidé l’affaire de ma mise à l’écart à l’élection présidentielle de 2011, il faut se le dire clairement. Je suis comme une teigne.

En ce qui me concerne, je ne pense pas qu’on soit suffisamment naïf à Yaoundé pour croire qu’un homme que l’on a écarté de la course présidentielle de façon scabreuse, dont on a arbitrairement confisqué la caution et bloqué le projet social qui se fait plagier soit allé se croiser les bras dans son lit ; Si on le pensait vraiment à Yaoundé, c’est qu’on est plus en politique. Je ne pense pas qu’ils le croient d’ailleurs.

Pourquoi pensez-vous que vous êtes pris au sérieux à Yaoundé alors que certains disent que vous n’êtes plus crédibles ?

Et je ne serais plus crédible aux yeux de qui ? De ceux qui nous financeraient, des hommes du CNL ou aux yeux des commentateurs de commentaires  sur l’Internet? Nous ne considérons que l’avis de ceux qui nous soutiennent. A Yaoundé, ils peuvent penser comme ils veulent de nous et nous ne pensons pas moins d’eux ! Paul BIYA a envoyé Jean Nkueté, le SG du RDPC, me contacter ici à Paris au début du mois d’Octobre 2012. Je l’ai vu avec plusieurs de mes camarades, si ça peut répondre à la question de crédibilité et de considération qu’on a de nous à Yaoundé et bien voilà, vous l’avez…

Et que vous êtes-vous dit  avec le Vice PM  Jean NKUETE?

Je n’ai aucun commentaire à faire  pour le moment à cette interview, mais sachez que Paul BIYA  a demandé à Nkueté Jean de me voir et souhaite l’arrêt des hostilités belligérantes et l’ouverture des discussions politiques avec le RDMC. La France où je vis en exil politique est au courant. Il m’a vu à Paris et nous avons parlé très clairement, les points sont mis sur les i. Nous avons promis de répondre ultérieurement à la démarche entreprise et nous y réfléchirons.

Vous parliez toute à l’heure de larves sociales ; pouvez-vous être plus précis ?

Il faut déjà dire que les lois qui permettent aux partis politiques ne sont pas consensuelles. Les gens continuent à mettre en cause la crédibilité de l’Elecam ; la répression des leaders politiques ; l’exclusion politique arbitraire, de même que leur  exil à l’étranger sont des Vademecum de sortie de larves. Lorsque les partis politiques sont exclus arbitrairement des commissions de supervision ; lorsque les partis politiques ne participent pas à la structuration des mécanismes d’inscription sur des listes électorales, évidemment que ce sont des possibilités de coulée de larves.

Pour éviter la coulée de larves, le président Biya opte donc pour une politique de la main tendue ?

Je venais de vous dire qu’il l’a fait  en envoyant Jean Nkueté, le SG du RDPC nous voir. Nous étudions sa démarche et nous lui avons envoyé un message clair par le même canal. Je lui ai dit que je ne pense pas que le président Biya soit capable avec sincérité, d’une telle élévation d’esprit. En politique, chaque fois qu’un dirigeant politique au pouvoir et qui entend y mourir prend une initiative, celle-ci n’est jamais neutre ; ce n’est pas pour qu’on vienne le déboulonner. Voilà pourquoi il faut y réfléchir avec les cadres du parti qui ont assisté à la rencontre et même ceux qui n’ont pas pu y être.

Qui était avec vous ?

Rire. Vous voulez tout savoir en un jour ? Tenez donc,  Il y a avait les membres du RDMC bien trié, notamment, le  SGA du RDMC, Mr. René Guy NYAM, Me Guy Tassé, Blaise Marouop, Kakmeni François Xavier, Me Noumo Florence, Léonard Messi. Certains qui y étaient conviés comme Dr Théodore Mbounkap, Me Tenesso, Gisèle Ekobé, Dr Mbel Célestin, Fopossi Justin, Daniel Nkoa… n’ont pu arriver à cause de mon emploi de temps qui a justifié un court timing de cette rencontre et des distances pour d’autres. Certains de nos camarades du pays, le Vice-président du RDMC, Dr Siméon Kuissu et le secrétaire général du RDMC Dreck Dzeka Tangwa en étaient informés pour avis. Quoi d’autre voulez-vous savoir ?

« On disait de Bagbo qu’il est un boulanger, mais Biya est un super boulanger »

En revanche, le  président Biya vous tendra la main parce qu’il veut vous rouler dans la farine. On disait de Bagbo qu’il est un boulanger, mais Biya est un super boulanger. L’intérêt supérieur pour le président Biya, c’est de rester au pouvoir et tant qu’il y est, il serait prêt à tendre la main même au diable. Or le problème du Cameroun est que Biya ne peut plus rien apporter au peuple camerounais parce que c’est ainsi. Après 32 ans au pouvoir et à presque 80 ans, il est en fin de course, il doit passer la main, de préférence en paix s’il veut éviter une honteuse fuite.

Est-ce que Biya peut convoquer l’ensemble de la classe politique pour réfléchir sur le Cameroun, sur les moyens d’une alternance rapide, parce qu’on ne doit pas parler d’alternance pour remettre les choses en 2018 comme ce fut le cas avec la limitation des mandats présidentiels en 1996. Pour rappel, on avait limité le nombre de mandat présidentiel à 2 parce qu’on espérait sortir par une alternance sérieuse, malheureusement tout le monde  a été roulé dans la farine.

Aujourd’hui, s’il appelait les gens autour d’une table, ce serait pour organiser la même chose. Biya n’étant pas capable d’une telle élévation d’esprit, j’estime qu’il faille mettre un arrêt. La seule chose à laquelle je l’aurai invité à faire, c’est de dire que l’élection présidentielle  a été contestée , truquée et n’offre aucune garantie de stabilité au Cameroun, par conséquent, qu’il rassemble tout le monde et qu’il réorganise les élections consensuelles en 2013. Autrement dit, le Cameroun est un volcan.

« Le président Biya est un naufragé volontaire »

Manquer d’élévation d’esprit probablement! Et s’il était lui-même prisonnier de son propre système ?

En 2002 j’avais aussi pensé qu’il était un otage d’un système, c’est pourquoi nous avons créé un courant des modernistes au sein du RDPC pour l’en sortir. Il m’a d’ailleurs fait dire qu’il n’a jamais lui-même contesté cette option de ma part. Ce qui m’étonne. Il était silencieux quand on me pilonnait au sein du RDPC.

La question qu’il faut se poser n’est pas celle de savoir s’il est prisonnier d’un système, mais celle de savoir ce qu’il fait pour sortir d’un système qui le prend en otage. Il est content de vivre dans le système qu’il a lui-même mis en place ; Donc le président Biya est un naufragé volontaire qui ne fait rien pour en sortir et même quand on crée des conditions pour qu’il s’en sorte, il s’y oppose.

Et s’il était alors dépassé par les évènements?

C’est donc la limite de la gestion du pouvoir ; il devrait dans ce cas rendre les gants. S’il est dépassé par les évènements, cela voudrait dire qu’il est arrivé à la limité de ses capacités. Machiavel appelle cela le carrefour difficile du prince : le choix entre ses adeptes, ses amis et la pression populaire pour la liberté. De plus en plus, la pression populaire pour la liberté s’exerce sur le président Biya et de l’autre côté, il a des amis qu’il a favorisé à voler ; ils se retrouvent en prison.

Quoiqu’il en soit, c’est un carrefour où aucun prince n’est sorti vivant parce que, et c’est ce que vous appelez prendre en otage :les amis ne seront pas contents parce qu’il les met en prison, ils vont le déposer ; le peuple ne sera pas content qu’il ne mette pas ses amis en prison et il va le déposer. Biya cherche le juste milieu, or il n’en existe pas entre les deux. Il veut donner l’impression au peuple qu’il peut sanctionner ses amis ; il en met quelques-uns en prison, au choix des plus dangereux sans doute.

Mais le peuple qui ne satisfera jamais du demi-résultat va continuer à lui en montrer d’autres. On lui montre déjà son fils en ce moment ; après on va lui montrer sa femme ; ensuite on va lui montrer son neveu ; après on va  le montrer lui-même. Et comme il ne peut pas aller au bout de la logique de l’épuration de ses amis, de sa famille, il croit qu’il peut trouver le juste milieu qui n’existe pas parce que, lorsqu’il aura donné son enfant, son neveu et sa femme, le peuple va lui dire : et vous-même monsieur le président, est ce que vous êtes propre. C’est cela peuple.

Que pensez-vous du scandale qui accable son fils dans les journaux ?

Je pense que son fils s’est laissé entraîner dans une cavalerie financière, dolosive, népotique, sur le dos du contribuable. Je reviendrai sur ce sujet ultérieurement par un billet que je commettrai pour répondre à Fame Ndongo et autres adeptes du vaudou financiers. Je suis un spécialiste du commerce international, j’ai fait le contrôle de gestion et je manipule les instruments financiers tous les jours.


La RWA( Willing Ready and Able letter) délivrée par Mr Alamine Ousmane Mey alors DG de Afriland First Bank a blanchi le dol organisé par Camtel, CAA et le ministère des finances. Je l’expliquerai simplement dans un langage accessible à tous.

Est-ce qu’on est propre en politique Chief Milla Assouté ?

C’est justement cela. Tout homme politique est susceptible de prendre des décisions d’intérêt général parfois pas propres. Lorsque ce n’est pas dans son propre intérêt, ce type d’impropre en politique est inévitable.

Donc Chief Milla Assouté n’est pas un homme propre ?

Je ne gère rien.Je n’ai jamais rien géré ni volé à personne. Si quelqu’un pense le contraire qu’il me poursuive en justice. On me jugera lorsque je gérerai quelque chose.

Est-ce à dire qu’une fois à la magistrature suprême, vous n’aurez plus les mains propres ?

D’emblée oui, mais cela dépendra dans quel intérêt. Si on n’a pas les mains propres dans l’intérêt du peuple, c’est-à-dire , si à un moment donné, pour des raisons d’Etat, vous êtes appelé à prendre un décision forte qui ferait que vos mains ne soient pas propres, cela fait partie de votre choix de métier. Mais si pour vos raisons personnelles, parce que vous avez envie d’avoir de l’argent sur votre compte privé, alors  vous avez les mains sales. Le peuple n’a pas la même appréciation de ces mains propres-là que lorsqu’elles ne sont pas propres parce que vous prenez des décisions pour le protéger.

Ne pas avoir les mains propres en politique veut dire que lorsque Bakassi est attaqué par exemple, vous êtes obligé d’acheter des armes et d’envoyer des militaires défendre cette partie du territoire national, donc d’avoir des morts sur la conscience. Je ne prétends pas que, en entrant en politique je vais avoir les mains propres, mais je ne vais pas aller me salir les mains pour m’enrichir personnellement contre le peuple qui misère. C’est un choix que quelqu’un peut faire.

En tout cas  autour de Biya, si lui-même ne l’a pas fait comme il prétend, je doute que tous ces gens qu’il arrête ne soient à l’exemple de celui qui les a créés puisqu’ils disent eux-mêmes être ses créatures.

« Preuve qu’il manque de visibilité dans notre pays. »

Un commentaire sur les feuilles de route prescrites aux ministres?

C’est une autre preuve qu’il manque de visibilité dans notre pays. La feuille de route signifie qu’il (Biya) n’ a pas eu un programme au départ. Lorsqu’un président de la république demande aux ministres de faire eux-mêmes des feuilles de route, cela voudrait tout simplement dire qu’il les a nommés sans savoir pourquoi et qu’il leur demande à eux de dire ce qu’ils veulent faire. C’est un manque de vision et de visibilité.

La corruption s’est aggravée malgré tout ce qu’on veut nous faire croire qu’il y a la lutte contre la corruption ; Elecam reste un machin. La preuve de ce machin, c’est le report sine die des élections. IL y a une volonté permanente de roublardise. On parle de grands projets d’un Cameroun émergent en 2035, des terminologies farfelues qui contrastent avec la coulée des larves dont je parlais au début de cet entretien. L’eau manque partout y compris à la présidence, l’électricté pareil !


Pour tout dire, 2012 est une année triste au Cameroun : la misère, les inondations, le chômage qui stagne autour 54% chez les jeunes et 74% dans le monde rural, le sida qui accroit ; l’eau et l’électricité qui manquent. Plusieurs indices qui montrent que notre pays est à la rue.

Comment expliquez-vous le "refus" de Barack Obama de féliciter le président Biya pour sa réélection et l’activisme, dit-on, du président Biya à travers un cabinet de lobby  à assister à la cérémonie d’investiture du président américain en janvier 2013 ?

Je ne pense pas que le président Biya croit lui-même que le président Obama pourrait l’inviter à sa cérémonie d’investiture. Ce serait trop oser de sa part de le penser. Mais je sais que dans les habitudes des escrocs qui ponctionnent le budget de l’Etat, ils vont raconter au président Biya que quelque chose est possible. Ainsi se mettront-ils en mission et prendront de l’argent pour se le partager avec des lobbies... Mais en réalité, Biya devrait savoir lui-même que ce n’est pas possible qu’Obama l’invite.

La réélection de Barack Obama et la défaite de Nicolas Sarkozy ont-ils un impact sur le pouvoir politique de Yaoundé ?

Tous les dictateurs redoutent toujours l’après eux. Biya a ce souci-là. Il gère donc le temps en sachant que, s’il ne se passe rien, ceux qui le menacent sont dans le système tel qu’ils ne peuvent pas rester trop longtemps.
Le départ de Nicolas Sarkozy est une victoire pour lui ; mais l’arrivée de Hollande n’est pas une joie non plus hélas ! il en  espérait de même avec Obama. Maintenant, il est sûr que dans 4 ans Obama ne sera plus président des États-Unis. Or lui, s’il ne lui arrive rien, dans 4 ans il sera toujours président de la république du Cameroun. Il aura donc évité deux adversaires importants et s’il a la santé, il peut se réarmer moralement  pour 2018. Voilà son plan qui ne marchera pas j’en suis convaincu…laissons parler le temps.

Seriez-vous vous-même à la cérémonie d’investiture du président américain ?

A vrai dire, je n’ai pas fait de démarche pour m’y rendre ; mais je sais que si je les avais faites, je serais le bienvenu. D’ailleurs, j’ai reçu un mail d’une amie, Dr Ingam Sharon, elle est souvent dans l’organisation de ces affaires des black avec la maison blanche et le département d’Etat, qui me demande de l’appeler pour y aller.

Je suis certain que c’est pour savoir si je serais intéressé pour m’y rendre. Mais comme je le soulignais au début de cet entretien, j’ai un calendrier que je ne maîtrise pas et je n’ai pas envie de me mettre dans une situation pas agréable. Ma nouvelle option de bataille ne permet aucun télescopage de calendrier.
 

© camer.be : issa-behalal


17/12/2012
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