Cameroun - Traversée du Wouri : Silence sur la construction du deuxième pont

Cameroun - Traversée du Wouri : Silence sur la construction du deuxième pont

Cameroun - Traversée du Wouri : Silence sur la construction du deuxième pont Des sources introduites indiquent que depuis le début de juillet, des Français et des Chinois se disputaient le marché de construction de cet ouvrage. Alors, gare au syndrome et au piège d’Udecto, la société togolaise qui avait gagné le marché de réhabilitation de l’ancien pont. Face à des entreprises réputées sérieuses.

Le 26 juillet 2010, lorsqu’un conduit d’eau de Camwater a explosé et endommagé la chaussée sur le pont  du Wouri, paralysant la circulation pendant plusieurs jours, des informations ont signalé parallèlement, comme par coïncidence, que la construction du second pont sur ce fleuve était une fois de plus à l’ordre du jour. Et que le démarrage des travaux n’était plus qu’une question de jours ou de semaines. Une information qui était de nature à donner un sourire aux habitants de Douala qui ont souvent souffert des désagréments que leur cause régulièrement le seul pont qui enjambe ce fleuve depuis un cinquantenaire aujourd’hui. Depuis ces effets d’annonce, on attend. Entre temps, Français et Chinois se livrent une rude bataille pour  arracher ce marché bien juteux. Avec de fortes chances que l’on retombe dans les travers du passé. Le système a la réputation de tirer rarement  des dérapages antérieurs des leçons pour grandir. Et les mêmes sources qui annonçaient l’imminence des travaux, sont subitement muettes.  Un silence qui est de nature à susciter interrogations et  inquiétudes, pour ceux qui gardent en mémoire les transactions qui  avaient entouré les travaux de réfection de l’actuel pont et qui ont finalement coûté des milliards de francs Cfa supplémentaires aux contribuables camerounais.

On se souvient notamment qu’en 2003, lorsque la réfection du pont devient incontournable (il est inauguré en 1955), le gouvernement camerounais, après avoir obtenu de l’Agence française de développement (Afd) le financement partiel des travaux, lance un appel d’offres international. Les entreprises de travaux publics se bousculent pour soumissionner. Parmi elles, une certaine Union des entreprises  de construction du Togo (Udecto), une société de droit togolais, mandataire qui bénéficie de solides appuis intéressés dans la haute administration française. Elle doit se mettre dans un groupement conjoint avec Etic International, une entreprise de droit français. Sur le plan financier, Udecto présente l’avantage de soumissionner à 10 milliards F cfa, hors taxes. Le deuxième soumissionnaire ne vient qu’avec 14 milliards F Cfa. Sur le plan technique, les documents signalent qu’Udecto a déjà réalisé des travaux sous-marins un peu partout en Afrique. Et, de ce point de vue, présente un profil acceptable pour effectuer les travaux de réhabilitation sous le pont et dans l’eau. Mais elle ne présente aucune garantie pour les travaux  sur le pont, notamment poser le tabler.

Sur le plan technique précisément, les ingénieurs camerounais émettent de sérieuses réserves quant au choix de l’entreprise togolaise. L’avis de l’Afd est requis. Elle insiste afin qu’Udecto soit retenue. Malgré tout. Le 22 avril 2003, le marché est conclu entre le gouvernement camerounais représenté par Pierre Moukoko Mbonjo (Premier ministère), Dieudonné Ambassa Zang (ministère des Travaux publics), d’une part, et le groupement Udecto/Etic International, respectivement représenté par Christian Vander Elst et Jean Marc Versplaetse, d’autre part. L’adjudicataire du marché prend alors des engagements fermes : « Nous nous engageons à unir nos moyens techniques et nos efforts pour réaliser les travaux et à commencer conformément à la date de départ contractuelle du délai de (28) vingt huit mois, à compter de la date fixée par l’ordre de service qui prescrira de les commencer ». Les travaux qui débutent le 16 juin 2003 doivent prendre fin le 17 octobre2005.

Quelques mois seulement près le démarrage des travaux, les spécialistes vont rapidement se rendre compte qu’Udecto n’est pas à la hauteur de la tâche qu’on lui a confiée. A l’approche de l’échéance d’octobre 2005,  non seulement Udecto ne peut pas livrer le chantier, mais elle demande plutôt une rallonge du budget. Le gouvernement camerounais est contraint de saisir le matériel et de suspendre les prestations d’Udecto, obligée de quitter le Cameroun par la fenêtre.  La suite des travaux est confiée à un groupement d’autres entreprises plus outillées qui étaient pourtant sur la ligne de départ depuis le début.

Certains spécialistes ont laissé entendre que la réfection de ce pont a finalement coûté plus cher que la construction d’un nouveau. Conclusion, l’Afd (le bailleur de fonds) avait joué un rôle trouble et pas du tout innocent, en  imposant  Udecto. Rien n’indique que l’histoire ne peut pas se répéter avec une autre entreprise aujourd’hui, lorsqu’il faudra lancer les travaux du  nouveau et second pont. En attendant, nous avons rencontré un urbaniste qui apprécie l’opportunité et examine les contours de ce nouvel ouvrage.

© La Nouvelle Expression : David Nouwou


27/08/2010
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