Cameroun. Stratégie: Pourquoi le Sdf va aux sénatoriales

Fru Ndi la fin d’un mythe

Le Messager

John Fru Ndi

Fru Ndi la fin d’un mythe 

Dans une déclaration rendue publique jeudi 7 mars, le Sdf a annoncé qu’il va prendre part aux consultations électorales devant aboutir à l’élection de 70 futurs sénateurs, hormis les 30 que le chef de l’Etat devra nommer. Après cette prise de position, le ministre du Shadow cabinet en charge de l'Information et des médias, Jean Robert Waffo, a apporté d’autres précisions.

Trêve d’atermoiements. Le Social democratic front (Sdf) ira aux élections sénatoriales du 14 avril 2013. Une déclaration publiée jeudi 7 mars 2013 (voir Le Messager du 8 mars 2013 en page 3) « informe tous les membres et  sympathisants du Sdf ainsi que l’opinion nationale et internationale que le parti prendra part à l’élection des sénateurs de la République». Après avoir indiqué au sommet de l’Etat et à l’opinion publique, à la communauté internationale, la nécessité d’organiser les sénatoriales après les municipales et les législatives, après avoir exprimé son désir de boycotter ces consultations électorales assorti des menaces dans l’optique d’aider « Paul Biya à gâter le pays» le Sdf s’est ravisé. 

Dans l’optique d’expliquer cette nouvelle posture qui a surpris plus d’un, le ministre du Shadow cabinet en charge de l’Information et des médias a rendu public un communiqué dans lequel, il énumère des arguments ayant gouverné l’option du Sdf à concourir dans les 10 régions lors des sénatoriales du 14 avril 2013. D’entrée de jeu, Jean Robert Waffo ne passe pas par monts et vaux pour soutenir que le parti de John Fru Ndi surfait sur une alternative. «Le Sdf avait le choix entre créer un blocage politique et accepter la mise sur pied du Sénat».

La deuxième hypothèse a été pour ainsi dire adoptée dans la perspective d’éviter «un vide constitutionnel» si ce n’est le chaos que le principal  parti de l’opposition camerounaise a annoncé si une audience entre John Fru Ndi et Paul Biya ne se tient pas. Cette entrevue entre les deux hommes n’a pas eu lieu. Bien plus, Paul Biya a envoyé son directeur de cabinet, Martin Belinga Eboutou, discuter avec le chairman du Sdf, ce qui a d’ailleurs débouché sur le « oui du Sdf » pour les sénatoriales. 

Et le ministre de l’Information et des médias, Jean Robert Waffo de rappeler qu’ «en l'état actuel de nos institutions marquées par l'absence du Sénat et du Conseil constitutionnel, en cas de vacance au sommet de l'Etat, le vide constitutionnel ne peut profiter qu'à l'oligarchie régnante qui dispose d'importants moyens matériels pour se régénérer par la force en cas de déflagration sociale de forte amplitude ». Il poursuit dans le même créneau en soulignant à grands traits « qu'en l'absence du Sénat, le conseil constitutionnel dont 3 membres sont désignés par le président du Sénat et dont la constatation de la vacance au sommet de l'Etat constitue une des prérogatives, ne peut pas prendre forme»

Desseins diabolique inavoués

Last but not least, pour comprendre le revirement spectaculaire du Sdf, il faut convoquer selon Waffo l’intérêt suprême du peuple camerounais et les convictions républicaines qui constituent le socle idéologique du parti de la balance. Pour le Sdf, cette posture intègre  « la mise sur pied de toutes les institutions contenues dans la Constitution du 18 janvier 1996 notamment, le Conseil constitutionnel et le Sénat qui sont extrêmement importantes dans les mécanismes de dévolution du pouvoir politique dans notre pays.» Par voie de conséquence, « il est indéniable que la fin de règne est imminente et que le début de l'après-Biya a commencé depuis la convocation du collège électoral des sénatoriales» soutient le ministre de l’Information et des médias qui fait un clin d’œil au chairman en saluant la perspicacité et la lucidité politiques ébranlées ces dernières années.  

«En acceptant que le Sdf participe aux sénatoriales malgré la mascarade programmée, le chairman Ni John Fru Ndi, a fort heureusement, déjoué en toute dernière minute les desseins diaboliques inavoués que les totalitaristes de l'ordre régnant avaient projeté sur notre vivre ensemble». Le Sdf avec à peu près 900 conseillers municipaux pourra-t-il empêcher le Rdpc qui compte environ 9000 conseillers municipaux, de régner sans partage au Sénat comme c’est le cas dans la chambre basse du Parlement, en l’occurrence l’Assemblée nationale ? Seul le verdict des urnes parlera en fonction du deal politique supposé ou réel, passé entre les deux formations politiques que certains observateurs soupçonnent d’être en bonne intelligence. 

Alain NJIPOU




12/03/2013
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