Cameroun: Que vous inspire la valse des nominations des dirigeants des sociétés d’état en charge du logement social ? - Par Pr Théophile YIMGAING MOYO

DOUALA - 16 MARS 2012
© Pr Théophile YIMGAING MOYO | La Nouvelle Expression

Tous ceux qui ont eu à me suivre et à m’écouter savent bien mon avis au sujet de l’habitat et du «logement social» au Cameroun. En effet tant que la «question du logement social» sera de façon récurrente à l’ordre du jour sans que jamais soient remis en question les rapports de production dont elle est directement le produit, tout effort tel qu’il soit sera vain, ceci dans la mesure où la production des logements, comme celle de n’importe quelle autre marchandise dans le système d’économie libérale, est soumise à la logique du profit.



Theophile Yimgaing Moyo
Photo: © LNE
Le Chef de l’Etat a manifestement fait du problème du logement social au Cameroun une des priorités du nouveau septennat, en témoigne la série de nominations depuis trois mois, de nouveaux responsables des structures en charge de l’habitat.

Tous ceux qui ont eu à me suivre et à m’écouter savent bien mon avis au sujet de l’habitat et du «logement social» au Cameroun. En effet tant que la «question du logement social» sera de façon récurrente à l’ordre du jour sans que jamais soient remis en question les rapports de production dont elle est directement le produit, tout effort tel qu’il soit sera vain, ceci dans la mesure où la production des logements, comme celle de n’importe quelle autre marchandise dans le système d’économie libérale, est soumise à la logique du profit.


Le retard que nous observons dans la réalisation des logements dits sociaux résulte dont de la mauvaise définition du problème à résoudre.Au Cameroun le déficit en logements «sociaux» est de l’ordre de 3 millions en incluant les mal-logés. Il faudrait ainsi envisager la construction de 150 000 logements de «cette catégorie» par an, pour ne pas voir s’aggraver de façon chronique le problème, et plus encore procéder des à présent a la construction annuelle de près de 500 000 logements pour le résorber la crise en fin de septennat.Or, depuis 1952, date de création des SIC, à peine 16000 logements abusivement dits «sociaux» ont été construits, soit à peine 260 logements en moyenne par an.

N’est il pas temps que l’on se pose les vraies questions, car plus le temps passe plus les crises s’aggravent particulièrement celle du logement destinés aux ménages les plus précaires, et deviennent sources latentes d’explosions sociales ;Actuellement, la majorité de la population urbaine est pauvre, démunie et ne peut ni se soigner, ni trouver du travail, ni manger à sa faim, ni se loger décemment, et l’Etat n’a pas les moyens suffisants pour réaliser des projets sociaux d’envergure.Or Il faut rapidement construire pour les plus défavorisés, les désœuvrés, dont le nombre ne cesse de croître et qui peuplent les «sous quartiers» de nos villes. Des solutions existent et nous pourront y revenir si le besoin se fait sentir.Il faut bien déjà reconnaître et admettre que les logements en construction aujourd’hui dans le cadre de l’opération 10 000 logements ne sont nullement des logements «sociaux», et les bonnes intentions ne suffisent pas.

Ceux qui sont en charge de ce problème ne doivent pas ignorer que ces projets proposés ont un coût réel ; celui du foncier, des matériaux, de la main d’œuvre, des études qui fait que tout logement est ainsi un objet à valeur marchande ;Il faut se rendre à l’évidence et voir que les logements actuellement en construction ne coûteront jamais moins de 25 millions de FCFA l’unité.Un camerounais avec un salaire minimum interprofessionnel garantie, de 30 000 FCFA devra payer ce logement durant prés de 280 ans ; or des camerounais touchant le Smig peuvent être considérés dans notre pays, comme des privilégies, et ils ne sont pas nombreux.Un médecin avec un salaire mensuel de 250 000 FCFA devra payer le même logement durant 35 longues années ;

A mon humble avis, seuls des états généraux de la profession du cadre bâti et de l’habitat avec la participation de architectes, des urbanistes, d’ethnologues de l’habitat, de socio-économistes, tous ayant une expérience avérée dans le domaine de logement social, devra se pencher sur la redéfinition des différents aspects du problème : à savoir : celui de la loi foncière actuelle, une loi fondamentalement antisociale et inadaptée pour une quelconque véritable politique sociale urbaine. Celui de la redéfinition des principaux concepts et de l’analyse du secteur de l’industrie de matériaux de construction aujourd’hui inexistante et finalement celui de la valorisation des matériaux et matériels produits localement mieux adaptés à nos modes de vie et certainement moins chers. Voila quelques pistes à explorer nécessairement pour espérer.


Pr YIMGAING MOYO Théophile
Architecte DPLG, Urbaniste IUP
Président de l’Ordre National des Urbanistes du Cameroun,
Ancien Président de l’Ordre National des Architectes du Cameroun
Président du MOCI



18/03/2012
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