Charles Ateba Eyene: «J'ai eu une vision... Je suis candidat au Sénat»

Yaoundé, 22 Novembre 2012
© Emmanuel BIKOE (La Voix du Sud - 22/11/2 | Correspondance

Dans une interview exclusive accordée à votre journal, le Dr Charles Ateba Eyene parle de sa candidature au Sénat, de son dernier ouvrage dénonçant les pratiques mafieuses et maléfiques pour l'émergence, du Sud et de sa vision du Rdpc, 30 ans après le Renouveau.


Charles Ateba Eyene
Photo: © Archives


La Voix du Sud: Dr Charles ATEBA EYENE, nous nous réjouissons du fait que vous nous accordiez cette interview au lendemain de la célébration des 30 ans du Renouveau. Pouvons-nous avoir vos impressions à ce sujet?

Charles ATEBA EYENE: Le renouveau c'est le projet de société que le président BIYA propose à ses compatriotes dès son accession à la magistrature suprême en 1982. 30 ans après, on peut tout simplement se réjouir qu'on en parle toujours... (rire). Dans les faits, la rigueur, la moralisation, l'équité, la justice sociale. Le respect du mérite et de la compétence n'ont pas grand impact dans le vécu des Camerounais. C'est la triste vérité à relever.


LVS: D'après vous, qu'est ce qui favorise ce sombre tableau?

ATEBA EYENE: Le projet de société a été détourné par des méchants loups qui encerclent le président. Leur démarche a été de dévoyer toutes les bonnes tuteurions présidentielles. A preuve, le livre du président «pour le libéralisme communautaire» a été caché. Pourtant, tout le projet social du président BIYA s'y trouve. Entre temps, le même livre a été traduit dans plusieurs langues et les autres tirent profit des idées lumineuses du président camerounais ailleurs.


LVS: en tant que nouveau membre de son comité central, comment entrevoyez vous l'avenir de votre parti d'ici 2018?

J'ai été désigné par le président BIYA comme membre suppléant du comité central du RDPC après 22 ans de militantisme actif et engagé. La seule contrepartie à lui apporter c'est la vérité. René Emmanuel SADI a œuvré pour un RDPC sérieux et discipliné. A son arrivée, le parti était presque dans le caniveau. Le président national a lui-même parlé à l'époque de parti «d'états majors». SADI a remis le parti sur les rails. Après son départ, plusieurs indices montrent que la courbe n'est pas ascendante. Par exemple, lors de la fête des 30 ans du renouveau, il y a eu des dérapages dans plusieurs localités du fait de la logique des mafias et des réseaux. Si on persiste dans cette direction j'ai peur que l'appareil s'en lise je le dis du fond du cœur. Les cas du Nkam à Yabassi, de Garoua ou du Dja et Lobo ont défrayé la chronique. Je précise aussi que les loges, notamment la franc-maçonnerie et la rose-croix font irruption dans le parti.


LVS: Parlant justement de l'alternance en 2018, vous prônez dans le cadre de vos actions dans la société civile le MODERAC. Quelles en sont les missions exactes?

ATEBA EYENE: Le MODERAC (le Mouvement pour la Défense de la République et le Contrôle de l'Alternance au Cameroun en 2018) est un mouvement d'éveil républicain. Le cap de 2011 avait déjà été tracé par les assoiffés du pouvoir doublés de banditisme à col blanc comme étant celui où ces derniers devaient faire main basse sur le pays. Leur calcul a raté. En 2018, il faut que le peuple soit plus que jamais vigilant afin d'éviter toute surprise. La surprise serait que les forces de l'argent, des sectes ou des loges fassent irruption à la tête du pays. Un tel scénario va conduire au chaos. Pour le MODERAC, il faut que le peuple contrôle tout mouvement à la tête de l'Etat en cas d'Alternance. Il faut pour une fois que la base joue un rôle déterminant dans le choix du troisième président du Cameroun. Le combat me semble légitime. Je suis certain que le 3ème président de ce pays n'aura pas la chance de Biya.


LVS: Monsieur ATEBA EYENE, les camerounais vous connaissent par ailleurs comme un écrivain prolifique et vous venez de commettre un ouvrage qui dénonce très fortement les sectes, le magico-anal et autres pratiques maléfiques au Cameroun pour émerger. Pouvez-vous brièvement décrire à nos lecteurs cette situation?

ATEBA EYENE: Le grand paradoxe du pays est que nous avons des richesses mais nous ne sommes pas riches et nous ne décollons pas depuis près de 20 ans, nous n'arrivons pas à atteindre 4% de taux de croissance. Tout cela parce que le pays s'est ouvert aux loges, aux sectes et aux pratiques magico-anales. Or, la Bible prévient que Dieu ne peut aider un peuple qui choisit un tel chemin. La médiocrité gère la cité au fallacieux prétexte qu'il faut être dans les loges pour être vu et avoir un poste. Tout se passe comme dans la mafia. Il faut être dans les réseaux pour être nommé ou gagner un marché. Même dans les Facultés, les jeunes sont harcelés par les gourous. La plupart des assassinats sont rituels. Les dirigeants écrivent même déjà des ouvrages pour célébrer les séances ésotériques destinées à boire du sang frais. La mentalité magique se repent de partout. Le mérite et la compétence sont tournés en bourrique. On célèbre les médiocres et les tonneaux vides. Dans un tel environnement, les succès deviennent suspects. Tout cela est révoltant.


LVS: D'aucuns vous qualifient de pas bien placé pour en parler, de mal renseigné et même de profiteur du régime. Qu'en dites-vous?

ATEBA EYENE: Je laisse à chacun la liberté de dire ce qu'il veut. Les gens des loges au Cameroun sont des bluffeurs et des imposteurs. La majorité est entrée dans les loges pour l'argent et le pouvoir. C'est la raison pour laquelle nos loges ne produisent pas de lumière. Ce qui est curieux c'est que ceux qui ne comprennent pas les choses simples disent pouvoir comprendre les choses complexes et compliquées. C'est de la mythomanie, de l'imposture. Il y a une grande différence entre les enseignements des grands maîtres occidentaux et les valets que l'on trouve sous les tropiques; Ceux qui pensent être des maçons ici ou des rosicruciens sont au service des occidentaux. Leurs cerveaux ont été conquis et ne peuvent plus travailler pour leur propre profit. Ils ne séduisent personne et ne sont capables de rien. C'est ça qui est la vérité ce sont de vrais tricheurs. A ceux qui disant que je suis un profiteur du régime, je les trouve mentalement enclavés et peu cultivés. Pour profiter d'un régime; il faut avoir une fonction de pouvoir, gagner des marchés, aller en mission, avoir des véhicules de service.

Or, en dehors de mon salaire de fonctionnaire, je ne vis que de mes écrits. Comme Pierre Bourdieu, je crois que le savoir est un pouvoir. La nouvelle économie c'est l'économie des savoirs et de l'intelligence. Je fais dans l'industrie des idées et cela me fait vivre. Je suis parmi ceux qui pensent qu'on peut être quelque chose ou quelqu'un sans décret. Aujourd'hui, je n'ai pas faim et personne ne me tient. Ce n'est pas donné à n'importe qui de relever un tel défi dans un contexte comme le nôtre. J'ai été recruté comme enseignement permanent à l'Université de Yaoundé II. Il faut certaines capacités intrinsèques pour s'y retrouver. Certains aînés bienveillants n'ont pu soutenir la candidature que parce qu'il y avait un fonds de crédibilité. J'en suis fier dans la mesure où je vais ainsi apporter ma modeste contribution dans la formation de l'élite camerounaise de demain.


LVS: Cet ouvrage fortement remis en cause par des membres du gouvernement et même certains leaders d'opinion a été interdit de vente par les juridictions camerounaises. Comment vivez-vous cette décision de justice?

ATEABA EYENE: A trois mois seulement de sa parution, mon ouvrage est déjà un best-seller. Il faut que je vous rappelle que ce sont les livres les plus interdits qui sont les plus lus. Votre appréciation contraste avec l'effet que fait mon livre sur le terrain. Déjà dans la partie septentrionale du pays, le livre est réclamé. Les lamidos veulent le traduire dans les langues locales comme le foufouldé. Cela signifie que ma littérature fait dans le réel. Et c'est ça le plus grand mérite. Tout le reste n'est que procès en sorcellerie. Suis-je peut-être un hibou, mais le hibou n'est pas sorcier... Il dénonce tout simplement la sorcellerie.

L'acte de suspension de mon livre a été attaqué en rétractation par mes avocats. L'affaire est au tribunal. Tout porte à croire que le droit est de mon côté. Il est bon à savoir qu'avant cette publication, deux autres m'ont conduit au tribunal: «comment l'ancien Palais Présidentiel a été pillé» et «l'affaire Dikoum». J'ai gagné les deux procès. Selon Victor Hugo, un bon livre ne laisse personne dormir. Il semble que mon livre sur les loges, les sectes, les réseaux mafieux et les pratiques magico-anales fait perdre le sommeil à plus d'un en faisant prendre conscience à la majorité. Le principal enjeu est de ne pas donner l'impression que ceux qui réussissent du fait de l'appartenance aux loges et aux cercles magiques sont les meilleurs. Tous les vrais leaders d'opinion comme Monseigneur TONYE BAKOT archevêque de Yaoundé, Monseigneur Kléda archevêque de Douala, Tsala Essomba de va et raconte, Chantal Yologaza de Bethel m'ont adressé des félicitations. Des milliers de jeunes étudiants me disent merci. La diaspora se manifeste. Que chacun se pose la question de savoir, est-ce que ce que Ateba Eyene dit est vrai!


LVS: Justement à propos de best-seller, «Les paradoxes du pays organisateur...» Publié en 2008 en est un... Quatre ans après, qu'est ce qui a changé dans le Sud?

ATEBA EYENE: Beaucoup de choses ont changé Les travaux du port de Kribi ont commencé. Le comice d'Ebolowa a eu lieu. La construction du barrage de Menvé'elé a démarré, Mekin est imminent, les travaux de construction de l'hôpital de référence de Sangmélima avancent Les deux ponts jadis à une voie sur des rivières sur l'axe Mbalmayo - Sangmelima ont été refaits à deux voies. Tout n'est pas rose mais beaucoup a été fait et j'en suis fier. Que le Président Biya soit là demain ou pas, on verra qu'un fils du Sud a dirigé ce pays. Le paradoxe se normalise. L'histoire retiendra que j'ai eu de la vision et ce n'est pas donné à tout le monde. Ceux qui m'ont critiqué hier me félicitent aujourd'hui. Les populations du Sud profond me témoignent leur amitié et leur reconnaissance. Voilà pourquoi je me positionne déjà comme futur candidat au SENAT dans ma Région que j'aime et que je connais. La région du chef de l'Etat, Paul Biya est bien partie pour avoir un des plus jeunes sénateurs.


LVS: En voilà une surprise! Comment vous y prendrez-vous?

ATEBA EYENE: Je suis un homme politique éclairé. Je voudrais casser le mythe construit selon lequel le SENAT est une affaire de retraités et de vieillards. Cette posture ne cadre pas avec l'institution dans un contexte d'émergence. J'ai eu la chance de voir des Sénateurs aux USA. Certains étaient âgés de 40 ans. D'ailleurs c'est l'âge requis par nos lois pour être membre de l'auguste Chambre. Ma candidature est un symbole. Elle invite tous les jeunes du pays à se manifester comme candidats au SENAT et éviter que cette structure qui va bientôt voir le jour ne soit une autre chambre d'anciens combattants. Merci, d'avance au Président Biya pour une plus grande intégration des jeunes dans la gestion du pays. Ce n'est pas un hasard si l'âge pour être candidat au SENAT a été fixé à 40 ans. Ma candidature est plus que légitime et est fortement attendue par plusieurs ressortissants du Sud. Jeunes Camerounais, la balle est dans votre camp.

Emmanuel BIKOE (La Voix du Sud - 22/11/2012)



25/11/2012
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