Cameroun : Pourquoi les banques camerounaises n’inspirent- elles que la peur et la méfiance ? (1ère partie)

Cameroun : Pourquoi les banques camerounaises n’inspirent- elles que la peur et la méfiance ? (1ère partie)

Jean Marie Moukam:Camer.beLe système bancaire camerounais est caractérisé jusqu’à la fin des années 80 par la prédominance des banques à capitaux publics (B.C.D, CAMBANK…), une politique monétaire interventionniste, et surtout le non-respect des normes prudentielles. La conséquence immédiate de cette situation fut le manque de transparence dans la gestion et l’octroi des crédits, les services financiers de mauvaise qualité et l’accumulation des actifs non-performants. A titre d’exemple, les crédits octroyés et non remboursés étaient évalués en 1980 à plus de 5.6 milliards de FCFA et de près de 38 milliards en 1990.Cette situation s’explique par une distribution incontrôlée des crédits pour des projets fictifs ou fantaisistes, sans études sérieuses capables de mesurer le degré d’élasticité de l’investissement par rapport aux taux d’intérêts bancaires.

Par ailleurs, la politique dirigiste et hasardeuse de la BEAC a conduit à la dégradation de la zone d’émission du CFA, l’expansion rapide du crédit intérieur et la défaillance des mécanismes de gestion monétaire.

Par conséquent, le compte d’opération qui   jusque-là était créditeur (305,8 milliards) est devenu débiteur (58 milliards) à partir de novembre 1987.
Le taux de couverture du FCFA est passé de 63% à 13 % alors que les statuts de la BEAC imposaient un minimum de 20 %.

Dès lors s’enchaina La faillite des banques : BCD, SCB, PARIBASCAM, first investment Bank,BIAO , crédit agricole du Cameroun, Cambank ,BMBC…
Les pertes dues à l’ensemble du secteur bancaire se chiffraient à 53 milliards en 1990.Une grave crise de confiance s’installa alors entre les clients et les banques.

Pour faire face à cette situation, l’Etat décida à travers la société de recouvrement des créances d’absorber les passifs des banques en faillites.
Cependant, les besoins de financement étaient élevés:490 milliards dont 185 milliards pour les banques à liquider et 305 milliards pour celles à réhabiliter.

Du coup, sur un taux de restructuration de l’ordre de 513 milliards, la contribution de l’Etat camerounais était de 370 milliards dont 202 milliards de consolidation de concours BEAC et 109 milliards d’abandon des dépôts publics et créances fiscales.

Lors du programme de restructuration engagé en 1990 par le gouvernement, les créances douteuses initialement estimées à 253 milliards étaient de 489 milliards. Par conséquent, les prévisions pour dépréciation représentaient près de 340 milliards de FCFA.

Le vaste programme de réforme initié au début des années 90 a permis l’instauration d’un dispositif de régulation bancaire basé sur les mécanismes de marché consacrant ainsi  l’abandon des instruments de contrôle directs et sélectifs du crédit.

Depuis 1990, la collecte des dépôts est allée decrescendo  pour se chiffrer aujourd’hui autour de 42 %.Selon le DSCE  de Philémon Yang, les banques au Cameroun ne participent qu’à 8% au financement de l’économie et ne soutiennent principalement que les projets à court terme (85%). ( à suivre)

© Correspondance : JEAN-MARIE MOUKAM


14/03/2011
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