Cameroun : préparons nous au départ !

Cameroun : préparons nous au départ !

Cameroun : préparons nous au départ !Mesdames et Messieurs, préparons nous au départ !
S’il est vrai que le discours de fin d’année du chef de l’Etat est attendu par les citoyens que nous sommes, quelle que soit notre appartenance politique, il faut reconnaître que le discours du 31 décembre 2010 aura été une déclaration singulière.

En décembre 2009, comme au cours des années précédentes, le président Paul Biya parlait clairement de l’inertie comme frein à l’action gouvernementale. En décembre 2010,il a changé de vocabulaire mais le fond de sa pensée reste le même. Cette année 2010, il signale que:« dans les circonstances présentes la sousconsommation des crédits est incompréhensible ». Au PDC nous disons qu’il s’agit de l’inertie des banquiers. Mais nous affirmons aussi que l’Etat est seul habilité à donner une direction à la macroéconomie. Au PDC nous estimons que l’Etat pourrait prélever une forme d’impôt ou de taxe sur les fonds des banques dont les réserves sont excédentaires et qui n’accordent pas un taux plancher de crédits fixé par le pouvoir exécutif et prescrit au besoin par la loi. L’Etat de son côté pourrait rendre plus de camerounais « bancables » en leur fournissant une carte nationale d’identité, avec noms, prénoms, date, lieu de naissance, adresse et créer plus de conditions de solvabilité accessibles à tous les citoyens quelle que soit leur classe sociale, par la promotion de l’auto-emploi et la mise en place d’autres outils sociaux d’insertion citoyenne.

Les taxes prélevées sur les fonds excédentaires des banques pourraient servir à  créer un Fond National de garantie du crédit au Cameroun. Une adresse, élément fondamental pour localiser une personne, reste impossible à instituer au Cameroun après 50 ans d’indépendance. Ailleurs dans le monde, un citoyen sans adresse n’est pas « bancable ». Les notions d’urbanisation et de plan d’occupation des sols ne sont pas appliquées au Cameroun : les conséquences en sont des villes désorganisées où aucune adresse n’existe. Au Cameroun de 2011, les mairies restent des lieux de confiscation du pouvoir et non des lieux de conception et d’organisation de la cité. Comment une banque retrouverait-elle, en cas de problème, le citoyen lambda sans carte nationale d’identité, sans adresse et autres indications élémentaires.

Le président de la république poursuit en affirmant que : « La mise en oeuvre de grands projets a connu un effet retardateur sur leur démarrage, à quoi s’est ajoutée – il faut bien le dire – une certaine passivité de quelques responsables ». Au PDC nous disons qu’il s’agit de l’inertie des grands commis de l’Etat et des membres du gouvernement nommés par le chef de l’Etat lui-même. « Je suis déterminé à faire sortir de l’ornière plusieurs dossiers qui stagnent depuis trop longtemps. »

Au PDC nous disons que seule l’inertie des grands commis de l’Etat et des membres du gouvernement nommés par le chef de l’Etat lui-même fait stagner ces dossiers. « J’aimerais par ailleurs être sûr que nos grands projets font l’objet d’un suivi suffisamment volontariste ». Au PDC nous disons encore une fois qu’il s’agit de l’inertie des grands commis de l’Etat et des membres du gouvernement nommés par le chef de l’Etat lui-même qui illustre le manque de volonté dans le suivi des dossiers. « Le manque de logements sociaux est aussi l’une des plaies de notre société.

Je compte bien rouvrir ce dossier qui a fait l’objet de dérives inacceptables ». Au PDC nous disons que seule l’inertie, la corruption et la mauvaise volonté des grands commis de l’Etat et des membres du gouvernement nommés par le chef de l’Etat luimême ont fait geler ces dossiers de façon inacceptable. « La corruption, toujours elle, sans cesse renaissante et qui s’est étendue, semble-til, aux marchés publics. Nous continuerons à la traquer sans pitié. » Au PDC nous disons que seule l’inertie du système et de celui qui l’incarne est la cause de cette corruption sans cesse renaissante qui s’est étendue aux marchés publics. Nous doutons de la volonté du pouvoir de vouloir véritablement traquer les corrompus et les prévaricateurs.Nous nous posons d’ailleurs la question de savoir pourquoi le chef de l’Etat a ajouté le « semble t-il ω ». « Nous allons devoir rattraper notre retard. »

Au PDC nous disons que seule l’inertie des grands commis de l’Etat et des membres du gouvernement nommés par le chef de l’Etat lui-même est la cause de ce retard. La question qui suit s’impose d’elle-même : un système qui a démontré son incapacité à sortir de l’inertie peut – il encore promouvoir le progrès et impulser une dynamique politique et économique nouvelle ω Un tel régime politique est –il capable de réaliser le DSCE dont l’objectif serait le progrès en 2035 , est-il en mesure « d’implimanter » le fameux document de stratégie pour la croissance et l’emploi, socle de la campagne électorale du parti au pouvoir pour 2011, de corriger les lacunes et de sortir le pays de l’ornière dont a parlé le Président de la République le 31 décembre 2010ω Au Parti des Démocrates Camerounais nous répondons clairement par la négative. Au bout de 28 ans, ce système politique qui a pourtant reçu en son temps l’appui des camerounais tel que le reconnait le chef de l’Etat, a définitivement montré ses limites, son échec est patent.

La seule issue qui lui reste est de quitter le pouvoir en respectant tout simplement le verdict des urnes. L’intérêt du discours du 31 décembre 2010, réside malgré tout dans la reconnaissance par le Chef de l’Etat lui-même, de ses propres manquements et insuffisances. En l’assumant il dit aussi son « mea culpa » et fait preuve d’une certaine humilité. Nous apprécions qu’il affirme ainsi implicitement qu’il est un humain fait de chair et de sang.

Il dément tous les zélateurs de son propre camp qui veulent imposer aux camerounais l’idée que le président Paul Biya est Dieu ou le fils de Dieu venu sur la terre camerounaise pour sauver tous les camerounais et que sans lui à la tête de l’Etat, le Cameroun explosera et brûlera dans le feu éternel. Ces hommes ont désacralisé le divin et sacralisé un humain. Ils ont laissé proliférer dans notre pays des sectes, des confréries secrètes, des déviances et autres croyances douteuses. Ils ont décrété la mort de Dieu. En se comportant ainsi ils détruisent la morale et effacent la distinction entre le bien et le mal. Or cette barrière entre le bien et le mal est nécessaire à une saine gestion de la société et de la vie en collectivité. Le président de la république nous rappelle que l’année 2011 est une année décisive.

Voici ce qu’il déclare : « La Nouvelle Année sera aussi celle des élections et particulièrement de l’élection présidentielle, moment crucial de notre vie démocratique. Pour donner à celle-ci toute sa signification, il est important que la participation électorale soit aussi élevée que possible. C’est pourquoi je vous invite instamment à vous inscrire sur les listes électorales. Le droit de vote, ne l’oubliez pas, est l’un des droits fondamentaux du citoyen que celui-ci a le devoir d’exercer. » Le PDC a eu raison lorsqu’ à maintes reprises, dans les médias, il a affirmé que les élections présidentielles ne seront pas anticipées.

Au PDC nous demandons aux citoyennes et citoyens camerounais de s’inscrire sur les listes électorales et de trouver trois scrutateurs : un homme , une femme et un jeune par bureau de vote. Mais sur le terrain il existe un écueil majeur qui empêche les inscriptions sur les listes électorales : un nombre important de camerounais ne possède pas de carte nationale d’identité. Or, il faut une carte nationale d’identité pour s’inscrire sur une liste électorale.

Le Parti des démocrates camerounais demande à l’Etat d’instituer la gratuité de la carte nationale d’identité et la facilitation de l’obtention d’une copie d’acte de naissance. La gratuité de la carte nationale d’identité permettra à l’immense majorité des camerounais de s’inscrire sur les listes électorales et de réaliser leur devoir civique en allant voter. Le chef de l’Etat annonce plus loin:« Pour que ce scrutin soit incontestable, jecompte beaucoup sur ELECAM qui bénéficiera de l’appui nécessaire de l’administration et des partis politiques lors des opérations électorales.

J’ai toutes raisons de croire que les prochains mois suffiront à ELECAM pour mettre la dernière main à son dispositif sur le terrain. Nous aurons bien entendu l’occasion de reparler de tout cela ». Au Parti des démocrates Camerounais ( PDC) nous estimons que les conditions à mettre en place pour que le scrutin soit incontestable et que ELECAM soit crédible sont les suivantes :

1. Instaurer la gratuité de la carte nationale d’identité

2. Interdire l’installation des bureaux de vote dans les domiciles privés de tous ceux qui sont identifiés comme « élites » dans les circonscriptions administratives , dans les domiciles de tous les fonctionnaires et assimilés , dans les domiciles des commerçants et autres hommes d’affaires, dans les domiciles de tout citoyen susceptible de pratiquer un quelconque trafic d’influence partisan à l’endroit des électeurs

3. Interdire la création des bureaux de vote fictifs

4. Publier au plus tard au 30 avril 2011 et afficher à l’usage du public, la liste complète et exhaustive de tous les  bureaux de vote sur toute l’étendue du territoire national.

5. Réaliser une refonte des listes électorales en excluant les décédés et autres cas prévus par la loi
6. Limiter effectivement le nombre d’inscrits par bureau de vote à 500 électeurs maximum dont les noms prénoms, date de naissance et lieu de résidence sont enregistrés

7. Réaliser grâce à l’outil informatique un rapprochement bimensuel des listes des inscrits de tous les bureaux de vote à l’échelon national afin d’éliminer les doublons et autres inscriptions abusives.

8. Afficher officiellement sur des tableaux d’affichage extérieurs, afin d’en rendre la consultation ouverte à tout citoyen, en mairie , auprès du chef de quartier , du chef de village, les listes des bureaux de votes et la liste des inscrits par bureaux de vote dès le 1er mars 2011

9. Afficher la progression des listes électorales au fur et à mesure que s’inscrivent les citoyens à partir du 1er avril 2011.

10. Installer à l’échelon national aux côtés des 12 membres désignés par décret présidentiel: avec les mêmes droits et les mêmes devoirs, deux citoyens par département - soit 116 au total pour les 58 départements camerounais -, l’un représentant les partis politiques et l’autre représentant la société civile, sachant que ces représentants seront élus à bulletin secret parmi les militants présentés par les partis politiques légalisés quel que soit le nombre des partis et les organes de la société civile reconnus comme tels.

11. Les modalités pratiques seront régulièrement  réajustées par cette commission élargie de 12 + 116 membres chargée de gérer ELECAM et qui élira en son sein le président effectif d’ELECAM en lieu est place de celui désigné par décret .
12. Organiser la formation de scrutateurs des bureaux de vote à l’échelon national. Au PDC nous sommes du même avis que le chef de l’Etat quand il déclare que les élections doivent être libres, démocratiques et transparentes.

Le discours du chef d’Etat du 31 décembre 2010 signale les insuffisances du système politique et gouvernemental ayant  géré le Cameroun pendant 28 ans. Ce discours souhaite que le « scrutin soit incontestable … ». Le discours de la fin d’année 2010 nous rappelle celui de la fin de l’année 1990 où le Président de la République demandait aux hommes de son camp de se préparer à la fin du parti unique et à l’arrivée du multipartisme. Nombreux furent ceux là qui après ce discours de 1990 organisèrent des marches pour dire non à la démocratie.

La teneur du discours de fin d’année 2010 évoque la fin des 28 ans de l’ère Biya. Le chef de l’Etat l’a compris et annonce courageusement la fin d’une époque en disant : que le meilleur gagne car moi Paul Biya j’ai tout essayé mais entouré d’une équipe inerte, entouré par la corruption, toujours elle, sans cesse renaissante et qui s’est étendue, entouré de dérives inacceptables, entouré d’une certaine passivité de quelques responsables, contraint de sortir de l’ornière plusieurs dossiers qui stagnent depuis trop longtemps, je n’ai pas pu réaliser ce que les camerounais attendaient de moi. Les camerounais m’ont soutenu mais mon équipe a échoué.

Seuls les éternels zélateurs du Président de la République qui  craignent pour leur avantages matériels accumulés après 28 ans d’inertie au détriment du peuple, refusent de croire ce que l’homme du 6 novembre a compris et annonce aux Camerounais : « Mesdames et chers Messieurs préparons nous au départ » ! Je souhaite mes voeux les meilleurs à tous les camerounais pour l’année 2011.

Louis Tobie MBIDA sur le terrain Mokolo s’adresse aux Bayam-Sellam, Mokolo 19 décembre 2010
 Louis Tobie MBIDA sur le terrain Mokolo s’adresse aux Bayam-Sellam, Mokolo 19 décembre 2010
Louis Tobie MBIDA sur le terrain Mokolo s’adresse aux Bayam-Sellam, Mokolo 19 décembre 2010
Louis Tobie MBIDA sur le terrain Mokolo s’adresse aux Bayam-Sellam, Mokolo 19 décembre 2010
Louis Tobie MBIDA sur le terrain Mokolo s’adresse aux Bayam-Sellam, Mokolo 19 décembre 2010
Cameroun : préparons nous au départ !

Louis Tobie MBIDA Président  du Parti des démocrates camerounais

© PDC : Louis Tobie MBIDA Président du Parti des démocrates camerounais


10/01/2011
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