Carburant: Le gouvernement prépare l'opinion à une hausse des prix - Date probable de l'augmentation: Août 2012

YAOUNDE - 18 JUILLET 2012
© Ormer Mbadi Otabela | Repères

La CRTV mise à contribution à travers certaines émissions d'information. Date probable de l'augmentation: Août 2012

A sujet sensible, émission exceptionnelle. Mardi 17 juillet au soir, les téléspectateurs de la CRTV télé ont apprécié l'une des dernières sorties de Charles Ndongo sur la chaîne publique. Le directeur de l'information télé invitait les panélistes de «Par ici le débat» à plancher sur la «sou-tenabilité» de la subvention des carburants et la poursuite ou pas du gel des prix à la pompe depuis quatre années. Autre indice parmi d'autres de ce qu'il se trame quelque chose, la question a fait l'objet d'échanges, le dimanche de 15 juillet 2012, entre les invités du rendez-vous dominical.

«Scènes de presse», toujours sur la chaîne publique. «Depuis trois semaines, nous avons des rencontres sur le sujet, lâche un responsable dans l'une des rédactions de la chaîne publique. Il s'agit en fait de préparer les esprits à une éventuelle hausse des prix des carburants.»

Echaudé par les remous de février 2008, à la suite d'une augmentation des prix à la pompe sans une communication préalable, le gouvernement entend faire passer une pilule amère en douceur. D'autres programmes à la radio et à la télé seront mobilisés pour les besoins de la cause dans les jours à venir. Une échéance est même murmurée pour l'entrée en vigueur de la mesure : août 2012.

La circonspection est pourtant de mise au ministère des Finances (MINFI). «Ce serait tôt, sauf si la décision émane du haut (la présidence de la République, ndlr). Il est vrai que la mission du Sénégal a rendu sa copie. Mais la réflexion se poursuit», concède un cadre de ce département ministériel. En effet, Jean Tchoffo, secrétaire général du MINFI et président du Comité technique de suivi des programmes économiques (Cts), Ibrahim Talba Malla Oumate, directeur général de la Caisse de stabilisation des prix des hydrocarbures (CSPH), se sont rendus à Dakar il y a plus d'un mois pour s'imprégner de l'expérience sénégalaise en la matière. D'autres missions seraient en gestation.

Parallèlement, les pouvoirs publics ont tenté de rallier des responsables syndicaux du transport routier à leur cause. Le 18 mai 2012, les représentants de la société civile conviés au Djeuga Palace de Yaoundé rejettent l'étude de la Banque mondiale qui démontre l'injustice d'une subvention qui profite essentiellement aux plus riches. Ils y voient un subterfuge visant à les convaincre de la nécessité de réaménager les prix à la pompe.


«SUBVENTION CIBLÉE»

Les 14 et 15 juin 2012, après la mission de Dakar, un «atelier de réflexion sur l'atténuation des effets d’une suppression éventuelle de la subvention des prix des produits pétroliers à la pompe» se tient sous le patronage du MINFI et du ministère des Transports. Après les exposés de Boniface Ze, directeur technique de la CSPH, et de Jean Tchoffo, les échanges débouchent sur des préalables à la mise en œuvre de la «subvention ciblée » qu'entend adopter le gouvernement. Ces mesures sont d'ordre à la fois fiscal, douanier, administratif et infrastructurel. Les syndicats exigent, entre autres, l'exemption de la TVA pour le transporteur, la mise sur pied d'un guichet unique de paiement de tous les documents relatifs au transport, l'aménagement des lieux de stationnement et de repos sécurisés le long des axes routiers.

Pour les responsables syndicaux la coupe est loin d’être pleine. «L'atelier ne concernait que les transporteurs interurbains et les gros porteurs, soutient Jean Collins Ndefossokeng, l'un des organisateurs de la rencontre de Mvog-Ada. L'on doit faire la même chose à propos des taximan et des motos taximan. Car, dans la chaîne du transport, les intérêts ne sont pas les mêmes d'une catégorie à l'autre.» Le président du Syndicat national des employés du secteur des transports terrestres (Synester) se veut menaçant si une initiative similaire n'est pas prise en faveur des taximan et moto taximan. «Si la décision d'augmenter les prix du carburant est prise sans que leurs revendications ne soient débattues, nous déclencherons une grève», tonne Jean Collins Ndefossokeng qui a, à son actif, la distribution de tracts appelant à un mouvement de protestation l’année dernière, après une rumeur de hausse des prix des carburants.

Tout en fustigeant ses camarades syndicalistes qui, d'après lui, vont à la soupe des concertations avec les autorités, Patrice Samen, l'initiateur de la grève des transporteurs ayant conduit aux émeutes d'il y a quatre ans, se veut énigmatique sur la suite à cas d'évolution des prix à la pompe. «Nous sommes là ! S'ils prennent leur mesure, on verra comment cela va s'appliquer sur le terrain», s'énerve le président de la Fédération nationale des syndicats des chauffeurs professionnels du Cameroun (FNSCPC), qui revendique près de 25 000 taximen adhérents sur les 35 000 exerçant dans la capitale. «De plus, ajoute-t-il, ces négociations se déroulent en l'absence de nos camarades anglophones. Comment allez-vous faire pour appliquer la hausse des prix à Bamenda par exemple, alors que les gens ne sont pas préparés ?»

La campagne en cours sur la chaîne publique fournit en partie la réponse.


19/07/2012
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