Cameroun,Diaspora: Où est passé le CODE ?

Cameroun,Diaspora: Où est passé le CODE ?

Brice Nitcheu:Camer.beCette organisation d’activistes camerounais n’a pas donné signe de vie depuis la présidentielle du 9 octobre dernier.Quelques mois avant la présidentielle du 9 octobre dernier, le Code (Collectif des organisations démocratiques et patriotiques de la diaspora camerounaise), une organisation d’activistes camerounais de la diaspora, a frappé un dernier grand coup et s’est tu. Août 2011. Une délégation interministérielle est dépêchée par la présidence de la République en Europe pour y rencontrer des Camerounais de la diaspora. L’étape de l’Angleterre a lieu à Birmingham au Quality Hotel. La réunion a à peine commencé. Des militants du Code font irruption dans la salle. L’un d’eux, un homme bourru, à la mine menaçante, se lève. Emmanuel Kemta, c’est son nom. Il est le chef de la cellule opérationnelle du mouvement. « Arrêtez-moi vos conneries-là. Que faites-vous ici ? Bande de criminels... Allez dire à Paul Biya que votre mission a échoué », lance-t-il. La réunion tourne court et vire à l’affrontement physique entre les activistes du Code, des militants du Rdpc au Royaume Uni et la délégation interministérielle.

Depuis cette action, Brice Nitcheu, le leader du Code, et ses camarades ont tenté de lancer un appel au boycott actif de la présidentielle du 9 octobre, qualifiée de « mascarade ». Opération plutôt timide. Depuis lors, le Code a disparu des radars. Même sur leur blog, le dernier message date de novembre 2011.

Où est donc passé le Code ? D’aucuns n’ont qu’une seule explication au silence de Brice Nitcheu et consorts : ils auraient été achetés par le pouvoir de Yaoundé, peu avant la présidentielle. « Faux », rétorque Brice Nitcheu, qui affirme que le Code a simplement observé un repli stratégique pour mieux réorienter ses actions. « Nous sommes en train de revoir complètement les nouvelles stratégies, après la dernière mascarade qui a complètement laminé et décrédibilisé l’opposition. Pour que les actions de la diaspora combattante portent, il est indispensable pour nous d'avoir des relais crédibles sur place au Cameroun. Nous travaillons en ce moment pour constituer ce relais, mais, nous voulons le faire avec une nouvelle génération », affirme-t-il. Il ajoute : « Je peux très bien comprendre les réactions des compatriotes qui s'interrogent sur notre silence. Je peux les rassurer que c'est le calme avant la tempête. »

Le silence controversé du Code pose globalement le problème des organisations camerounaises de la diaspora. Elles sont jugées inconsistantes, mais surtout divisées. « C’est des types qui passent le temps à se tirer dans les pattes, confie un Camerounais vivant en France et proche de toutes ces associations. Si les actions des activistes de la diaspora étaient coordonnées, cela porterait des fruits. Mais tous manquent d’humilité et sont ivres d’ego. Avec ça, Biya et ses amis peuvent dormir en paix. »

Il n’empêche que le Code est le mouvement d’activistes camerounais le plus connu de la diaspora. Installé à Londres, Brice Nitcheu et ses militants sont habitués à tambouriner devant la résidence du président Biya chaque fois qu’il séjourne en Suisse. Les images de ces bravades sont ensuite diffusées sur de nombreux sites Internet. Le Code a également milité en faveur de la libération de Joe la Conscience, Lapiro de Mbanga, du journaliste Bibi Ngota décédé en prison, etc.

Jean-Bruno Tagne

Brice Nitcheu: “Vous allez entendre parler de nous”

Le leader du Code soutient que son mouvement travaille en ce moment à sa réorganisation.

Depuis un certain temps, on n'a pas entendu parler du Code. Qu'est-il devenu? Vous êtes-vous émoussés ?

Nous ne nous émoussons jamais. Et c'est un mot qui n'existe pas dans notre vocabulaire. Nous avons marqué un temps de réflexion indispensable dans la situation de flou actuel. Vous allez bientôt entendre parler de nous. Nous réfléchissons à la restructuration du Code. Nous travaillons sur la structuration des organisations patriotiques de la diaspora et nous préparons des actions que je ne peux dévoiler ici.

Qu'est-ce qui explique ce silence qui a coïncidé avec la présidentielle, au point que de mauvaises langues ont affirmé qu'on vous avait acheté?

Acheté? Nous sommes habitués à ce genre de rumeurs malveillantes, généralement entretenues par les supporters du dictateur Paul Biya pour tenter de nous décrédibiliser aux yeux de l'opinion. Mais les faits viennent toujours démentir.

Lesquels?

C'est quand même extraordinaire ! Parce que nous n'avons posé aucune action depuis seulement les trois derniers mois, on voit dans notre retrait l'achat. Souvenez-vous de ce que nous avons fait à Birmingham avec Elecam, y a seulement trois mois.

On vous a vu plutôt concentré sur la Côte d’Ivoire et la Libye, comme si vous en aviez déjà fini avec les problèmes du Cameroun

Nous sommes avant tout des panafricanistes et des anticolonialistes. Ce que la France a fait en Côte d'Ivoire et en Libye, nous interpellait. Nous avons donné notre position. Lutter pour libérer le Cameroun ne suppose pas que nous allons fermer les yeux sur les crimes que la France commet contre les peuples frères.

On vous reproche une certaine dispersion dans vos actions au niveau de la diaspora...

C'est normal. La diaspora n'est pas un corps homogène.

La conséquence c'est cette victoire de Paul Biya à l'étranger lors de la dernière présidentielle...

Paul Biya n'a pas gagné à l'étranger. Si nous acceptons cette assertion, il faudrait aussi admettre qu'il a gagné au Cameroun. Au Royaume Uni, par exemple, sur une communauté de plus de 20 000 personnes, moins de 200 étaient inscrites. Et seules 123 ont voté, dont seulement 83 pour Paul Biya. Si l'on soustrait les 50 membres de la mission diplomatique, il reste tout juste 33 Camerounais qui ont voté pour Monsieur Biya. Si c'est cela une victoire, je vous laisse le choix des mots.

Il y a un débat en ce moment sur la refonte ou la révision du fichier électoral. Quel est votre avis ?

C'est un débat qui ne nous intéresse pas du tout. Nous avons exigé une Commission électorale indépendante et nous nous en tenons à cette exigence.

Donc vous ne seriez pas partant pour les municipales et législatives de juillet prochain?

Pour nous, les élections ne font que prolonger le règne de monsieur Biya, et donc le martyr des Camerounais.

Certains Camerounais de la diaspora espéraient un ministère à eux réservé. Le président Biya n'en a pas tenu compte. Vous êtes déçu?

Déçu? Nous n'attendons rien de monsieur Biya, parce que nous ne lui avons rien demandé. La seule chose que nous lui demandons, c'est qu'il dégage.

Paul Biya doit vous manquer ! Vous étiez habitués à troubler ses séjours en Suisse en allant tambouriner à son hôtel. Depuis plus de 150 jours, il n'a pas bougé du Cameroun…

Tant mieux! Il sait très bien ce qui l'attend s'il remet ses pieds en Europe. Nous sommes en état d'alerte. Et nous l'attendons.

Propos recueillis par J-B. T

© Source : Le Jour


26/01/2012
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