Celestin Djamen (sur la plainte contre Paul Biya): "Je suis menacé. Mais j'irai le plus loin possible dans cette affaire"

DOUALA - 01 DEC. 2010
© Jean François CHANNON | Le Messager

"... M. Tchiroma menace de me déchoir de ma nationalité, je lui souhaite bon vent en espérant qu'il est aussi camerounais que je le suis..."

BIEN MAL AQUIS: CELESTIN DJAMEN, L’AUTEUR DE LA PLAINTE CONTRE BIYA SE CONFIE AU MESSAGER

«Je suis menacé. Mais j'irai le plus loin possible dans cette affaire»


Il est l’auteur de la plainte contre Paul Biya qui a abouti à l’ouverture d’une enquête judiciaire pour biens mal acquis et qui a provoqué un tolé général au niveau du pouvoir à Yaoundé. De passage au Cameroun, le Messager l’a approché.



Celestin Djamen
Photo: © Archives
Quelle est votre réaction par rapport au communiqué du Pouvoir concernant la plainte déposée à Paris le 02 Novembre 2010?

Ma réponse est simple et tient en deux mots: la montée d'adrénaline et la fièvre qui caractérisent Monsieur Tchiroma et ses amis à l'heure actuelle ne sont que des soubresauts d'un régime aux abois et en fin de règne. S'ils étaient démocrates, ils auraient attendu au minimum que le juge en charge du dossier à Paris ait rendu ses conclusions. Au lieu de cela, on se livre en conjectures et en spectacle devant le peuple Camerounais. M. Tchiroma menace de me déchoir de ma nationalité, je lui souhaite bon vent en espérant qu'il est aussi camerounais que je le suis. Je trouve cela assez désolant pour l'image du gouvernement et de notre pays.


Pensez-vous que vous êtes en sécurité désormais au Cameroun en ce moment ?

Malheureusement non. Mais ma personne m'importe très peu, dès lors que c'est le Cameroun qui doit aller de l'avant. Je reconnais que je dois avoir un minimum de vigilance. Cela va de soi.

Je suis menacé au moins tous les 3 jours. La dernière en date émane tout droit d'un plateau de télévision ou un représentant du système m'a souhaité en direct, je le cite de «vivre de beaux jours au Cameroun» comprenne qui pourra !!! Mon assassinat éventuel qui semble se préparer selon ce que j'entends ici et là sera directement imputé à ce régime mais je n'ai peur de rien...

Par ailleurs je viens de recevoir ma toute première lettre de menace de mort ou je suis menacé à mots à peine couverts de mort, comme vous pouvez l'imaginer ; j'en suis fortement ravi. Cependant, je m'empresse de vous dire que ceci ne m'impressionne absolument pas. Je ne suis pas rentré chez moi au Cameroun pour me cacher ou pour me laisser submerger par la peur ou par des apprentis marabouts. Je suis si vous le voulez, prêt à donner ma vie pour mon pays si la situation l'impose.


Quelle est la réaction du Sdf votre parti ? Est que vous sentez soutenu ?

Vous suivez comme moi les infos, il ne me semble pas que mon parti ait officiellement réagi à cette affaire de « Biens mal acquis » et de la plainte. Mais je n'ai pas non plus à solliciter ou à susciter cette réaction. Je pense qu'il n'est pas trop tard. Le Sdf, en tout cas son staff dirigeant, sait ce qu'il a à faire. Moi j'ai agi strictement dans un cadre citoyen. Je souhaite que M. Tchiroma qui est Docteur en tout, mais finalement en rien me démontre comment le fait ou l'acte de porter plainte est un crime...


Jusqu'où la Justice française ira-t-elle dans cette affaire ?

J'espère qu'elle ira le plus loin possible et que la Justice de Papa ne l'emportera pas sur le Droit. Il est donc clair pour moi, nous attendons, s'agissant de ces biens présumés appartenir à M. Paul Biya ou à sa famille, que le Juge Français rende son verdict sur la seule base du Droit et nous lui faisons entièrement confiance. Si d'aventure ça se passait autrement, nous irons jusqu'à la Cour de Cassation, voire à la Cour Européenne de Strasbourg pour que la cause du peuple camerounais à travers l'acte que j'ai posé soit entendue.

Nous savons bien que l'une des retombées positives de ce procès, en espérant qu'il ait lieu, se fera au bénéfice de l'art. 66 de la Constitution du 16 janvier 1996. Je milite pour l'application immédiate de l'application de l'art. 66 de notre Loi fondamentale car sa non application est source de corruption en tout genre.

Pourquoi d'ailleurs pourquoi M. Biya ne veut-il pas déclarer ses biens comme l'exige la Constitution? Pourquoi n'y a-t-il pas, depuis 15 ans, de décret d'application pour cette loi ? Croyez-vous depuis quinze ans d'existence de cette loi que sa non application soit innocente ?


02/12/2010
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