Carte de presse, une fuite en avant du gouvernement.

 

Denis NKWEBO président du SNJC, un des leaders dans ce combat pour la liberté de la presse au Cameroun.

 Une réglementation par le petit bout

Par Rodrigue TCHOKOUHA

Déjà dans l’une de nos précédentes éditions, nous titrions à la grande Une : « Le Cameroun n’a-t-il pas la presse qu’il mérite ? ». C’est qu’à la vérité, tout le débat qui se fait aujourd’hui autour de la carte de presse est faussé dès la base. Nous disions en effet que bien qu’étant un élément important et nécessaire pour la réglementation de la profession de journaliste au Cameroun, nous disions que la carte devait intervenir à la fin, lorsqu’on aura posé tous les préalables et balisé le chemin dans la réglementation de la presse. Cela veut dire qu’il fallait commencer par faire un toilettage de la loi du 19 décembre 1990 sur la liberté de la communication sociale au Cameroun, en intégrant les résolutions et les recommandations des états généraux de la communication qui sont restées sans suite depuis plus de deux ans, faire application de la convention collective décidée entre les patrons et les travailleurs des médias, laquelle convention collective fait obligation aux patrons de bien payer les journalistes, de les faire travailler sous contrat, et de les affilier à la sécurité sociale. Or de tous ces textes, aucun n’est passé force de loi et le gouvernement a tôt fait de trouver une pirouette pour déboucher rapidement sur la carte de presse, une fuite en avant en somme. Avec la carte de presse, le gouvernement pense ainsi résoudre tout le problème de la presse au Cameroun, sans trop de difficultés. Mais c’est sans compter que le Cameroun est un pays bien plus complexe, et qu’il existe des intelligences capables de contester avec beaucoup de pertinence la mesure à vaut l’eau qui est ainsi prise.

Les problèmes de la presse au Cameroun sont connus et ont pour noms : fragilité des entreprises de presse, précarité des travailleurs de la presse, manque de couverture sociale, faible niveau de certains journalistes et manque d’éthique pour beaucoup, discrimination dans l’accès à l’information et aux grandes campagnes publicitaires, existence d’une presse à gage et d’une presse aux ordres. Sur ce dernier point, il n’est pas superflu de se rendre compte que la plupart des médias au Cameroun (télévisions, radios et presse), est l’émanation des personnes qui pour la plupart manque de sérieux et qui ne payent pas convenablement leurs employés. Le secteur de la presse est à l’image du secteur privé, qui ne se sent pas obligé de bien payer les travailleurs. Et comme les promoteurs de médias ne sont sérieux, conséquemment ils vont recruter des individus qui n’ont pas le niveau, pour leur donner des salaires minables. Conséquemment aussi, on retrouve dans la presse des individus clochardisés dans leurs organes, qui se retrouvent en train d’agresser les « cellcom » dans les séminaires, pour réclamer leur part de perdîmes. Ce sont ceux-là que les personnes aisées du milieu ont qualifié de journalistes du Hilton à Yaoundé ou de la rue Mermoz à Douala, des journaleux, dit-on dans certains milieux même incultes. Et même, quand on aura fini de toiletté le milieu de la presse pour y extirper ou expurger ces personnes qualifiées de malpropres de la presse, où les casera-t-on ? Puisque de toutes les manières il faudrait leur trouver une occupation. D’ailleurs, il a été constaté que bien de ces individus devenus par des circonstances journalistes, sont titulaires du baccalauréat de l’enseignement secondaire et même diplômés de l’enseignement supérieur. Si on les chasse du milieu de la presse, il faudra leur trouver du travail !

 

 

A notre humble avis, il faut commencer par réglementer sur l’accès à la profession : ou on est diplômé d’une école de journalisme ou on ne l’est pas. Ensuite, veiller sur la moralité des personnes qui créent les organes de presse, ceux qui ouvrent les radios et les télévisions. Ainsi, on pourra relever le niveau de la presse du moment où il n’y aura plus de clochards. Et même, pourquoi ce phénomène de perdîmes qu’il faut donner aux journalistes à la fin des séminaires et conférences ? C’est qu’on a le sentiment que les journalistes ne sont pas bien payés dans leurs différents organes. Que ceux qui critiquent les autres refusent eux-mêmes de prendre les enveloppes et les perdîmes.



30/11/2015
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