Cameroun. Port de Kribi :Les fraudeurs des indemnisations démasqués

Cameroun. Port de Kribi :Les fraudeurs des indemnisations démasqués
La reprise du processus d’indemnisation des riverains du site de construction du port en eau profonde de Kribi est l’aboutissement du nettoyage de l’ancienne liste qui était envahie par des  faussaires.

La nouvelle expression

La reprise du processus d’indemnisation des riverains du site de construction du port en eau profonde de Kribi est l’aboutissement du nettoyage de l’ancienne liste qui était envahie par des  faussaires.

Depuis lundi, 22 août 2011, les populations expropriées dans le cadre de la construction du port en eau profonde de Kribi défilent dans la salle des fêtes de la communauté urbaine de Kribi pour percevoir les chèques correspondant au mondant de leurs indemnisations. Cette première tranche porte sur un montant de 1, 795 milliard de Fcfa. Bien loin des 14 milliards à mobiliser. Une opération qui avait débuté en fanfare en décembre 2010. Mais qui avait été brutalement interrompue.

Les grincements de dents avaient commencé lorsque le 13 décembre 2010, le ministre de l’Economie, de la planification et de l’aménagement du territoire (Minepat), Louis Paul Motaze, président du comité de pilotage,  était descendu sur le terrain  « pour informer les populations des modalités des opérations de recensement  des personnes concernées et du processus de paiement...» des indemnisations. Tout semblait donc  baigner dans de l’huile.

Pour donner plus de transparence à l’opération, le directeur du projet qui gère la cellule opérationnelle sur le terrain,  Nlend Banack, avait cru devoir rendre publique  cette première liste des personnes à indemniser. C’est alors que nombre d’autochtones se sont étonnés des grosses sommes dont bénéficient certains « voisins » dont ils n’avaient jamais entendu parler. Les éclats de voix, suivis de vives protestations parties des villages, sont parvenues à la présidence à Etoudi, remettant en cause la liste des personnes à indemniser et surtout, le flou dans le recensement des bénéficiaires.


Toute chose qui avait intrigué les riverains et jeté un sérieux discrédit sur la procédure d’identification et de recensement des véritables victimes de l’expropriation dont les experts s’accordent à dire que c’est la plus onéreuse de tous les grands chantiers initiés au Cameroun. Surtout ceux dits structurants qui constituent un défi pour la politique « des grandes  ambitions » si chère au président Biya en cette année électorale.

Mesures conservatoires

La question a été tellement prise au sérieux que la présidence de la République a fait interrompre le processus d’indemnisation. Et comme mesures conservatoires, les comptes des particuliers qui avaient été enregistrés dans le cadre des premiers paiements, avaient été bloqués, et certains chèques déjà touchés récupérés, en attendant que les choses soient à nouveau tirées au clair.

C’est ainsi que sur instruction du président Paul Biya, des missions d’enquêteurs, l’une  de la sous-direction des enquêtes économiques à la Direction de la police judiciaire (Dpj) et l’autre de la Direction générale à la recherche extérieure (Dgre), entre autres enquêteurs, se sont succédées sur le terrain. Tous les acteurs qui avaient participé au processus  d’identification et de recensement des ayants droits, ainsi que les responsables de différentes administrations chargées de l’établissement  des titres fonciers du site déclaré d’utilité publique (Dup), avaient été entendus.

Des indiscrétions de ces missions révèlent par exemple que plusieurs autochtones figurant sur la liste des indemnisations ne connaissaient même pas où est situé leur terrain, encore moins leur village supposé. Certaines parcelles décrites comme ayant été mises en valeur, question de renchérir le coût des indemnisations, n’avaient jamais reçu la visite d’un homme. Sans compter que certains prétendus occupants sont restés introuvables. Les enquêtes avaient révélé par ailleurs que les montants les plus costauds dans la liste des indemnisations étaient sujets à caution et devaient être passés au scanner. Les différentes missions d’enquête ont donc bouclé leurs dossiers et remis leur copie au Premier ministre, Philémon Yang, pour la préparation d’un nouveau décret à soumette au visa du président de la République.

De 24 milliards à 14 milliards Fcfa

Lors des « journées de mobilisation des populations riveraines » organisées les 19 et 20 juillet dernier à Kribi, à l’initiative de Grégoire Mba Mba, le représentant des populations riveraines que Biya a nommé dans le comité de pilotage, on a par exemple appris que l’enveloppe des indemnisations, après toilettage, est passée de 24 milliards à 14 milliards Fcfa. Soit une différence sèche de 10 milliards qu’on attribue au paiement des faussaires qui avaient réussi l’exploit, avec des complicités à tous les niveaux des différentes administrations, à constituer de faux dossiers d’indemnisation dont des titres fonciers irrégulièrement établis.

Selon des informations émanant de sources confidentielles, la nouvelle liste serait déjà prête. C’est sur cette base que les indemnisations ont repris. C’est dire aussi que tous les faux dossiers sont déjà aussi identifiés et leurs auteurs démasqués. Les mêmes sources indiquent que des procédures doivent être engagées contre ces auteurs de tentative de détournement de deniers publics et leurs complices.

Le signal a d’ailleurs déjà été donné par le ministre des Domaines et des affaires foncières qui a annulé le 13 juillet dernier une vingtaine de titres fonciers obtenus frauduleusement sur les parcelles à exproprier et publié en même temps les noms de leurs propriétaires. Les mêmes informations indiquent que les prétentions des propriétaires de ces titres fonciers s’élèvent à plusieurs milliards de Fcfa. Le toilettage se poursuit. Et les scellés sont progressivement en train d’être levés sur les comptes d’honnêtes citoyens qui avaient été victimes de dégâts collatéraux.




29/08/2011
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