Cameroun : Pascal Sokoudjou , Monsieur Le président nous accusons réception de votre lettre

Cameroun : Pascal Sokoudjou , Monsieur Le président nous accusons réception de votre lettre Excellence, Nous avons l'honneur de venir par la présente vous signifier notre gratitude pour la lettre que vous avez eu l'amabilité de nous adresser. La qualification des lions, exprimant d'une façon évidente la justesse de votre croyance au « figthing Lion spirit » nous donne le prétexte de participer avec vous à cette communion que vous avez voulu transversale, chacun à sa place. Cet exercice est d'autant plus important que comme vous-même le reconnaissiez à l'occasion d'une interview en France, « Dire ce que l'on fait est tout aussi important que ce que l'on fait. » Et justement, là a été durant ces 27 année votre talon d'Achille.

Nous remarquons avec plaisir qu'il y a autour de vous un certain frémissement dans le sens de la correction de ce déficit. Le ministre de la communication nous apporte des réponses au temps de l'actualité, le cabinet civil s'est mis au droit de réponse, des ministres de tout bord n'hésitent pas à répondre aux sollicitations de la presse afin d'éclairer nos lanternes quand l'actualité le demande. Il n'y a pas meilleure parade aux « prophéties de mauvais aloi qui n'ont d'autre but que de semer le doute, la peur, voire le désespoir. »

Monsieur le président, parlant des causes de l'insatisfaction qui a été vôtre quant à la réalisation au rythme souhaité de la plus grande de vos ambitions qui est et demeure « l'épanouissement global de l'individu qui est au cœur du projet de société humaniste proposé dés l'origine par le renouveau » vous citez « en particulier l'inertie, la corruption et le détournement des biens publics » Vous me permettrez Monsieur le président de dire que vous avez omis la plus importante à nos yeux de ces insuffisances : Le népotisme. En effet, il nous semble que celle-ci est à l'origine des autres. Si nous sommes d'avis avec vous que « l'avenir du Cameroun est entre les mains de chacune et de chacun d'entre nous, qu'il est de notre responsabilité collective. Que chacun à sa place, et tous ensemble nous devons œuvrer activement à son édification » le choix de ceux et de celle devant animer le catalyseur public qu'est l'Etat est déterminant. En effet, ces hommes et ces femmes ont la responsabilité première d'insuffler à la machinerie administrative le « figting lion spirit » qui est désormais notre credo.

Et qui mieux que vous sait que sans l'intervention directe du père lion, les lions avec le même potentiel, du fait de bizarrerie administrative aurait depuis fort longtemps perdu ce « Hemlé » que vous entretenez si jalousement ? Et pour se faire, vous avez dû faire entorse à un de vos principes qui est de privilégier les nationaux au poste de responsabilité. Si ! Si ! Nous savons par exemple que c'est à votre corps défendant que vous vous étiez rangé à l'argument des dirigeants de AES qui pour vous convaincre d'adoubé leur choix d'un directeur américain à la Sonel faisait valoir les rivalités ethniques qui risquait de nuire à la bonne marche de l'entreprise si un Camerounais y était porté en remplacement de M. Bilé.
Monsieur le président, les lions sont représentatifs de votre jeunesse, conquérante, déterminée.

Elle a besoin comme le dit Valséro que vous vous départez de votre humilité légendaire afin que vos actions en sa faveur soient sues et pourquoi pas critiquées. Donnez leur la même chance que celle donné aux Etame Mayer, Assou Ekotto, Achille Emmana et autres qui ont tous failli passer à la trappe du népotisme et vous verrez les résultats. Pour vous en convaincre, il y a quelques temps, j'écrivais l'article ci-dessous. Certainement victime de la peur et du doute distillés par « les prophètes de mauvais aloi » j'hésitais à le publier. Je me laissais convaincre de ce que les alter-Biyaïstes auraient bien pu nous renvoyer ce titre à la figure si jamais l'affaire de l'albatros s'était achevé pour nous en eau de boudin comme le fut pour les américains la mort du président Kennedy. Galvaniser par vos propos selon lesquels l'esprit lion nous montre « qu'ils ne sont jamais aussi forts qu'en période de doute et qu'ils savent se relever chaque fois qu'un faux pas est perpétré » nous aimerons partager avec vous cette réflexion qui, nous le croyons épouse les contours de vos préoccupations. Je vous le tiens en annexe.

Excellence, convaincu de ce que « désormais vous veillerez de plus prés à la mise en œuvre des grands chantiers identifiés et dont les effet bénéfiques aideront à l'édification du Cameroun des années à venir. » nous avons aussi la certitude qu'à votre habitude, vous ne faillerez pas. Il ne s'agit pas de vous mais de la solidité de l'échafaudage sur lequel vous vous appuyez pour nous conduire au cime de la félicité. Lisez plutôt.
It is a case when chiken return home

« Je vous ai souvent parlé des obstacles qui se dressent sur la route de notre progrès et qui ont pour noms inertie administrative, fuite devant les responsabilités, intérêts personnels, laxisme, et j'en passe. Mais le plus redoutable de ces maux, par ses conséquences et par la difficulté à l'extirper, est sans aucun doute, la corruption qui compromet notre développement et nuit à l'image de notre pays. La poursuite de la lutte contre ce fléau sera notre troisième priorité. Et il ne faut pas croire qu'elle se limitera à quelques exemples emblématiques. Nous continuerons à la traquer là où elle se trouve et à la sanctionner comme elle le mérite » Tel est diagnostic que fait le président Biya des causes de notre sous développement malgré notre potentiel économique. Le temps de l'action est arrivé.

L'épervier semble focaliser l'attention de l'opinion médiatique, masquant l'autre aspect : La chasse aux tricheurs à l'entrée du service public. Si le laxisme, l'irresponsabilité, la recherche effrénée de l'intérêt personnel nuisent à la nation, l'impotence des cellules effectrices de notre administration affaiblit l'Etat. Notre propension à nous enliser dans des querelles byzantines ne traduisant que cet état de chose. Le président a donc décidé de passer à une autre phase de la construction nationale : Le tri désormais méticuleux des postulants au service public. Le ministre de la fonction publique a été instruit d'être dorénavant plus regardant sur les Cv des différents postulants à l'entrée dans l'administration. Le résultat est stupéfiant. Une ingénierie de faux diplômé est entrain d'être mise à nu.

Nous assistons scandalisés à l'audace des faussaires qui ne reculent même pas devant les portes du système sécuritaire. Sans appréhension aucune, ils s'avisent pouvoir tromper la vigilance des fins limiers de la gendarmerie. Précisons à toute fin utile que la gendarmerie est en deuxième ligne dans le système de renseignement. Que des personnes croient donc pouvoir les tromper aussi facilement veut dire au moins qu'ils savaient sur quoi compter. Nous en étions à chercher à comprendre que la presse nous révélait une vérité déconcertante : Des petits malins avaient réussi à s'infiltrer dans le saint des saints sans CEPE, en falsifiant des BEPC. Qu'un bon nombre de personnes puissent avoir accès à des informations névralgiques sans avoir jamais fait le B A BA des humanités avec par conséquent une assise idéologique bâtie sur des bases à la solidité non éprouvée ne pouvait produire que des accidents comme celui de la mallette présidentielle.

L'auteur s'imaginait-il seulement les conséquences dévastatrices de la suspicion qu'il portait ainsi au sein de l'entourage immédiat du chef si le grappin ne lui avait pas été mis dessus ? Sa formation lui permettait-elle de voir au-delà de quelques billets de banque qui croyait-il allait être remplacé par un simple coup de fil ? A posteriori, le choc émotionnel l'ayant conduit à la tentative de suicide une fois la forfaiture découverte montre bien qu' il a été plus une victime inconséquente qu'autre chose. Ce qui n'est pas le moins inquiétant. C'est certainement le même état d'esprit qui anime ceux qui aujourd'hui prennent plaisir à cambrioler les édifices publics. Mais de là à forcer les coffres de la DGRE, de l'Etat major Il y a plus que de la naïveté. Il se dégage comme une gangrène corruptrice du corps étatique sur laquelle surfent certaines intelligences malignes. Apparemment, il n'y a pas que le sens de l'Etat qui se soit délité. La peur même du gendarme a foutu le camp. Et pourtant, le Camerounais n'est pas particulièrement connu pour avoir l'esprit kamikaze. D'où puisent-ils donc cette témérité à aller jouer à Rambo dans des forteresses sécuritaires ? Ou alors se disent-ils qu'il n y a pas de répondant en face ? Le questionnement ici nous ramène à l'efficacité du système de sécurité. Nos sécurocrates ne devraient pas faire de ces questions un tabou. Dieu merci, le Ministre Mebe Go'o semble avoir pris la mesure du problème.

 En publiant le pamphlet accusateur des recalés de la gendarmerie, la rédaction du Jour faisait remarquer qu'au-delà de la question des personnes, les modalités de recrutement dans nos forces de défense devaient être questionnée. Ce serait en effet se mettre le doigt dans l'œil que de se satisfaire de la réponse suggérée par le caricaturiste du Jour qui fait dire à un responsable de l'armée en réponse à ceux dénonçant l'impression du deux poids deux mesures dans le traitement de ce dossier que « les gens se dépassent ». Parce que, un recalé qui sait que son vis-à-vis resté dans les rangs n'a aucune aptitude physique et intellectuel n'éprouvera aucune gêne à le défier le moment venu.

Et ce sera le début de l'anarchie. 

 La question est donc comment en est-on arrivé là ? Les contremaîtres au chantier de la construction de notre administration la concevaient-elle comme un système efficient, à même de se défendre et de garantir à la nation la sécurité (physique, alimentaire, et éducationnelle) qu'elle est en droit d'attendre d'elle ? En d'autre terme, l'efficacité était-elle leur souci ? Si oui comment comprendre que pour aider sa cousine sans diplôme on ait cru pouvoir la recruter à la présidence en lui faisant fabriquer de faux diplôme. Est-ce l'aider ou aider l'Etat dont on est serviteur ? S'ils l'ont fait au niveau de cet organe noble et hyper vitale de l'Etat qu'en est-il des organes secondaires sous jacent ? En effet, si un homme perd sa tête, il devient légume. Mais si son rachis est atteint, il devient paralysé. Et si tous les autres organes sont insuffisants (Insuffisance rénale, cardiaque, hépatique, etc à causes d'une masse critique de cellules effectrices impotentes) la morgue n'est pas loin si la réanimation n'est pas intensive. Et dans ce cas, aucune main n'est de trop. Parole de toubib !

Aucun segment organisationnel de notre espace public n'échappe à cet atavisme. La stigmatisation par le président lui-même de la démission de la majeure partie d'entre nous de notre devoir citoyen nous réconforte quant à la justesse de notre approche. Qui a donc intérêt à ce que nos organisations publiques en commençant par la plus sacrée d'entre toute repose sur des bases humaines fragiles ? Et si c'était une stratégie pour que le privée prime toujours sur le collectif ? Il est loisible de constater que quand il s'agit de leur affaire privée, les partisans de telle pratique dans le domaine public s'entourent des meilleurs. Et si les organisations privées devaient se construire sur les compétences interdites au sacerdoce publique, il est à craindre que la tendance mondiale à la privatisation de la force par l'intrusion des sociétés de gardiennage ne produise chez nous un schéma où, s'appuyant sur des ressources humaines aptes évoluant dans un cadre organisationnel plus efficient, ces organisations ne fassent perdre à l'Etat le monopole de la force.

La puissance publique serait alors face à une concurrence inacceptable. Parce que comme le dit Paul Valérie quand l'Etat est faible, nous périssons sous les coups de boutoirs de puissants voulant placer leur intérêt au dessus de toute autre norme. Or l'Etat en se donnant le monopole de la force, nous a soustrait de la jungle vers laquelle notre élan de mortel nous pousse inexorablement. Fragiliser le gendarme est donc la voie insidieuse pour nous renvoyer à l'état de nature. En Amérique du Sud cela a produit des forces para militaires dont les exactions dans les milieux de la gauche nous donnent encore des frissons. Machiavel concluait sur ce propos en disant que toute principauté voulant se maintenir se doit d'empêcher l'émergence ou l'entrer sur son territoire de toute autre force pouvant rivaliser avec celle du prince.

Insidieusement, des forces de l'ombre essayent de nous convaincre de ce que, au Cameroun, il existerait une autre force à même de mettre à mal le prestige de l'Etat. Et ça, aucun républicain ne peut l'accepter. Comment être utile sur cet objectif que le président place en troisième position sur son agenda? J'entends d'ici certains se frotter les mains en se disant que si l'Etat a semé le vent, ils ne sont nullement tenus de l'aider à récolter le fruit orageux. Sauf que nous sommes tous dans la même barque. Si elle sombre, responsable comme spectateurs boiront la tasse. Et comme le dit Alfred Grosser dans Crime et mémoire, quand la nation va mal, nul ne peut se dire au dessus de tout reproche. Il n'y a donc pas le temps de rechercher des responsables. Notre salut à tous passe par une restauration urgente de la splendeur du dieu étatique. Tous ceux convaincus de l'urgence de cette mission devraient œuvrer à ce que le cap soit mis sur la méritocratie. Pour ce faire, une seule solution, se présenter sous les drapeaux.

© Source : Le Jour

Paru le 18-11-2009 13:19:18



18/11/2009
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