Censure: Issa Tchiroma bâillonne la presse privée

DOUALA - 27 Mars 2012
© Joseph Flavien KANKEU | Le Messager

Lors de la communication gouvernementale donnée vendredi le 23 mars dernier, Issa Tchiroma Bakary a instruit ses collaborateurs de fermer la porte aux quotidiens privés, sans justifications valables.

Le ministre Issa Tchiroma Bakary a donné vendredi 23 mars dernier, une communication gouvernementale. Cet échange avec la presse a porté sur la position du gouvernement camerounais au sujet du coup de force perpétré au Mali mercredi (21 mars) au soir, et sur le projet d'exploitation du diamant à Mobilong. Mais une fois encore, cela a été l'occasion pour le ministre de la Communication d'exposer au grand jour son intension manifeste de museler la presse privée. Les quotidiens privés camerounais pour ne citer que ceux là, n'étaient pas invités à ce meeting. Les reporters de Le Jour, Mutations, La Nouvelle Expression ... n'ont par exemple pas été aperçus dans la salle. «Ne peuvent entrer que ceux qui ont été invités. Nous ne voulons pas que vous veniez troubler le ministre avec l'affaire Vanessa Tchatchou qui n'a rien à voir avec les sujets inscrits à l'ordre du jour. Tu ne vas voir ici ni Le Jour, ni Mutations, ni les autres organes de presse écrite privée», nous répond un homme d'âge mûr posté à l'entrée de la salle de conférence.

En lorgnant dans la pièce justement, on peut aisément se rendre compte que les médias audiovisuels sont fortement représentés. Pour prendre part à cette rencontre, le reporter du quotidien de la Rue des écoles a dû interpeller vivement le ministre lors de son entrée dans la salle. C'est après plusieurs secondes d'hésitations qu'il a donné son accord, par l'intermédiaire d'un de ses proches collaborateurs. Mais, les autres confrères n'ont malheureusement pas eu la même chance, car plusieurs n'avaient même pas été informés de la rencontre. «C'est un choix. Nous avons pensé que pour cette information, la bonne cible c'est la presse audiovisuelle et non la presse écrite. C'est pourquoi nous ne vous avons pas appelé. Vous pouviez regarder à la télévision et faire vos articles. L'autre problème c'est que lorsqu'on vous invite, les gens se présentent ici avec tous les noms d'oiseaux comme titre et amaigrissent les frais de liaison qui devraient permettre aux vrais journalistes de se mouvoir pour mieux travailler», justifie un proche collaborateur du ministre de la Communication qui préfère parler sous le sceau de l'anonymat.

Curieusement, les justifications sont divergentes d'un service à l'autre. «Il n'y a pas de problème. C'est parce que cette communication a été plusieurs fois reportée que finalement tous les médias n'ont as été conviés. Elle devait d'abord se tenir lundi, puis jeudi et finalement vendredi. Et même ce vendredi alors qu'on appelait déjà les journalistes, le ministre nous a dit qu'il va d'abord au Mont Fébé pour accompagner le ministre de la Santé publique dans un point de presse sur la tuberculose. Et finalement, on n'a plus appelé tous les journalistes», explique un responsable en service dans le même ministère. Il ne voit aucune mauvaise intention dans la mise à l'écart des journalistes de la presse écrite privée. Selon cette source, les journalistes doivent assainir leur milieu pour éviter les brebis galeuses. «Il y a vos collègues qui viennent parfois au nombre de trois ou quatre pour un même organe. D'autres fois encore, c'est un directeur de publication qui appelle pour nous dire qu'il n'a pas envoyé un reporter qui est déjà dans la salle et mandate un autre. Finalement, on ne se retrouve plus. Donc attendez-vous à ce que ce contrôle soit très régulièrement fait», annonce la même source.

De fil en aiguille, Issa Tchiroma est ainsi en train de mettre à l'écart la presse écrite privée. Les prémices de cette ségrégation ont été perçues vendredi 9 mars dernier, lors d'une autre communication gouvernementale au sujet de l'affaire du bébé volé. Issa Tchiroma avait alors violé la règle qu'il avait lui-même édictée, en refusant les questions des journalistes à l'issue de son propos liminaire.


28/03/2012
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