Cameroun, Opération Epervier: Le serpent de mer d'Amadou Ali

Cameroun, Opération Epervier: Le serpent de mer d'Amadou Ali

Amadou Ali:Camer.beLe Garde des sceaux précise: une "cinquantaine de dossiers sont suivis à la phase de l'enquête préliminaire, de l'information judiciaire et devant les juridictions de jugement (tribunaux de grande instance, cours d'appel et cour suprême)." Qui seraient alors les personnalités concernées cette fois par les 50 dossiers dont reparle Amadou Ali ? En attendant de revenir en détail sur la teneur desdits dossiers et les montants supposés détournés dans une prochaine édition, une source assez bien introduite évoque pelle mêle quelques noms: Dénis Oumarou, Iya Mohamed, Louis Bapes Bapes, Roger Melingui, Sam Juma Ignatus, René Mbayen, Fritz Ntonè Ntonè, Charles Metouck, Jean Bernard Sindeu, Biwolé Sida, Fossi Jacob, David Nkoto Emane, Elvis Ngolle Ngolle, Tanyi Mbiayor, Yougkeh Tanfuh Rose épouse Tanyi Mbiyor, Rémy Ze Meka, Kammogne Fokam Paul, Niat Ndjifendji, Célestin Tawamba, Manga Ewolo, Antoine Bikoro, Hamadou Vamoulké, Thomas Owona Assoumou, Mayébi David, Alioum Aladji, Francis Mveng, Mendo Ze Gervais, Mbiam Emmanuel, Rebeca Ndedi, Dieudonné Evou Mekou, Louis Marie Abogo Nkono, Mebe Ngo'o Edgar Alain, Ahmadou Oumarou, Bénoit Tayou, Maurice Kouoh Eyoum, Pierre Edimo, Elisabeth Mongory, Jean Pierre Biyiti bi Essam, Beh Mengue Jean Louis, Marie Thérèse Obama épouse Abena Ondoa, Jérôme Mvondo, Hamadou Evélé.

Déjà il ya quelques années, le ministre de la Justice a, si l'on en croit deux lettres de mission confidentielles signées de sa main en date du 16 septembre 2007, confié à un "expert en intelligence économique" camerounais vivant entre l'Europe et l'Afrique, Francis Dooh Collins, du privé (Strageco), le soin de mener des enquêtes tous azimuts sur la fortune cachée de ses compatriotes - voire de ses collègues du gouvernement.

Une double liste jointe aux lettres de mission. L'une, en anglais, intitulée "File of Economic Criminals Suspected", comprend 61 noms accompagnés de leur état civil et de leur fonction actuelle. L'autre, en français, reprend les mêmes noms, mais agrémentés cette fois de leur photo d'identité, de leur signature et de leur relevé d'empreintes digitales. Ces derniers renseignements étant authentiques, l'origine policière est ici évidente. Quant au contenu de la liste, autant recopier le Bottin politico-économique du Cameroun. Y figurent des banquiers, des directeurs généraux (Impôts, Trésor, port de Douala, coton...), douze anciens ministres, deux conseillers à la présidence, six ministres en exercice (dont celui de la Défense de l'époque, de l'Administration territoriale et le secrétaire général de la présidence, rien de moins), le patron de la Sûreté nationale de l'époque, et même le président de l'Assemblée nationale, numéro deux de l'État. Tous "suspectés de détournement, de corruption et de blanchiment" au détriment de l'État camerounais. Aucune preuve d'aucune sorte, mais un mot -"suspect"- qui fait mal. C'est un véritable coup de tonnerre, compte tenu de l'envergure des personnalités visées, lesquelles sont réputées être des collaborateurs immédiats du président de la République. Et il est impensable qu’une telle mission soit déclenchée sans l'autorisation expresse du président de la République en personne. Alors que la confusion règne sur l'origine des listes, Jeune Afrique Economie annonce, à la Une de son édition "été 2008", "la liste confidentielle" qui comporte les noms de "quelques personnalités dont les comptes bancaires sont examinés à l'étranger."

La présentation de cette liste ressemble à celles qui faisaient état d'un mandat donné par le ministre de la Justice à un "expert" pour investiguer sur les avoirs à l'étranger de certains Camerounais, fonctionnaires pour la plupart. Mais la moindre once de doute n'est perceptible. "Il y a quelques mois, les autorités de Yaoundé ont adressé au directeur du bureau des affaires internationales du ministère américain de la justice une très longue lettre confidentielle, portant le sceau du secret sur chacune de ses pages. La lettre demandait l'appui des services américains d'enquêtes et de recherche (notamment le très redouté Bureau fédéral d'inves¬tigations, plus connu sous ses initiales Fbi) pour engager des poursuites et finaliser des dossiers d'instructions contre un certain nombre de personnalités camerounaises accusées de détournement de fonds publics et malversations financières", peut-on lire. Et comme pour balayer les dernières réserves émises sur la fiabilité du document mis en circulation, et dont on prêtait la paternité au ministre de la Justice, un journaliste de Jeune Afrique Economie explique: "Ecrite dans un anglais approximatif -l'extrême confidentialité de la démarche nécessitait que peu de personnes soient informées de son contenu- cette lettre cite des actes de corruption caractérisée ayant conduit en prison la plupart des personnes incriminées." Pourtant, dans l'interview de 18 pages qu'accorde Amadou Ali à Blaise-Pascal Talla, il n'est pas évoqué cette affaire sur laquelle, le Vice-premier ministre, ministre de la Justice, s'est toujours gardé d'indiquer si les lettres de recommandation brandies par "l'expert" Francis Dooh-Collins étaient bien de lui. Une omission qui laissait bien songeur.

© La Météo : Yves Marc Kamdoum



23/06/2010
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