Camerounaise et décamerounisation sur mesure, la nouvelle méthode de Paul Biya

Camerounaise et décamerounisation sur mesure, la nouvelle méthode de Paul Biya



31 août 2011

Juliette Abandokwe

 

Les Camerounais de la diaspora ont durement gagné leur droit de voter, disent certains, et doivent l'exercer pleinement pour élire leur - nouveau - président le 9 octobre prochain.


Mais s’ils se sont si massivement battus pour obtenir le droit de vote, pourquoi donc le pouvoir se donne-t-il autant de mal dans son racolage d’électeurs… ? Où a-t-on vu les Camerounais de la diaspora aller voter en masse… ? Sachant qu’ils sont des millions à l’extérieur, notamment grâce au renouvellement par le Renouveau, où sont-ils donc tous…. ?


Pourquoi donc le Consul sortant de son Consulat de Genève dans la lointaine petit Suisse, se déplace-t-il à l’improviste un dimanche après-midi ensoleillé sur un petit terrain de foot à Lausanne, bled en brousse, lors d’un entrainement entre deux équipes locales de Camerounais ? Même pas un vrai match… juste un entraînement ! Il se déplace « avec son équipe », fait un discours grandiloquent. Du racolage de bas étage dit-on. A la question de certains au sujet de la double nationalité, il répond « un Camerounais restera toujours un Camerounais ». De la démagogie à un franc cinquante ma parole ! Or quand des parents Camerounais de l’extérieur annoncent la naissance de leur enfant aux autorités consulaires, c’est la croix et la bannière pour obtenir un certificat de nationalité.


La plupart des Camerounais, au bord du petit terrain dimanche dernier 21 août, restent très sceptiques. Le Consul rajoute « c’est gratuit,  inscrivez-vous seulement, et  nous ferons le reste… »


Vraiment, le RDPC prend les Camerounais pour des imbéciles.


Les conditions : prouver qu’on est camerounais soit par un acte de naissance, soit un passeport, même périmé. Plusieurs Camerounais repartiront fièrement cet après-midi là avec leur carte consulaire dans les mains. Mais je doute très fort, qu’étant venu faire le kongossa un dimanche après-midi, ils soient venu avec leur acte de naissance ou leur passeport (valide ou périmé) dans la poche ! L’accent, le patois, ou le cousinage de village ont dû largement compenser les inutiles paperasseries de nationalité.


Les preuves de manigances et de fraudes, dans le but de gonfler l’ameublement des listes électorales de la diaspora, s’accumulent au quotidien.


L’autre jour sur le net, un monsieur – Camerounais de toute évidence - vivant en mbeng, me disait tout fièrement qu’il avait obtenu sa carte consulaire et qu’il avait « voté ». Mais en même temps, il déplorait qu’à cause de son passeport européen, il doit demander un visa chaque fois qu’il va au ko (au pays) ! Quand j’ai tenté d’en savoir plus, il est resté muet, comprenant trop tard qu’il avait déjà trop parlé.


Dans un bureau d’enregistrement d’électeurs « camerounais » en Angleterre, aux trois-quarts vide, scénario corroborant.  On se demande déjà où sont les masses d’électeurs camerounais de la diaspora dont on entend parler, et qui ont si durement lutté pour leur droit de vote. Un Camerounais exige à haute voix de savoir pourquoi certains doubles-nationaux britannico-camerounais présents sont en train de se faire enregistrer sur les listes électorales. Rapidement, le « fauteur de trouble » est qualifié de non-Camerounais à cause du désordre qu’il est en train de causer. Mais l’autre, le bon Camerounais, avec son passeport britannique dans sa poche, a déjà fait inscrire son nom sur la liste électorale. Et pourtant, la double-nationalité n’est jusqu’à ce jour pas admise par le Cameroun.


En résumé, quand on proteste et qu’on dénonce ouvertement la fraude, on est automatiquement « décamerounisé » par un pouvoir camerounais monopolisé par le RDPC – Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais.


Pour couronner le tout, les bons Camerounais collabos demandent au Camerounais  récalcitrant « C'est quoi ton problème au juste ?" et on lui fait enfin la menace suprême, celle d’appeler la police. Le pouvoir de Paul Biya croit pouvoir terroriser les Camerounais jusqu’à l’extérieur, en brandissant la menace d’un BIR d’exportation. Et pourtant le BIR – Brigade d’Intervention Rapide -, meute de chiens enragés, le sang aux yeux, auquel Paul Biya a donné carte blanche pour mater ceux qui résistent, restera au Cameroun, face au peuple Camerounais.


Vraiment…… le culot des biyaïstes n'a pas la moindre limite.


Les dérapages émaillent déjà le paysage péri-électoral camerounais, comme un nez au milieu de la figure. Leur dissimulation n’est plus possible tant ils sont grossiers. La panique est palpable, omniprésente. A un tel point, que la convocation du corps électoral par décret est proclamé illégalement un jour plus tôt, raccourcissant ainsi le délai d’inscription sur les listes électorales d’un jour. Le RDPC joue une fois de plus avec la Constitution camerounaise comme bon lui semble, comme le chat avec la souris qu’il a déjà massacré.


Pendant ce temps, les observateurs, les « investisseurs », les fabricants de dettes – économiques et humanitaires -, les rapaces, regardent, inquiets. Leurs intérêts ne supportent pas bien l’instabilité, ni surtout la perte de maîtrise. Des intérêts garantis politiquement par des puissances passablement épuisées par une guerre libyenne qui leur a coûté pas loin des yeux de la terre, et bien davantage que prévu. Aux guignols nationaux, on leur a laissé carte blanche, en échange de leurs largesses, mais ils ont exagéré. Ils ont eu les yeux plus gros que le ventre, et ils n’arrivent pas à finir leur assiette. L’indigestion promet d’être très pénible pour tout le monde.


En tout cas, comme le disait George Washington, « la liberté est une plante qui croît vite, une fois qu'elle a pris racine »




01/09/2011
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