Chantal Biya affiche une attitude inacceptable


Magnus Biaga:Camer.beDans son édition du lundi 17 septembre 2012, votre journal titrait à sa une : « Le bras de fer entre Paul et Chantal Biya ». Nous vous faisions comprendre alors que le couple présidentiel vit des moments difficiles, eu égard aux nombreux différends
qui les opposent. Et c’est toujours le cas. De prime abord, il n’y a rien d’anormal à ce que le président de la République, qui est avant tout un être humain, puisse vivre des moments scabreux au sein de son couple.

D’ailleurs, on parle souvent des vicissitudes de la vie qui n’épargnent personne, qui plus est lorsqu’on bat pavillon mariage. Toutefois, il convient de tirer la sonnette d’alarme lorsque certains comportements empruntent sans émotion ni
réflexion les voies de la dégénérescence et de la honte nationales.

C’est ce qu’il ressort de l’incident survenu à Mvomeka’a entre Paul et Chantal Biya le vendredi 05 octobre dernier, durant l’office religieux des obsèques du frère aîné du président de la République, Benoit Assam Mvondo.

En effet, la première dame du Cameroun qui était aux côtés de son mari, va avec emphase, repousser ce dernier qui essayait de lui tendre les mains pour recevoir « la paix du Christ » comme l’avait ordonné l’officiant du jour, Monseigneur Christophe
Zoa. Une pratique catholique qui consiste à serrer la main de son prochain pour lui témoigner son amour et son affection. Un revers en mondovision qui a surpris toute l’assistance.

Chantal Biya aurait même après coup décidé de quitter la salle, et ce n’est qu’après plusieurs minutes de tractations qu’elle aurait consenti à regagner à nouveau l’église.

Cela pousse à s’interroger à plus d’un titre. Que se passe-t-il en réalité au sein du couple présidentiel ? Qu’est-ce qui explique que sa colère soit toujours aussi aigue ? Encore plus maintenant qu’elle lui a publiquement jeté la souillure, qui
plus est à des obsèques, dans une église. A croire que même lorsqu’on va à la rencontre de Dieu, c’est avec la rancune tenace et le bon souci de ne point pardonner à ceux qui nous ont offensés. De toute évidence, si le président cède à ses desiderata ces jours-ci, les Camerounais sauront dès lors qui dans leur pays porte la culotte et qui détient le vrai pouvoir décisionnel.

Ce qui pourrait avoir de graves conséquences dans la marche du pays. Les promesses que Biya a faites à sa femme avant son retour, ne peuvent croiser les chemins de la réalisation pour le moment. Le remaniement ministériel qu’elle réclame et à la faveur duquel elle compte bien installer ses proches dans le navire gouvernemental, ce n’est plus pour tout de suite. Il est tout à fait hors de question pour Biya d’afficher aux yeux du monde sa faiblesse.

L’attitude de la première dame à Mvomeka’a aura tout simplement été rédhibitoire. Toutefois, cette pression d’un autre genre
expose non seulement son époux de président au feu de la critique, mais aussi et par ricochet, elle-même et ses enfants. Elle a ainsi jeté le discrédit sur sa personne, elle qui, bien qu’elle n’occupe pas de fonction officielle, jouit de l’intérêt que lui porte l’opinion publique. Parce qu’elle partage le lit et les confidences du président de la République, cela lui donne-t-il le droit de jeter aux orties l’honneur de celui qui préside aux destinées de 20 millions de Camerounais ? Nous ne le pensons pas.

Il faut qu’elle comprenne que son mari est le chef de l’Etat. Symboliquement et constitutionnellement, cela est lourd de sens. Cela signifie entre autres qu’il est la première personnalité de la République, qu’il est en principe l’homme le plus honoré et le plus craint de la Nation. De ce fait, que devrait penser le peuple tout entier lorsque c’est sa propre femme qui lui manque autant de respect ? Il faut que Chantal Biya comprenne que son mari est le chef des armées et qu’à ce titre, il est très indélicat de bafouer ainsi son autorité devant ses troupes. Cela est inconcevable.

Il faut que Chantal Biya sache qu’en tant qu’épouse du chef de l’Etat, elle est politiquement et « journalistiquement» intéressante, parce qu’elle fait partie de l’institution qu’est le président de la République. Il faut qu’elle comprenne que son caractère et son attitude peuvent déteindre sur l’image du président.

Faut-il rappeler à la première dame qu’un président de la République n’est pas un individu lambda qu’on peut se permettre
de ridiculiser publiquement tout en s’en sortant à bon compte, ce même si on est son épouse ? Faut-il lui rappeler qu’avant de lui appartenir, le chef de l’Etat appartient tout d’abord à tout le peuple camerounais et qu’en jetant de cette façon éhontée l’opprobre sur l’image du président c’est le Cameroun tout entier qu’elle salit aux yeux du monde ? Faut-il lui rappeler que nous sommes en Afrique et que chez nous autres bantous, le chef est respecté surtout lorsqu’il est en public ?
Cette attitude primitive de notre première dame qui est pourtant adulée par les Camerounais, a porté un sérieux coup à l’autorité de Paul Biya. A son âge, doit-il se retrouver à la fois entrain de livrer des batailles familiales en public tout en gérant les affaires du pays ? Veut-elle lui provoquer une crise cardiaque ?

Le plus inquiétant est que nous traversons une période charnière et délicate de notre histoire, et ces pressions familiales

peuvent le pousser à prendre des décisions inadéquates qui pourraient plonger le pays dans le chaos.

Même si nous ne sommes pas dans le secret des dieux, ce type de geste est tout simplement inacceptable et devrait être réprimandé avec la dernière énergie. Nous, observateurs de la scène politique reconnaissons que le temps de Paul Biya n’est pas le temps des autres, mais, il finit toujours par agir. Nous prions donc la première dame de masquer leurs problèmes, surtout lorsque son mari et elle se retrouvent dans un lieu public.

Bon nombre de couples traversent des crises encore plus graves, mais font des efforts pour ne laisser rien transparaître au dehors. On se souvient tous de Bill et Hillary Clinton qui, au plus fort de la crise que traversait leur couple durant l’affaire Monica Lewinski, avaient toujours fait bonne figure devant les cameras, ne serait-ce que pour sauver les apparences. Ce, alors même que tout le monde savait qu’ils étaient au bord de l’implosion. Dans le même ordre d’idées, on se souvient de l’affaire Dominique Strauss-Kahn et le soutien absolu dont il a bénéficié de la part de son épouse Anne Sinclair, alors que Dsk était empêtré dans une affaires de moeurs. Autrement dit, afficher publiquement la zizanie au sein du couple présidentiel laisse présumer que psychologiquement, le président est amorti, ce qui le rend même incapable de faire les bons choix pour son pays. Mais au moins, ce scandale sera venu fermer le caquet d’une certaine presse qui a voulu nous faire croire qu’entre Biya et sa femme tout allait pour le mieux. Enfin, le président Paul Biya devrait à son tour, faire preuve de fermeté. Il ne devrait pas se laisser vaincre car c’est lui l’élu du peuple, le garant des institutions, le chef de toutes les familles camerounaises. La première dame doit rester à sa place et laisser son président de mari exercer son pouvoir en toute lucidité et tranquillité.

© Emergence N° 117 du 15 au 21 Octobre 2012 : Magnus Biaga


24/10/2012
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