Cameroun,Nyos: 24 ans après… on s’en souvient

Cameroun,Nyos: 24 ans après… on s’en souvient

Lac Nyos:Camer.beDemain 21 aout 2010, ce sera exactement 24  ans, jour pour jour que la catastrophe du lac Nyos avait fait connaître au Cameroun la pire catastrophe naturelle de son histoire dont l'explosion de gaz, le 21 août 1986, avait tuée quelques 1 700 personnes.La tragédie du 21 août 1986 est encore dans tous les esprits ici. Cette année-là, en plein mois d'août et pendant la saison pluvieuse, le Cameroun a vécu une énorme catastrophe. En quelques minutes, plus de 1700 personnes vivant près du lac Nyos ont péri asphyxiées, la plupart piégées dans leur sommeil. Un nuage toxique a tué toute forme de vie dans la vallée, anéantissant tout sur son passage dans un rayon de 20 km. Le bétail est mort par dizaines de milliers. L'Afrique venait de connaître l'une de ses plus grandes catastrophes naturelles.

Deux ans auparavant, un autre lac, le lac Monoun, situé dans la province de l'Ouest, en plein massif volcanique, avait laissé échapper, au mois d'août également, ses vapeurs mortelles. Les émanations de CO2, un gaz plus lourd que l'air, avaient provoqué la mort de 37 personnes dans le village de Ndjindoum. 

Les causes de ces différents drames ne sont toujours pas connues par les populations. Selon les scientifiques, l'explosion des deux lacs a été provoquée par l'accumulation naturelle progressive de gaz carbonique, alors projeté dans l'atmosphère où sont libérées ces effluves toxiques. D'autres langues pensent à un éventuel test fait par des scientifiques pour mesurer le caractère nocif d'une substance similaire au gaz.

Aucune commémoration officielle n'a été  prévue demain 21 août au Cameroun, mais de nombreuses manifestations seront organisées par les  survivants et leurs descendants, de retour depuis quelques années sur les rives du lac Nyos.

Le village de Soboum situé dans le département de Boyo (Nord-Ouest)a été choisi par  l’Association culturelle et de développement des survivants, organisatrice de cette cérémonie. Au programme  selon les organisateurs, il est prévu entre autres une conférence sur la réhabilitation des survivants et des projections de films sur le drame du 21 août 1986 aui avait fait près de 1.800 morts, des témoignages divers et des recommandations au gouvernement camerounais relatifs à leur condition de vie dans les camps et vécus depuis 24 ans où plus de 3.000 personnes y sont casées .

Selon les rapports d'expertises du Centre Géotechnique de Yaoundé publié en 1999, le lac Nyos a une très grande profondeur, 210 mètres et une longueur de 2 kilomètres et 1 kilomètre de large. Ce lac est particulier dans la mesure où il est stratifié, donc les eaux constituent des couches. Ces eaux ne se mélangent pas, d'où le problème. Le gaz stocké au fond du lac devrait normalement remonter à la surface et s'échapper sans problème. Mais comme le lac est stratifié, le gaz qui vient du lac reste piégé au fond et la pression monte. Peut être la raison pour laquelle il demeure  très dangereux. 

Le lac Nyos n'est pas le seul en Afrique constituant un danger. Les chercheurs américains avaient également repéré trois lacs de ce type. Ils sont tous en Afrique et sous la même latitude, le lac Monoun et Nyos au Cameroun. L'autre c'est le lac Kivu au Rwanda qui contient plus de gaz que Nyos mais l'avantage c'est qu'il est beaucoup plus profond, 485 mètres de profondeur.

Le Cameroun a entrepris il y a de cela quelques années, un vaste programme de dégazage du lac Nyos. Ce programme complexe jusqu'ici est mené par un comité de scientifiques internationaux, parmi lesquels le Camerounais Gregory Tanyileke, de l'Institut de recherches géologiques et minières de Yaoundé. Selon un confrère de la place « le lac Nyos contient de grandes quantités de gaz enfouies dans la terre. Evaluée à plus de 300 millions de m3 au départ, la quantité de gaz a été réduite à 230 millions de m3 aujourd’hui grâce à une colonne de dégazage installée au milieu du lac et  lorsque le niveau de gaz carbonique dépasse la normale, le dispositif se déclenche automatiquement. L’alarme donnée, les populations sont tenues de s’éloigner et grimper les colines ».

En dépit des souvenirs toujours vifs, les habitants sont revenus vivre près du lac, par attachement, en raison de liens ancestraux mais aussi de la fertilité des terres. Le lac Nyos fait partie des lacs africains qui représentent une source d’approvisionnement en eau, en poissons et en gravier pour des milliers de personnes affirme un villageois habitant Wum situé à quelques 80 km de Nyos.

Quelle que soit la source du méthane, d’autres scientifiques s’accordent à dire que la solution consiste à exploiter le gaz comme source d’énergie plutôt que risquer une catastrophe.

Selon Menef Salim, chef de projets et directeur de la section Ecosystèmes de la division de International Research Center en Floride, dégazer le lac est une option viable et avantageuse d’un point de vue économique.

Des recherches montrent que les eaux profondes du lac contiendraient environ 45 milliards de mètres cubes de méthane, l’équivalent de 40 millions de tonnes de pétrole. Il y a de quoi les pouvoirs publics se doivent d'examiner les ressources nécessaires pour que le dégazage du lac Nyos devienne une réalité.  A voir.

© Camer.be : Hugues SEUMO


21/08/2010
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