Cameroun : Qui protège la Fécafoot ?

Cameroun : Qui protège la Fécafoot ?

Cameroun : Qui protège la Fécafoot ?Une seule et même idéologie a, de tout temps, animé leurs actes : celle de l’argent. L’argent facile du football, l’argent qui coule à profusion, l’argent net de tout contrôle…

La Fécafoot favorise, de ce fait, une culture d’entreprise spécifique, faite de prédation et d’insouciance. Un laboratoire morbide où tous, tutelle et Fécafoot, communient dans la sainte religion du flou, du faux, de l’impunité. Tous n’ont pour dieu unique que l’argent. Par conséquent, le choix des hommes, à tous les niveaux, le style managérial et tous les autres procédés administratifs et financiers concourent à fortifier et à pérenniser cette culture d’entreprise.

Le sentiment général, pour tous ceux qui ont, peu ou prou, visité ce système, est que le gouvernement laisse aller et laisse faire ; il serait même complice des prédateurs. Alors que l’« Opération Epervier » inquiète, jusqu’aux plus hautes sphères de l’Etat, les gestionnaires des deniers publics, les dirigeants de la Fécafoot dorment paisiblement sur leurs deux oreilles, prétextant que nul, en dehors de leur sérail, n’est habilité à leur demander des comptes sur la gestion de ce patrimoine national ! Ce sentiment que partagent les Camerounais les pousse à croire que leur justice est atteinte de myopie lorsqu’il s’agit de football.

Toutes ces procédures engagées et jamais abouties ou carrément stoppées, ont convaincu certains observateurs dépités, que l’épervier camerounais est à « serres chercheuses ». Cette impunité, malgré l’avalanche des preuves chaque jour plus accablantes, ne trouverait elle pas son fondement dans la peur que la seule évocation de la Fifa fait peser sur le gouvernement camerounais ? En ayant suspendu par deux fois le Cameroun, à la suite de « l’immixtion des politiques dans la gestion du football », la Fifa n’a-t-elle pas convaincu les dirigeants de la Fécafoot de son soutien aveugle et inconditionnel ? L’Etat camerounais n’a-t-il pas lui-même intégré cette logique, au point de conditionner toute réforme, toute velléité rédemptrice à ce qu’en dirait la société de Zurich ? Ce n’est qu’une vue de l’esprit sur laquelle surfe allègrement la Fécafoot. La Fifa n’a jamais favorisé pas plus qu’elle n’encouragera la corruption au sein de ses associations et des associés. Zurich n’a jamais imposé aux Etats de surseoir à leurs lois dès lors qu’il s’agit de poursuites pénales ! La Fécafoot n’étant pas le reflet de l’éthique et de la doctrine en vigueur à la Fifa en matière de gestion des fonds associatifs, ses dirigeants sont civilement et pénalement responsables de leurs actes et passibles de poursuites judiciaires. Ils peuvent en répondre devant les juridictions nationales sans que la Fifa se sente offensée…

Il est clair, au moment de conclure cet ouvrage, que ce qui a le plus manqué à nos gouvernants et aux instances décisionnaires à tous les niveaux, c’est du courage. Il en faut une sacrée dose si l’on veut extirper toutes les gangrènes qui  minent le football camerounais. En terminant le rapport qu’elle adressa à Sepp Blatter, celui qui devait lui permettre de prendre la mesure du mal, Brigitte Mebande alla jusqu’à lui faire la proposition de « suspendre le Conseil d’administration, dans son ensemble ; de suspendre le Bureau Exécutif, dans son ensemble »…

La députée s’est, depuis lors, ralliée au camp qu’elle combattit de toute son énergie de commissaire aux comptes désabusée. Mais, au moins prit-elle ses responsabilités, en ces temps-là. Comme le fit un certain…Joseph Owona. L’homme d’Etat, aux risques de s’aliéner son Premier Ministre, prit son bistouri de chirurgien du droit et s’en alla vaillamment tenter d’opérer, in vivo, une gangrène déjà bien métastasée.

© Source : Le Jour


12/07/2010
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