Centre hospitalier d’Essos: Une jeune fille réclame son bébé

YAOUNDE - 10 FEV. 2012
© Claude Tadjon | Le Jour

Darlyse Etoile Nkolo a accouché le 4 février dernier et dit être sans nouvelle du nouveau-né depuis lors.

Le tee-shirt qu’elle porte est mouillé au niveau de son sein droit. Darlyse Etoile Nkolo, que nous avons rencontrée hier, ne peut pas allaiter le bébé à qui elle a donné la vie à l’hôpital de la Cnps à Yaoundé le 4 février dernier.

L’enfant, affirme-t-elle, est porté disparu dans la couveuse de cet hôpital. « Je veux qu’on me rende mon enfant », affirme-t-elle à plusieurs reprises.

Tout démarre le 4 février dernier, Darlyse Etoile Nkolo se rend dans un centre de santé au carrefour Pakita à Yaoundé, où elle a fait les examens prénataux. Ce jour-là, suite à des complications, elle est évacuée à l’hôpital de la Caisse nationale de prévoyance sociale, situé non loin de là, où elle a accouché.

Elle n’a rien oublié : « La sage femme a emballé mon bébé dans un drap. Je lui ai demandé le sexe, elle m’a répondu que ce n’est pas le moment de poser cette question. Elle l’a emporté au service de néonatalogie. Peu de temps après, elle est revenue sans le bébé et a terminé de me nettoyer. Je lui ai reposé la question sur le sexe de l’enfant. Après plusieurs relances, elle m’a répondu que j’ai accouché d’un garçon. J’ai ensuite été installée dans la chambre D4. »

Elle n’a pas pu revoir son bébé le jour de sa naissance, du fait du refus des infirmières qui prétextaient sa prise en charge dans la couveuse. Dès le lendemain matin (5 février), elle se pointe au service néonatalogie et se dirige vers la salle d’allaitement. Un infirmier lui demande l’objet de sa présence. « Je suis la mère du bébé Nkolo », dit-elle. L’infirmier l’oriente vers un endroit où se trouvent des bébés, en lui précisant de vérifier le nom marqué sur le bracelet accroché au bras du nouveau-né. « J’ai reconnu le drap blanc dans lequel mon bébé avait été emballé et le bracelet portait bien le nom Nkolo», dit-elle. « Quand je me suis assise avec mon bébé, le contemplant pour la première fois, poursuit-elle, l’infirmier est revenu me l’arracher des mains. Il l’a ramené dans la couveuse et m’a montré un autre bébé qu’il disait être le mien. »

Le lendemain matin, troisième jour de sa présence dans l’hôpital, elle n’a toujours pas la possibilité de voir son bébé : « On m’a dit qu’il est sous oxygène ». Lorsqu’on lui remet son carnet médical, elle a une surprise. Il est mentionné qu’elle a accouché d’une fille. Elle proteste, une infirmière lui conseille d’aller se plaindre à la salle D8. Ce que fait Darlyse Etoile Nkolo.


Couveuse

L’infirmier qu’elle rencontre sort une chemise où il est précisé qu’elle a accouché d’un enfant de sexe féminin. « Il a pris mon carnet, lorsqu’il est revenu, le sexe de l’enfant mentionné dans mon carnet avait été barré. On a écrit sexe féminin ».

Mardi 7 février, les infirmières l’empêchent toujours de voir le bébé. La seule information qu’on lui donne, c’est qu’il ne va pas bien. Darlyse appelle Sébastien Eya Meka, le père de l’enfant. Une ordonnance l’attend. « J’ai payé les examens et ramené les reçus au service néonatalogie. Les infirmières m’ont demandé d’aller chercher la maman. Dès que nous sommes revenus, sans ménagement, on nous a annoncé la mort du bébé », raconte le père. Il ajoute : « Nous sommes le 9 février [Ndlr hier], je n’ai toujours pas vu mon bébé. A l’hôpital, ils racontent que nous ne sommes pas connus là-bas. Regardez tous ces reçus de la caisse de l’hôpital, cette autorisation de sortie, cette note d’honoraires », clame Sébastien Eya Meka, agitant des documents qui portent des entêtes du Centre hospitalier d’Essos.

Où est le corps de l’enfant, au cas où il serait décédé ? Les parents disent ne rien savoir. Hier, le Jour a contacté le directeur de l’hôpital, le Pr Oben James Agbor, sur son téléphone portable. Il a affirmé qu’il n’est pas dans la ville et a regretté la mauvaise qualité de la communication avant de raccrocher. Les parents du bébé disparu ont constitué un avocat, Me Clément Ananga, pour porter plainte contre X, une plainte qui devait être déposée hier au parquet d’Ekounou, territorialement compétent. Motif de la plainte : enlèvement de mineur (e).




10/02/2012
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