Cameroun,Affaire des faux reçus à Soa : La police judiciaire lance la chasse aux sorcières

Cameroun,Affaire des faux reçus à Soa : La police judiciaire lance la chasse aux sorcières

Universite:Camer.beLe 1er Juillet 2010, pas moins d’une demi-douzaine de faux reçus ont été recensés. Le recteur fait appel à la police judiciaire. Pourtant, le mal est dans la maison. Hier après midi au bâtiment Conficius abritant les bureaux du recteur de l’université de Yaoundé II, le Pr. Jean Tabi Manga, l’atmosphère était très tendue. Et pour cause, de nouveaux cas de faux reçus ont été identifiés par le directeur du centre informatique. Appeler à voir plus clair dans cette affaire qui éclabousse à la fois le recteur, responsable de l’institution et son partenaire bancaire, la Cbc, qui perçoit depuis plusieurs années déjà, les droits universitaires dans le compte de l’université ouvert en son sein.

un commissaire divisionnaire et un officier de police, tous en service à la police judiciaire ont été appelés à la rescousse par le recteur pour identifier tous les acteurs impliqués dans cette affaire qui secouent depuis le 16 juin 2010, l’université de Yaoundé II y compris l’Esstic.

Pendant près de quatre heures, le recteur et ses interlocuteurs ont discuté de tous les contours de la problématique des faux reçus. Séance tenante, deux étudiants détenteurs de faux reçus ont été interpellés, rendez-vous leur a ensuite été donné ce vendredi à 8 heures à la Pj où ils seront certainement soumis à un interrogatoire musclé question de dénoncer tous leurs complices. Mais avant l’arrivée de la police judiciaire, la directrice de l’agence Cbc pour le Centre avait effectué le déplacement de Soa pour avoir des éclaircissements.

Mais comment en est-t-on arrivé là ? La question mérite d’être posée. Sans toutefois y répondre car, malgré la longue attente au secrétariat du recteur, le reporter de Dikalo n’a pas  été reçu. Idem chez le vice-recteur chargé des affaires académiques et encore moins chez le directeur du centre informatique.  Malgré notre insistance, le recteur que l’on a dit très pris, n’a pas daigné nous recevoir. Ses collaborateurs soumis aux instructions de leur chef, ont esquivé notre reporter. Comme si ces responsables avaient quelque chose à cacher.

L’échec d’un système

Mais néanmoins, des recoupements effectués auprès de certaines sources introduites à la cellule informatique, laissent croire à une complicité interne s’agissant de la question des faux reçus. Un cas pratique. Une étudiante, supposée être en première année, a été surprise en possession d’un relevé de notes de deuxième année, les reçus de versement des droits universitaires correspondant au niveau deux ; alors que cette dernière n’avait pas été officiellement admise. Pourtant, d’après les analyses des responsables ayant découvert la supercherie, il s’agit  bien d’un faux relevé de notes qui porte de nombreuses incongruités. Parmi celles-ci, le lieu de naissance de l’étudiante, (effectivement née à Bamenda, alors que  le relevé de notes indique qu’elle est née à Yaoundé), le nom écrit différemment que celui qui apparaît sur le reçu bancaire. L’étudiante avoue naïvement que ce document lui a été délivré à la scolarité par un certain Akame. Vérification faite,  le relevé de note en question a été fabriqué de toutes pièces par un agent du service de la scolarité contre quelques espèces sonnantes.

Ce cas de faux  relevé de notes, monnaie courant à Soa, est semblable à celui des reçus. A ce jour, pas moins d’une vingtaine de faux reçus ont été recensés par la cellule informatique. A ce qui paraît, les faux reçus se distinguent des vrais par la qualité des imprimés. Le bon est tiré sur une imprimante matricielle tandis que le faux est tiré sur du laser. A la Commercial Bank of Cameroon, Cbc, agence située à l’avenue Kennedy, aucun responsable ne veut donner des informations à la presse. Notre démarche de rencontrer la directrice de l’agence du Centre s’est avérée vaine. La secrétaire qui a accueilli notre reporter a laissé entendre qu’il faut se rapprocher de la direction de la communication basée à Douala pour toutes informations. Or, une source interne nous apprend que la directrice s’est rendue avant-hier à Soa pour enquêter sur l’affaire des faux reçus. Pourquoi cette dernière préfère renvoyer la presse auprès de la cellule de communication.

En tout cas, tout porte à croire qu’ici aussi,  il y a des choses à cacher. En attendant d’y voir plus clair, l’on a tout de même appris à la Cbc d’une source proche de la banque, que le réseau de faussaires se trouve plutôt à Soa et non à l’intérieur de l’institution  bancaire tel qu’annoncé par certains confrères.  Car selon la source, elle se demande pourquoi ce n’est que maintenant, après plusieurs années de collaboration, que de faux reçus sont détectés. Allez donc savoir pourquoi un tel mutisme s’observe autour de ce dossier qui risque d’emporter quelques têtes. Les étudiants ciblés et par qui le faux a été découvert payent ainsi le lourd tribut dans une affaire dont ils ne sont pas responsables.

Indignation

A cause de cette nébuleuse, l’examen du second semestre est ainsi hypothétique. Initialement programmé pour le 29 juin, c’est probablement le 05 juillet qu’il aura lieu, le temps pour l’ensemble des étudiants de parachever le processus d’authentification des reçus attestant du payement des droits universitaires à la cellule informatique, condition sine qua non, pour accéder à la salle d’examen lundi prochain. Ainsi, chaque étudiant est appelé à produire soit l’original de son reçu ou à défaut son duplicata pour se faire attribuer une fiche d’enrôlement, sésame qui donne droit à l’accès à la composition. L’heure est donc à la bousculade à la cellule informatique car le 05 c’est dans trois jours.

Mais, comme pour signifier leur raz le bol face à l’échec d’un système qui vient de montrer au goût du jour ses limites, certains étudiants donnent ici leurs points de vue. « Je ne vois pas cet étudiant qui a cette possibilité d’aller se faire établir des reçus hors de l’institution bancaire où nous avons l’habitude de payer. Si l’on a pu déceler des faux reçus, cela signifie que le faussaire se trouve soit à la banque, ou à l’université. Que ces gens nous disent à quel niveau le réseau est logé », déplore, N.P

Son camarade Michelin S. est encore plus amer. « Nous sommes très étonnés par cette affaire de faux reçus. Nous avons l’impression qu’un personnel de l’université est impliqué là dedans car, je ne pense  pas qu’un inconnu peut  manigancer tout seul sans l’aide d’une personne bien introduite. Cette affaire créée beaucoup de problème aux étudiants car nous devions composer le 29 juin, et la date a été repoussée au 05 juillet. De nombreux parents qui avaient déboursé de l’argent pour la dernière semaine de classe l’ont fait pour rien, la compo n’ayant pas eu lieu. Psychologiquement, nous sommes affectés par ce désordre. Il faut que le recteur trouve une solution à ce problème pour qu’on évite le pire car le premier semestre n’a  pas été facile pour nous. » Déplore, Michelin. Affaire à suivre.

© camnews24.com : Floriane Payo


04/07/2010
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