Cameroun- Retro : Les Premiers prisonniers politiques officiels du Cameroun indépendant

Cameroun- Retro : Les Premiers prisonniers politiques officiels du Cameroun indépendant

 

Prison New Bell:Camer.beMM. Charles Okala, André-Marie Mbida, Marcel Bebey Eyidi et Mayi Matip ont été arrêtés vendredi, 29 juin 1962, à Youndé, à la suite d’une plainte déposée au nom du Gouvernement par le Préfet de Yaoundé, après des perquisitions qui ont fait l’objet du communiqué suivant: La Présidence de la République Fédérale du Cameroun communique: “Les représentants à l’Assemblée Législatives du Cameroun Oriental: MM. Charles Okala, André-Marie Mbida, Marcel Bebey Eyidi, Mayi Matip, ont mis en circulation, au nom du Front National Unifié, un manifeste signé du 23 juin 1962.

“Les assertions contenues dans ce document présentant un caractère subversif, délictueux et susceptible de troubler l’ordre public, une perquisition a été effectuée au domicile des auteurs du manifeste et a permis de saisir, outre un lot important de documents dont l’exploitation est en cours, un stock impressionnant d’armes et de munitions…

Domicile de M. Okala

6 pistolets, 12 chargeurs, 1 carabine, 1 fusil, 168 cartouches.

Domicile de M. Mbida

1 carabine, 2 fusils, 11 cartouches.
Dans le manifeste du 23 juin 1962, il est relevé à l’encontre de ses auteurs des assertions tendant:
- à l’incitation à la haine contre le Gouvernement et les autorités administratives,
- à l’opposition des communautés ethniques ou religieuses,
- à la propagation de nouvelles susceptibles de nuire aux autorités.

Ces faits présentants un caractère délictueux, le Préfet de Yaoundé les a dénoncés et a déposé plainte au nom du Gouvernement contre leurs auteurs.”
A la suite de la plainte déposée par le Préfet du Nyong-et-Sanaga, pour infraction aux dispositions des articles 2 et 3 de l’Ordonnance du 12 mars 1962 portant répression de la subversion, MM. Charles Okala, André-Marie Mbida, Marcel Bebey Eyidi et Mayi Matip ont été déférés vendredi, 29 juin 1962, en flagrant délit au Parquet de Yaoundé, qui les a placés sous mandat de dépôt.

Les intéressés comparaîtront à une prochaine audience du Tribunal correctionnel, le 11 juillet, apprend-on en dernière heure.
On se souvient que les inculpés avaient mis en circulation, au nom du Front National Unifié, le manifeste signé du 23 juin 1962. Voici le texte des articles 2, 3 et 4 de l’ordonnance portant répression de la subversion.

Par Ordonnance No. 6-OF-18 du 12-3-62, portant répression de la subversion, le Président de la République Fédérale, vu la Constitution, notamment son Art. 50, ordonne:

  Art. 2. – Quiconque aura, par quelque moyen que ce soit, porté atteinte au respect dû aux autorités publiques ou incité à la haine contre le Gouvernement de la République Fédérale ou des Etats fédérés ou participé à une enterprise de subversion dirigée contre les autorités et les lois de ladite République ou des Etats fédérés ou encouragé cette subversion sera puni d’un emprisonnement de 1 à 5 ans et d’une amende de 200000 à 2 millions de francs ou de l’une de ces deux peines seulement, sans préjudice, s’il y a lieu des peines plus fortes prévues par les lois et décrets en vigueur.

Art. 3. – Quiconque aura soit émis ou propagé des bruits, nouvelles ou rumeurs mensongers soit assorti de commentaires tendancieux des nouvelles exactes, lorsque ces bruits, nouvelles, rumeurs ou commentaries sont susceptibles de nuire aux autorités publiques sera puni des peines prévues à l’article 2.
Art. 4. -  Les infractions prévues aux articles 1, 2, 3 de la présente ordonnance sont déférées aux tribunaux correctionnels. La poursuite est obligatoire en cas de dénonciation émanant du Préfet. Les dispositions de l’article 463 du Code Pénal et de la loi du 26 mars 1891 ne sont pas applicables. En cas de récidive la peine de prison sera toujours prononcée. Si l’auteur de l’infraction est fonctionnaire, agent ou employé d’un service public ou militaire, le tribunal pourra le déclarer à jamais incapable d’exercer aucune fonction publique.

© Correspondance : Ntche, Tissah Georges, Enseignant et Chargé de Recherches, Washington, DC / USA



28/05/2010
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