Cameroun, Remaniement ministeriel : Paul Biya peaufine le document à Mvomeka’a

Cameroun, Remaniement ministeriel : Paul Biya peaufine le document à Mvomeka’a

Biya 
Paul:Camer.beLe remaniement ministériel refait parler de lui. La polémique enfle et ravive les débats. Ceux qui scrutent les faits et gestes du président de la République sont unanimes : ‘’Quelque chose se prépare’’. Retranché depuis quelques semaines dans sa résidence de Mvomeka’a, son village natal, le chef de l’Etat y abat, selon nos sources, un travail de titan. Paul Biya consulte et passe certains dossiers au peigne fin. Et, l’immense activité observée ces derniers jours entre Yaoundé et Mvomeka’a à travers la liaison courrier de son état-major particulier, laisse présager un « tsunami ». En fin de semaine dernière, un aéronef bourré de parapheurs décollait de la base militaire de Yaoundé pour Mvomeka’a.

Depuis lors, les commentaires fusent davantage dans tous les sens. Dans les salons huppés et chaumières de la capitale, l’on s’accorde sur un fait : ‘’Le chef de l’Etat s’apprête à frapper un grand coup’’.  Un informateur proche du sérail indique à cet effet que ’’ Le remaniement ministériel est inévitable, c’est une question de temps’’.  Selon la même source, Paul Biya cogite sur une nouvelle équipe, qui va l’accompagner jusqu’en octobre 2011, date à laquelle se tient en principe l’élection présidentielle. Il entend être candidat à sa propre succession. ‘’Le gouvernement qu’il compte mettre en place sera très politique. La plupart des  ministres qui ont respecté leur feuille de route et qui peuvent mobiliser les foules  seront maintenus. Ceux qui en ont été  incapables et qui traînent des dossiers sales  seront remerciés. C’est sur cette base que le prince  travaille ’’.  Plus d’efficacité et plus d’ouverture, certes, mais un réel souci de verrouillage. Telle est la lecture que l’on fait du prochain attelage que l’on attend, soit avant le départ du chef de l’Etat pour Paris où il prendra part avec ses autres pairs africains aux festivités du 14 juillet, soit après son retour.

Jeux de chaises musicales

La montagne risque d’accoucher d’une souris. Les barons du régime garderont certainement leur poste.Tout laisse à penser que nous n’allons pas assister à une véritable reconfiguration de la carte politique. Avec un nordiste à la Primature et un anglophone à l’Assemblée nationale, selon une certaine conception camerounaise de la dévolution du pouvoir, qui tient compte des données sociologiques telles que l’équilibre régional ou le fameux axe Nord-Sud. Cavaye Yeguié Djibril  tient de manière ferme, les rênes du pouvoir législatif. Il pourrait donc devenir le cheval de Troie d’un jeu politique dont Biya seul détient les règles, avec en ligne de mire, le retour du pouvoir dans le grand nord. De même, dans la partie anglophone du Cameroun, aucun leader ne sort véritablement du lot. Paul Atanga Nji, malgré sa proximité suspecte avec les cimes du pouvoir, n’a visiblement pas d’étoffe. Bien plus, il traîne avec lui des casseroles assez retentissantes. Autant dire qu’un nouveau bail, mieux , un sursis  sera certainement accordé à Philemon Yang. Paul Biya sait que, politiquement, il serait trop risquer de changer de Premier ministre, à quelques mois d’une élection capitale. Le faire serait créer de nouveaux frustrés. Personnalité lisse et sans aspérités connues, le Premier ministre camerounais se contente d’être le premier des ministres, laissant certains membres de son cabinet comme Jules Doret Ndongo et Emmanuel Nganou Djoumessi occuper le devant de la scène, non sans commettre des gaffes. Paul Biya pourra par contre les virer.

Amadou Ali gardera certainement le portefeuille de la Justice. Le chef de l’Etat aura tout le mal de se déjuger, en écartant du gouvernement, celui qui est considéré, à tort ou à raison, comme le porte étendard de l’opération Epervier. Est-ce pour mettre Paul Biya dos au mur qu’Amadou Ali a annoncé une nouvelle liste de cinquante personnalités concernées par l’opération Epervier ? En marge du séminaire sur l’harmonisation des techniques de lutte contre la corruption, le 15 juin dernier  à Yaoundé, le Garde des sceaux a déclaré : ‘’L’Opération Epervier n’est pas morte; elle est une opération purement judiciaire et non politique; cette opération est en marche et ne s’est pas arrêtée. Une cinquantaine de dossiers est en cours…’’

En février dernier, alors que Marafa Hamidou Yaya est en tournée d’installation des gouverneurs des régions, il est frappé d’une mesure d’interdiction de sortie du Cameroun. La décision sera levée quelques jours après. Le fait que l’intéressé soit toujours en fonction et son statut de ministre d’Etat auraient milité en faveur de cette décision. Il se disait au ministère de la Justice que tout ceci n’était que partie remise et que le dossier pouvait rebondir à tout moment. Après une rencontre avec Paul Biya, le chef de l’Etat lui renouvellera toute sa confiance. Le ministre d’Etat chargé de l’Administration territoriale reste utile à Paul Biya. Ses jours sont donc loin d’être comptés au gouvernement. 

Issa Tchiroma Bakary pourra également dormir de son bon sommeil, ou changer de portefeuille. Le ministre de la Communication a certainement laissé des plumes, dans la gestion de l’affaire Bibi Ngotta. Bien avant, il n’a pas hésité à contester son collègue de la Justice, créant ainsi une certaine cacophonie gouvernementale. Toutefois, Paul Biya sait pouvoir compter sur le président du Front national pour le salut du Cameroun (Fsnc) Le destin politique d’Issa Tchiroma Bakary est pour le moment lié à celui de Paul Biya. Le chef de l’Etat le sait trop bien. Il voudrait être considéré comme le seul maître à bord. C’est pour cela qu’il ne répondra pas à tous ceux qui demandent avec véhémence la destitution de Laurent Marie Esso. Le ministre d’Etat secrétaire général de la présidence de la République ne traîne pas des salissures comme certains collaborateurs du chef de l’Etat, malgré l'affaire Bibi Ngota dont le dossier est loin d’être clos. Ce qui pourra fâcher Bernard Messengue Avom qui lorgnerait avec insistance le précieux poste, et qui est las d’attendre. Son entourage  estime que l’homme de Minta, sécrétaire général d’une association ésotérique puissante, est l’homme qu’il faut en ce moment au Secrétariat général de la présidence de la République. Paul Biya aime rester maître du calendrier. C’est ainsi qu’il évitera de jeter Michel Zoah, en pâture. La prestation des Lions indomptables, au Mondial sud africain est certes au dessous de la médiocrité, mais nul ne saurait oublier que, le ministre des Sports et de l’Education physique a su apporter une sérénité provisoire dans les rapports entre le ministère et les fédérations sportives nationales, non sans contribuer à la qualification des Lions indomptables à la Can et le Mondial 2010 à un moment où plus d’un observateur ne croyait plus aux chances du Cameroun. Malgré les critiques acerbes des opérateurs économiques, des prestataires de service et autres détracteurs du ministre des Finances,  l’entourage du chef de l’Etat soutient mordicus qu’Essimi Menye reste l’homme de la situation. Les caisses publiques restent difficilement vides depuis l’arrivé de l’homme de Nkomtou.

A l’inverse, le sursis accordé à Jean Pierre Biyiti bi Essam pour  service rendu, est certainement arrivé à son terme. Après l’affaire liée au détournement de l’argent de la visite du pape,  l’ancien ministre de la Communication avait habilement sauté sur l’occasion en défendant  le couple présidentiel. Il avait été, à la surprise générale, y compris lui-même, muté. Jean Pierre Biyiti bi Essam s’était en effet en 2009, illustré en défendant d’une part le prince dans les attaques du Comité catholique contre la faim qui s’interrogeait alors sur la fortune de Paul Biya, et d’autre part dans  la publication de «les mauvaises fréquentations de Chantal Biya» par le journal de Pius Njawé en 2009. Jean Nkueté qui semble dépassé par les évènements, à défaut d’être muté, pourra se voir viré par son «propre ami». Edgar Alain Mebe Ngo’o, malgré les rapports accablants qui tombent à un rythme infernal sur la table du décideur ces jours, lesquels font état de ses colossales fortunes, le fils de Zoétélé ne devrait pas pour autant s’inquiéter. Bien au contraire, le Mindef bénéficie encore de la confiance du grand patron. Le travail d’André Mama Fouda au ministère de la Santé est perceptible. Les nombreux tracts rédigés par ses détracteurs, et qui dénoncent sa gestion lorsqu’il était à la Maetur, ne semblent pas pour le moment convaincre le chef de l’Etat.

© Source : La Météo



06/07/2010
0 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 299 autres membres