Cameroun/Succession:Les dauphins présumés de Paul Biya font le mort

Cameroun/Succession:Les dauphins présumés de Paul Biya font le mortAvec l’interpellation le 16 avril 2012 de Marafa Hamidou Yaya, ancien ministre d’Etat en charge de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, les successeurs potentiels du chef de l’Etat au sein du Rdpc se font plus discrets, ce qui laisse la voie libre à Maurice Kamto et autres opposants.

Le dauphinat porte malheur

Dans son édition n° 2008 du 6 au 12 juillet 1999, l’hebdomadaire Jeune Afrique titre à la Une « Cameroun Qui gouverne ? » Et de mettre en exergue les photos de quatre personnalités autour de celle du président Paul Biya. Ce sont : - Peer Mafany Musonge, alors Premier ministre depuis le 19 septembre 1996. Il est originaire de la région du Sud-Ouest anglophone, département du Fako. Il est actuellement le Grand chancelier des Ordres nationaux. - Marafa Hamidou Yaya, alors secrétaire général de la présidence de la République depuis le 7 décembre 1997 avec rang de ministre d’Etat. C’est un Peulh originaire du département de la Bénoué, région du Nord. - Amadou Ali, alors ministre d’Etat en charge de la Défense depuis le 7 décembre 1997.

L’actuel vice-Premier ministre en charge des Relations avec les Assemblées est originaire du département du Mayo Sava, région de l’Extrême-Nord. - Edouard Akame Mfoumou, alors ministre d’Etat en charge de l’Economie et des Finances depuis le 19 septembre 1996. - De toutes ces personnalités, une seule, Amadou Ali reste encore en fonction comme vice-Premier ministre. Une longévité exceptionnelle pour cet homme de l’ethnie Bornouan ou Kanembou qui est entré au gouvernement en 1983 comme Délégué général à la gendarmerie nationale. Le dauphinat a porté malheur à deux de ces personnalités : Edouard Akame Mfoumou et plus récemment Marafa Hamidou Yaya.

Edouard Akame Mfoumou

Dans le dossier de trois pages 24 à 26 que Jeune Afrique consacre alors au Cameroun et s’agissant d’Edouard Akame Mfoumou, notre confrère dit ceci en page 26 :

« Ce Béti aux allures de Raminagrobis est sans doute celui dont on parle le plus, en bien et en mal. Celui à qui l’on promet le plus bel avenir, mais aussi la chute la plus spectaculaire. Côté pile : une excellence réputation auprès des bailleurs de fonds, une grande capacité de travail, une relation d’un quart de siècle avec Paul Biya, une habileté de chaque instant, un réseau d’influence extrêmement efficace.

Côté face : un ministre de tout et de partout, dont l’omnipotence confine au fantasme, un caractère cassant, des relations exécrables avec certains de ses collègues, une tendance présumée au népotisme (les « marchés » que s’est vu attribuer son entrepreneur de fils font jaser, à tort ou à raison, le Tout-Yaoundé) et un aspect sombre, caché, que cet homme pourtant affable semble cultiver à plaisir. A la mi-1997, de mystérieux tracts le présentaient, sous des traits flatteurs, comme le successeur de Biya. Il y a un mois, le cambriolage tout aussi étrange de son bureau, au cinquième étage d’un immeuble pourtant surveillé par une société de gardiennage appartenant à son propre fils, puis les menaces de mort dont il aurait été l’objet, ont défrayé la chronique.

Qu’il le veuille ou non, en dépit de ses dénégations, Edouard Akame Mfoumou promène avec lui un parfum sulfureux. La rançon de la réussite, disent ses amis. Celle de l’ambition, assurent ses ennemis, qui ne cachent pas la crainte que leur inspire celui qui est beaucoup plus que le grand argentier du Cameroun. Akame, dauphin de Biya ? L’héritier présumé balaie cette impudence d’un revers de la main. D’abord parce que cette question n’est absolument pas d’actualité – la prochaine élection présidentielle est prévue pour 2004, et il y a fort à parier que le titulaire du poste sollicitera alors un nouveau mandat de sept ans. Ensuite, parce que rien ne prouve que, dans un pays aussi régionalisé que celui-là, un Boulou puisse succéder à un autre Boulou… »

Jeune Afrique avait vu juste en disant :

« celui à qui l’on promet le plus bel avenir, mais aussi la chute la plus spectaculaire ».

 Edouard Akame Mfoumou a connu une chute spectaculaire le 27 avril 2001, date de sa sortie du gouvernement et remplacé à ce poste par un autre Boulou en la personne de Meva’a M’Eboutou. Depuis, il n’est plus revenu aux affaires même s’il reste membre du Comité central du Rdpc. Pourtant cet administrateur civil né en 1945 et formé l’Ecole nationale d’administration et de magistrature a connu son heure de gloire. Il fut si puissant que c’est lui qui faisait les gouvernements à la place de Paul Biya.

C’est son frère aîné, le magistrat Foumane Akame, actuellement conseiller juridique du chef de l’Etat au Palais d’Etoudi qui l’avait introduit auprès de Paul Biya. C’est avant tout un homme très intelligent qui sentant le vent tourner en sa défaveur à très vite pris les devants pour se dédouaner auprès de Paul Biya qu’il connaît très bien. Et dans une interview datant de cette époque, il avait déclaré qu’il rendait compte au président Biya de tous ses contacts et entretiens avec une certaine opposition qui l’avait choisi comme son candidat pour l’élection présidentielle de 2004.

De plus, il avait demandé à son fils de ne plus faire la concurrence à Franck Biya, le fils du chef de l’Etat dans quelque domaine que ce soit. En effet, son fils se posait en rival de Franck au sein de la jeune élite de la région du Sud, au point où il lui avait demandé de se faire plus discret dans les affaires. Ce fils qui avait été l’un des tout premiers Camerounais à ouvrir l’un des tout premiers cybercafés à l’avenue Kennedy, tout près de l’immeuble Shell avec des dizaines de postes.

Marafa Hamidou Yaya

Voici comment Jeune Afrique le dépeint en pages 26 et 27 de son dossier de juillet 1999 :

« 46 ans, secrétaire général de la présidence depuis dix-huit mois, est, de par sa fonction, l’homme clé du Palais d’Etoudi. Cet ingénieur pétrolier, formé à l’université du Kansas, est la douzième personnalité à occuper ce poste depuis l’accession au pouvoir de Biya, en octobre 1982. Réservé, peu loquace, travailleur acharné et secrètement passionné, ce Peul issu d’une grande famille de Garoua ne s’est pas laissé griser par l’étendue de ses pouvoirs, contrairement à quelques-uns de ses prédécesseurs.

Mais parce qu’il voit quotidiennement le président lorsque ce dernier est à Yaoundé, parce que tout ou presque atterrit sur son bureau, parce qu’il signe par délégation du chef, parce qu’il peut, en son nom, faire rectifier la copie de n’importe quel ministre et déclencher une commission d’enquête sur la gestion de n’importe quel directeur général, Marafa Hamidou Yaya inspire le respect. Et les réserves qui ne supportent guère de voir « ce petit Haoussa » rogner leurs frais de mission et raquer leurs commissions occultes. Si ses relations avec le Premier ministre et, surtout, avec le ministre de l’Economie et des Finances (Edouard Akame Mfoumou) sont parfois tendues, Marafa a des amis fidèles, de la même génération que lui : Mebara Atangana, le très prometteur ministre de l’Enseignement supérieur est de ceux-là, tout comme Roger Melingui (Budget) et les golden boys bamilékés que sont Juimo Monthé et Michel Fotso. Mais gare à ceux d’entre eux quoi ont failli à ses yeux : le patron de la Camair, Cyrille Etoundi, qu’il a vigoureusement soutenu, en sait quelque chose.

Depuis un mois, sa gestion est épluchée par une commission que dirige le jeune banquier Michel Fotso (le fils de Victor). Loyal serviteur de l’Etat et de son chef, Marafa Hamidou Yaya n’ignore pas qu’il occupe un poste trop stratégique, donc exposé, pour espérer s’y éterniser en cas de remaniement – sans cesse donné pour imminent, et sans cesse repoussé – le secrétaire général, qui est marié à une Douala dynamique, très active au sein de l’Association des femmes de personnalités qui entourent Chantal Biya, ne devrait guère chômer. On voit mal, en effet, comment le président pourrait se passer des services de celui qui est devenu la première figure politique du Nord, n’en déplaise à son adversaire de Garoua, Sadou Hayatou, auquel l’oppose une rivalité quasi familiale qui remonte à l’époque coloniale».

Si l’analyse de Jeune Afrique est pertinente, le journal de Béchir Ben Yahmed n’avait pas vu l’ambition politique du Jeune Turc qu’était alors Marafa Hamidou Yaya, une ambition politique qui l’a conduit tout droit en prison depuis le 16 avril 2012, d’abord à la prison centrale de Kondengui et ensuite à celle du secrétariat d’Etat à la défense (Sed) à Yaoundé.

A travers le dossier de Jeune Afrique, on comprend que l’amitié entre Yves-Michel Fotso, Jean-Marie Atangana Mebara et Marafa Hamidou Yaya ne date pas d’aujourd’hui et voilà que les trois hommes sont aujourd’hui en prison dans le cadre de l’affaire Albatros, Jean Marie Atangana Mebara ayant succédé à Marafa Hamidou Yaya au secrétariat général de la présidence de la République le 24 août 2002.

Et comme le disait Jeune Afrique, Marafa Hamidou Yaya n’avait pas chômé, car lors du remaniement du 24 août 2002, il devient ministre d’Etat en charge de l’Administration territoriale et de la Décentralisation qu’il va quitter lors du remaniement du 9 décembre 2011.

D’autres personnalités ont subi les foudres de Paul Biya chaque fois qu’elles ont lorgné le fauteuil de Paul Biya.

On peut citer pêle-mêle Pierre Désiré Engo, ancien ministre sous Ahidjo et Biya (il était ministre du tout premier gouvernement de Paul Biya du 6 novembre 1982 à l’Economie et au Plan) et ancien directeur général de la Caisse nationale de Prévoyance sociale. Il faisait de l’ombre au Rdpc dont il était membre du bureau politique avec son organisation non gouvernementale, la Fondation Paul Martin Samba. Peut être que Pierre Désiré Engo ne sortira pas de prison car le 22 novembre 2002, il a été condamné par le tribunal de grande Instance du Mfoundi avec d’autres coaccusés à 10 ans de prison ferme. Le 26 juin 2006, il a été condamné à 15 ans de prison ferme. Pourtant Pierre Désiré Engo disait à qui voulait l’entendre que Biya tant que sera aux affaires, au pouvoir, rien de fâcheux ne pourrait lui arriver.

Un autre prétendant, sans l’adoubement de Paul Biya, à son siège du palais d’Etoudi est le professeur Titus Edzoa à qui la mauvaise idée lui était venu de vouloir se présenter à la présidentielle d’octobre 1997. En effet, l’ex-Secrétaire général de la présidence de la République avait démissionné de son poste de ministre de la Santé publique le 20 avril 1997 pour se porter candidat à la présidentielle. Le 3 octobre 1997, le tribunal de Grande Instance du Mfoundi l’a condamné à 15 ans de prison sans oublier que pour l’empêcher de sortir de prison, d’autres affaires ont été exhumées en toute hâte des tiroirs et qui pourraient lui valoir une nouvelle condamnation.

Jean-Marie Atangana Mebara

Il fait partie de ces personnalités que Paul Biya soupçonnait de vouloir prendre son fauteuil. Et comme chez le chef de l’Etat soupçon vaut preuve, l’ancien Secrétaire généralde la présidence de la République et ancien ministre des Relations extérieures paie lui aussi pour sa supposée ambition présidentielle. Trouver un motif pour l’arrêter en août 2008 n’était pas chose difficile. Et le motif, était vite trouvé : l’affaire BB J-2 2. Décidément le poste de Secrétaire général de la présidence de la République ne porte pas bonheur mais surtout il aiguise les ambitions présidentielles.

Les dauphins se font discrets depuis quelque temps

Ayant constaté que être ministre de Paul Biya, haut responsable de la République, directeur général de société d’Etat et lorgner le fauteuil présidentiel ne font pas bon ménage, la plupart des personnalités se font plus discrètes bien avant même l’arrestation de Marafa Hamidou Yaya et l’ancien Premier ministre Ephraim Inoni. Ils ont enfin compris que tant que Biya est là, il vaut mieux faire le simple, l’idiot, le mort pour ne pas s’attirer les foudres du locataire du palais d’Etoudi.

Il vaut mieux s’effacer pour avoir la vie sauve. C’est ce que Amadou Ali a très tôt compris en ne laissant rien transparaître de ses ambitions politiques. Ce que les Titus Edzoa, Jean Marie Atangana Mebara, Marafa Hamidou Yaya et autres n’ont pas compris. Les supposés ou prétendus dauphins du chef de l’Etat ont enfin compris qu’il vaut mieux ne pas parler ouvertement de la succession du patron ou adopter des attitudes soupçonneuses.

René Emmanuel Sadi

Depuis qu’il n’est plus secrétaire général du Comité central du Rdpc au pouvoir, il peut enfin respirer, dormir un peu, même comme beaucoup de gens, surtout ceux du Grand Nord soupçonnent Paul Biya de le préparer à sa succession compte tenu des postes occupés. L’originaire du Mbam et Kim a été conseiller diplomatique du chef de l’Etat, secrétaire général adjoint à la présidence de la République, ministre chargé de mission à la présidence de la République, secrétaire général du Comité central du Rdpc et depuis le 9 décembre 2011, ministre en charge de l’Administration territoriale et de la Décentralisation. Des postes occupés qui sont autant d’atouts pour succéder valablement à Paul Biya à l’horizon 2018 ou bien avant.

Le poste de ministre de l’Administration territoriale est tout aussi exposé que celui du secrétariat général du Rdpc mais légèrement moins que lui. Au secrétariat général du parti au pouvoir, René Emmanuel était tout le temps obligé de monter au créneau pour défendre le président Paul Biya chaque fois que celui-ci était attaqué tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays. René Sadi avait pris l’habitude de répondre du tic au tac quand les attaques venaient surtout de l’extérieur : la plainte déposé par Célestin Bedzigui à l’Onu contre Paul Biya, l’affaire des biens mal acquis qui avait fait les choux de la presse française.

Même à l’intérieur du pays, Sadi avait dû réagir à certaines déclarations de l’ambassadeur français Bruno Guain. Aujourd’hui cette personnalité de l’ethnie Babouté à cheval entre les régions de l’Adamaoua (qui fait partie du Grand Nord) et le Centre parle moins et ses déclarations sont politiques (et plus techniques) que quand il était secrétaire général du Rdpc.

Laurent Esso

Si l’actuel ministre d’Etat en charge de la Justice, Gardes des Sceaux parle peu comme à son habitude, il n’en reste pas moins qu’il agit dans l’ombre. L’ancien secrétaire général de la présidence de la République, poste qu’il a quitté lors du remaniement du 9 décembre 201 a un adversaire de taille qu’il ne ménage pas dans les journaux privés (l’Anecdote) quand l’occasion lui est donnée par personnes interposées. Dans les médias, son homme de main Jean-Pierre Amougou Belinga, propriétaire de l’Anecdote, de la chaîne de télé Vision 4 et de la société minérale Pura, etc.

Dans la course à la succession de Paul Biya, le magistrat hors hiérarchie croit à son destin présidentiel et l’une des personnes susceptibles de lui barrer la route n’est autre, selon lui, que René Emmanuel Sadi. L’enfant de Deido (Douala) occupe un poste intéressant qui peut lui permettre de mettre en difficulté ses potentiels rivaux dans la course à la succession de Paul Biya, lui qui rit si peu que ce soit en public ou en privé, lui qui est presque insensible à tout, n’a presque pas d’état d’âme.

Edgar Alain Mebe Ngo’o

Le sémillant ministre délégué à la présidence de la République chargé de la Défense, originaire du même département, le Dja et Lobo que le président Paul Biya mais d’ethnie Fon a compris l’intérêt qu’il y a à se faire discret. Du fait de son appartenance au grand groupe Beti/Fang, il est qu’il lui quasi impossible de succéder au chef de l’Etat, ce qui pourrait provoquer une guerre civile au Cameroun car ne pourrait pas être accepté par le Grand Nord et l’Ouest principalement.

D’autres successeurs potentiels à Paul Biya au sein du Rdpc jouent le jeu en devenant subitement muets ou en faisant le mort. On en trouve partout dans les quatre coins du pays : Luc Ayang et autres pour le Grand Nord. En effet, le président du Conseil économique et social depuis près de trente est une personnalité que Paul Biya peut coopter s’il veut remettre le pouvoir au Grand Nord qui le réclame à cor et à cri.

Du côté des Anglophones, Philémon Yang le Premier ministre, chef du gouvernement est une carte non négligeable si Paul Biya ne veut pas que le pouvoir retourne au Grand Nord. Du côté de l’Ouest ? Tout est possible comme nous sommes en politique. Le fait que les potentiels successeurs à Paul Biya dans le Rdpc ne font plus de bruit laisse émerger des personnalités qui n’appartiennent pas au parti au pouvoir.

La place à Maurice Kamto et consorts

La nature ayant horreur du vide comme le dit si bien la maxime, ceux qui veulent voir Paul Biya quitter les affaires à l’horizon 2018 ou bien avant, occupent le terrain, font une irruption tapageuse depuis quelque temps. Ainsi en est-il de Maurice Kamto qui a démissionné du gouvernement. Et des leaders, des opposants politiques habituels que sont Ni John Fru Ndi du Sdf, Garga Haman Adji de l’Add qui viennent de se réunir à Bamenda pour discuter du code électoral, de la biométrie et de bien d’autres choses sans faire allusion de façon claire à la succession de Paul Biya à la tête du pays.

Dans l’opposition, on ne voit pas encore clairement qui peut succéder à l’actuel chef de l’Etat même s’il y a en son sein des capables de le faire. Mais tant que le Rdpc va soutenir un candidat avec, il faut le souligner l’adhésion du Grand Nord, il sera quasi impossible de battre ce candidat. Au sein du Rdpc et avec ce qui est arrivé à Marafa Hamidou Yaya, personne ne pourra plus se considérer comme un dauphin de Paul Biya au risque de se faire couper la tête.

Et comme tous tiennent à leur tête, ce sera le calme plat jusqu’à ce que Paul Biya lui-même désigne son successeur. En attendant, les dauphins présumés vont faire leur tapage au cours des meetings du parti et pendant la campagne du double scrutin législatif et municipal à venir.

© Aurore Plus : Michel Michaut Moussala


31/08/2012
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