Ce que coûtent les subventions dans la Lutte contre la vie chère

YAOUNDE - 18 JUILLET 2012
© MAKON ma PONDI | Cameroon Tribune

La visite depuis quelques jours dans le triangle national d’une équipe onusienne – avec à sa tête le Pr Olivier de Shutter – n’est pas de celles qui suscitent généralement un battage médiatique. L’objet du séjour du rapporteur spécial des Nations unies sur le droit à l’alimentation n’en est pas moins imposant.

Selon les propos de l’intéressé à travers ces mêmes colonnes (CT de mardi 17 juillet, p. 3), les nombreuses rencontres prévues dans son agenda avec les autorités gouvernementales et les organisations de la société civile devraient déboucher sur un rapport au gouvernement de notre pays. Ledit rapport devant passer en revue, non seulement l’insécurité alimentaire, « mais également la question du pouvoir d’achat des populations, le niveau des prix alimentaires pour les populations urbaines comme rurales ».

Brièvement décliné et en termes généraux, l’objet de la mission des fonctionnaires de l’Onu s’inscrit en droite ligne du souci constant, voire obstiné des pouvoirs publics en faveur d’une amélioration non moins soutenue des conditions de vie des populations, en particulier des couches les plus défavorisées. Et ce, à travers une lutte permanente contre la vie chère. En ville comme dans l’arrière-pays. A cet égard, l’on garde bien en mémoire ce propos, il y a quelques années, du président Paul Biya pour qui, tant qu’un seul de ses compatriotes aura faim dans le village le plus reculé du pays, à l’ouvrage il devrait se remettre avec encore plus d’ardeur. Plus qu’un programme, il s’agit d’un engagement fort au service des plus démunis. La solidarité nationale.

Ainsi qu’en témoigne à suffisance le faisceau d’actions conduites, ces dernières années, pour rendre la vie plus facile, plus supportable au plus grand nombre de nos concitoyens. On se rappelle les ordonnances présidentielles de 2006 qui visaient notamment à lutter contre la spéculation et à faire baisser les prix sur certaines denrées de première nécessité. Un soutien à la consommation en faveur des ménages qui s’exprimera de façon encore plus palpable et consistante encore en mars 2008. « Pour répondre, de l’avis du chef de l’Etat lui-même, aux revendications légitimes d’une bonne partie de notre population ».

Les mesures prises alors, on le sait, avaient porté sur une défiscalisation de nombreux produits alimentaires dont le poisson, le riz, le blé, la farine de froment, les huiles de table. L’objectif poursuivi étant d’augmenter l’offre de ces denrées sur le marché local. Le ciment n’était pas en reste. Parallèlement, il fut arrêté une revalorisation des salaires dans la Fonction publique dès avril de la même année. En même temps qu’une accélération des procédures d’intégration et de prise en charge des diplômés des grandes écoles de formation. Dans ce sillage, il sera procédé à un recrutement d’instituteurs vacataires. Un processus et une dynamique qui culmineront, il y a quelques mois, avec le recrutement de 25. 000 agents publics.

La mission de Shutter donne donc l’opportunité d’une précieuse et quasi incontournable évaluation du combat contre la vie chère et de la solidarité qui le sous-tend. Aux fins d’en mesurer les contours et les implications sur l’économie globale, sur les politiques menées jusqu’ici et à conduire dans l’optique d’impulser, à moyen et long termes une croissance forte susceptible de générer un développement durable et de qualité. Y a-t-il une alternative à la solidarité ainsi adoptée, ces dernières années ? Difficile de dire. Ce qui est clair, cependant, c’est que la solidarité à travers la lutte contre la vie chère, a un prix. Les faits laissant apparaître que la facture en est salée.

Car, en concédant une défiscalisation sur certains produits à l’importation, l’Etat renonce à de précieuses ressources en termes de recettes. De même, la revalorisation de la solde de base et de l’indemnité de logement des agents publics en 2008 s’est traduite par un alourdissement de la masse salariale de l’ordre de huit milliards de F par mois.

S’agissant des carburants, poste budgétivore, par excellence, le soutien cumulé de l’Etat aux prix à la consommation depuis 2008 avoisine le 1089 de milliards de F ! Soit plus de deux fois le coût d’un grand projet aussi lourd que le barrage de Memve’ele et quatre fois celui de Lom-Pangar… De toute façon, le soutien à la consommation des carburants est de loin l’effort le plus significatif et le plus coûteux.

CT jette un regard rétrospectif sur différents facettes d’une politique de solidarité multiforme dont l’impact sur la paix sociale est indéniable. Mais qui a montré de toute évidence des limites et considérablement réduit la marge de manœuvre du gouvernement en termes de projections sur la durée. La problématique majeure étant sans doute de se donner les moyens d’une véritable relance de l’économie, afin de produire davantage et mieux pour garantir des lendemains qui chantent pour tous. En d’autres termes, faut-il privilégier les besoins immédiats en se cantonnant à des mesures apaisantes et populistes, mais relativement improductives ? Ou au contraire, engager dès aujourd’hui des politiques audacieuses, douloureuses, mais cohérentes à la hauteur de nos aspirations ? En tout cas, le débat s’anime.


18/07/2012
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