Ces hommes qui jurent de faire la peau à Iya Mohammed

Ces hommes qui jurent de faire la peau à Iya Mohammed

Cameroun : Ces hommes qui jurent de faire la peau à Iya MohammedIls sont anciens footballeurs, artistes musiciens, écrivains, acteurs de la société civile, journalistes ou encore membres des collectifs des supporters des Lions indomptables. Réunis au sein du comité de redressement du football camerounais ou non, ils militent pour le renouvellement des dirigeants de la Fédération camerounaise de football (Fécafoot). Gros plan sur ces hommes du Renouveau du football camerounais.

Roger Milla : Iya dégage !

On connait sa fougue et son franc parler ; son amour pour sa patrie et sa ferme volonté de voir le football camerounais émerger et sortir de la somnolence dans laquelle il est plongé depuis bientôt douze ans. C’est peut être pourquoi ses rapports avec Iya Mohammed n’ont jamais été à l’eau de rose ; même si l’ambassadeur itinérant tente quelques fois de tempérer en faisant croire qu’il n’a pas un problème particulier avec celui qui dirige l’instance faîtière du football camerounais depuis bientôt 14 ans.

«Ce que mes camarades et moi décrions c’est son entourage qui a fait de notre football ce qu’il est devenu aujourd’hui. Il a laissé faire et cautionné toute cette gabegie sans jamais frapper du poing sur la table. Toutes choses qui ont aujourd’hui une incidence désastreuse sur notre football », expliquait-il au Messager mardi 16 avril 2012. En fait, Milla et Iya c’est comme l’eau et le feu ; ils vivent du « je t’aime moi non plus » depuis des lustres. On se rappelle qu’il y a un an les deux hommes, conviés à une réunion à la Primature, se sont traités de tous les noms d’oiseaux, devant le Premier ministre, Philémon Yang et le ministre des Sports et de l’éducation physique (Minsep) de l’époque, Michel Zoah.

L’ambassadeur itinérant n’était pas passé par quatre chemins pour déclarer que le problème du football n’est pas le manque de moyens comme le prétendait Iya, mais l’incompétence de ses dirigeants, au demeurant corrompus. Avec le comité de redressement du football camerounais qu’il vient de mettre sur pied grâce au soutien de ses anciens coéquipiers, le meilleur joueur africain du siècle jure de mettre fin au règne sans partage de l’équipe dirigeante de la Fécafoot.

Emmanuel Mvé: le « dernier combat » du vieux Lion

C’est le capitaine charismatique des Lions indomptables cuvée 1972. Si depuis quatre ans, Emmanuel Mve a beaucoup plus fait parler de lui dans le règlement pacifique des guerres de leadership qui ont divisé le Kpakum au point d’être présenté comme chef de file de l’orthodoxie « canonienne », il reste l’une des figures de proue de la génération glorieuse de l’équipe nationale fanion. Suffisant donc pour expliquer son adhésion au comité créé pour redonner au football camerounais ses lettres de noblesse. Pour lui, les raisons de cette déclaration de guerre à la Fécafoot sont loin d’être un acharnement.

De la dégringolade des Lions indomptables de la 9e à la 64e place dans le classement Fifa en passant par l’incapacité des clubs camerounais à remporter une coupe d’Afrique depuis plus de 30 ans auquel vient se greffer la gestion opaque et calamiteuse de notre football par des personnes sans foi ni loi au détriment des footballeurs locaux qui végètent dans une indigence chronique, la liste des indicateurs de l’état de notre football est sans appel. L’ancien capitaine des Lions qui dit aujourd’hui livrer son « dernier combat » souhaite, en plus du départ sans condition de Iya Mohammed, de la levée de sanction de Samuel Eto’o, Enoh Eyong et tous les joueurs bannis de l’équipe nationale puisque, s’indigne-t-il, « la mise à l’écart du quadruple ballon d’or africain est le point culminant de l’insolence des membres de la Fécafoot qui multiplient pourtant des scandales à répétition».

Louis-Marie Ondoa : la Fécafoot, une bêtise

Ses proches le présentent comme une tête de turc parce qu’il n’est pas du genre à se laisser marcher dessus et sait très bien exprimer son ras-le bol lorsqu’il en a l’occasion. Son nom et son attachement à ce comité de redressement n’ont donc pas surpris grand monde puisque la haine viscérale qu’il nourrit contre la gestion chaotique de Iya et ses collaborateurs est indescriptible. Ne s’était-il pas déjà inscrit en faux lorsqu’il avait démissionné de l’assemblée générale, pour se présenter contre l’homme fort de Tsinga en 2009 ?

Mais ses actions ont commencé et se sont terminées dans les médias, notamment sur ces plateaux où l’homme versait toute sa bile contre les locataires de la Tour de Tsinga. Avant de se rabattre sur le club qui l’a vu émerger : le Canon de Yaoundé. C’est, apprend-on, pour cette force de caractère qu’il a été porté à la tête de la direction générale du Kpakum l’an dernier. Avant sa nomination, cet ancien joueur des Mekok Me Ngonda était déjà cité dans toutes les querelles qui concernent le club des Mvog Mbi. Ses éternels désaccords avec Célestin Bombok, l’ancien directeur général, n’en finissaient plus. Cruyff comme on l’appelle affectueusement, croit dur comme fer que la fin de la gabegie, du népotisme, de la guerre des réseaux et de l’incompétence, sports dans lesquels les dirigeants de la Fécafoot s’illustrent depuis belle lurette a enfin sonné. Il faut s’appeler Dieu pour l’en dissuader.

Samuel : quand l’Eto’o se resserre sur Iya

Sa sortie médiatique le 21 décembre 2011 dernier avait jeté un pavé dans la mare des relations (tumultueuses) qui existent entre la Fécafoot et les Lions Indomptables. Face à Boney Philippe de Canal 2 et Martin Camus de Stv 2 d’alors, Samuel Eto’o avait tenu à expliquer aux Camerounais, les raisons qui ont conduit à la grève des Lions à Marrakech. Il avait juré la main sur le cœur que ses coéquipiers et lui n’ont jamais voulu créer un problème avec l’Algérie. « On a voulu attirer l’attention de nos dirigeants sur le fait que ça ne pouvait plus continuer comme cela. Il faut maintenant saisir cette occasion pour mettre de l’ordre et trouver des solutions aux problèmes du football camerounais », avait-t-il précisé. Même si aujourd’hui tous les membres du Comité de redressement du football camerounais balaient du revers de la main l’hypothèse selon laquelle le golédaor aurait financé cette campagne de dénigrement, le public camerounais n’est pas prêt d’oublier la sortie épistolaire du capitaine des Lions indomptables au mois de mai 2011. Le contenu de cette lettre de quatre pages était un véritable brûlot. Articulée en huit points, la lettre du « 9 » avec ampliation au ministère des Sports et de l’éducation physique (Minsep), dénonçait de façon générale l’improvisation, la mauvaise organisation et la gestion approximative de l’équipe nationale par la Fécafoot. Samuel Eto’o parlait alors d’une « organisation tatillonne » qui ne peut pas être efficace pour des joueurs professionnels qu’ils sont.

S’exprimant au nom de ses coéquipiers, il critiquait le staff administratif de la Fécafoot qui, selon lui, est incapable de faire face aux divergences de toutes sortes qui surviennent ces derniers temps hors et dans la tanière. Eto’o en voulait pour preuve, l’absence d’un calendrier susceptible de gérer les compétitions. Le quadruple ballon d’or, pour clore sa diatribe, invitait les responsables fédéraux à un peu plus de transparence. Sa suspension (huit mois) le 7 janvier 2012 par la chambre d’homologation et de discipline de la Fécafoot avait mis définitivement le feu aux poudres. La guerre entre le goléador et la Fécafoot a donc été officiellement déclaré.

Charles Atéba Eyene : que le football sorte du coma

Son dernier ouvrage intitulé « le mouvement sportif camerounais pris en otage par des braconniers » en dit long sur le combat qu’il mène et le camp qu’il a choisi. Membre du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc, au pouvoir), Charles Atéba Eyene mène à travers ce livre, une incursion dans un univers du ballon rond érigé en mafia, à l'origine des contreperformances de l'équipe nationale. S’appuyant sur une analyse historico-économique et politico-diplomatique du sport, il démontre comment ce Cameroun, qui, pendant des années s'est présenté comme une terre de foot, une terre de sport en Afrique s’est précipité dans le gouffre.

Sans concession, Atéba Eyene tance tous les dirigeants qui se sont succédés tant au Minsep qu’à la Fécafoot, englués dans une prévarication improbable. Ceux là même qu’il a surnommé les braconniers du football camerounais. Aujourd’hui membre actif du comité de redressement, il propose qu’« il faut recréer un nouvel environnement puisque les dirigeants sportifs camerounais, semblent ne pas savoir ce qu’ils ont à faire. Ils accèdent à des responsabilités en soudoyant les électeurs, créent des pôles de pouvoir qui bravent parfois même l’Etat, et quittent leurs fonctions sans se croire obligés de rendre compte. Il faut résoudre la question des infrastructures. On ne peut pas croire que le Cameroun ne dispose pas de stades capables d’accueillir une coupe d’Afrique des nations. Si personne n’y prend garde, la crise du sport que nous vivons actuellement peut déclencher une révolution sociale. »

Valsero : le micro dans la lucarne de la gabegie

On savait depuis la sortie de son premier album à succès intitulé « politiquement instable » qu’il est un rappeur engagé ; qui n’a pas besoin de gants pour dénoncer et décrier les tares de la société dans un Cameroun, où on a pris l’habitude de subir en silence par crainte de représailles ou de se taire contre de l’argent. Grâce à ce courage de guerrier, les jeunes en ont fait leur héros, leur porte étendard au point où aujourd’hui le rappeur à la voix rocailleuse et au regard acéré fait figure de météorite.

Malgré les intimidations et les censures que subissent ses morceaux et ses concerts régulièrement interdits par les autorités ou interrompus par la police, il continue le combat. Cette fois, Valsero a chaussé les crampons pour s’engager comme tous les autres membres du comité, à mener toutes les actions nécessaires, en toute responsabilité pour sensibiliser les décideurs de notre pays à la nécessité de prendre toutes les mesures salutaires au redressement du football camerounais. L’artiste a foi que sa critique constructive et salutaire participera au réveil du football camerounais aujourd’hui engouffré dans les profondeurs abyssales.

Alain George Betsi : la plume comme porte-voix

Enseignant de formation, historien dans l’âme, Alain Georges Betsi s’inscrit définitivement dans le cercle trop fermé des dépositaires du football camerounais dans sa phase historique. Marié et père de deux enfants, ce jeune camerounais d’environ 40 ans milite pour le changement de mentalité dans la gestion du football à travers le seul moyen d’expression qu’il possède : sa plume. L’ouvrage baptisé «Histoire controversée des fédérations de football au Cameroun. De l’arbitraire à l’esprit cupide : 1934-2000 » qu’il a commis en 2011 est un véritable testament pour la postérité ; surtout dans un camerounais où les archives sportives sont assez rares, et même inexistantes. Alain Georges Betsi s’est donné pour mission à travers cet ouvrage, de reconstituer l’histoire du football camerounais. Et de passer au peigne fin les années d’euphorie et de braise qui ont jalonné la gestion du sport roi au pays de Roger Milla.

La première partie du livre intitulée « Débuts difficiles du football au Cameroun 1923-1958 ». Elle est subdivisée en six chapitres : Les pionniers Sierra – Léonais ; La fameuse rencontre du 12 mars 1927 ; La coupe « les cigarettes nationales » en 1934 ; Naissance et évolution de la fédération athlétique du Cameroun (Fac) ; Juilliard et la Ligue de football du Cameroun et Le déshonneur des héritiers. De manière méthodique, Alain Georges Betsi conduit le lecteur dans les profondeurs de l’histoire du football Cameroun. Et pour ce faire, il remet chaque acteur à la place qui lui revient de droit. L’histoire a parlé.

La deuxième partie du livre baptisé « Les petits pas de la fédération camerounaise de football 1959-1992 » passe en revue certaines générations d’administrateurs. D’Amos Ngankou à Ibrahim Mbombo Njoya ; L’éphéméride à la Fécafoot ; De René Essomba à Zoa Amougou ; De Titti Gottlieb à Ntamark Yana Peter. D’Issa Hayatou à l’intérim de Nji Njikam Jean Brazza et D’Etotoke Epoune à Njikam Simon. La troisième et dernière partie enfin, ne compte que cinq chapitres. Malheureusement, « c’est cette histoire glorieuse du football camerounais que l’équipe à Iya Mohammed semble avoir oublié aujourd’hui », regrette l’auteur.

© Source : cameroonvoice.com


23/04/2012
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