Cameroun, Marcous Mandéki Moumbang " Elecam et Onel, c’est chou vert et vert chou"

Cameroun, Marcous Mandéki Moumbang " Elecam et Onel, c’est chou vert et vert chou"

Mandeki Marcus:Camer.beMonsieur Marcous Mandeki MBoumbang II que l'on ne présente plus est le Président de la ligue des Jeunes pour le parti AFP (Alliance des Forces Progressistes), une la fusion de six partis comme il le dit lui même qui ont pensé qu’il fallait se regrouper pour déjouer l’un des stratagèmes du gouvernement qui, en permettant la création d’une multitude de partis dans un système de scrutins à un tour, consiste à l’émiettement de l’électorat de l’opposition.Il a accepté de donner son point vue sur l'actualité socio politique et économique du Cameroun.

Bonjour Monsieur et merci de nous recevoir. Vous êtes militant de l'AFP (Alliance des Forces Progressistes) dirigée par Maître Bernard Muna, Pouvez-vous vous présenter à l'intention de nos lecteurs ?

Je m’appelle Marcous Mandéki Moumbang II. J’ai une formation en marketing. Militant de l’AFP comme vous le dites si bien, je suis président de la Ligue des jeunes au sein de ce parti et en tant que tel, membre du Conseil National et du Bureau politique.

Parlant justement de l'AFP (Alliance des Forces Progressistes). Depuis un certain temps, certains patriotes évoquent l'idée d'une coalition des partis politiques de l'opposition pour mieux préparer l'élection présidentielle future au Cameroun. Qu'en pensez vous au niveau de votre formation politique ?

Il faut déjà savoir que l’AFP est la fusion de six partis qui ont pensé qu’il fallait se regrouper pour déjouer l’un des stratagèmes du gouvernement qui, en permettant la création d’une multitude de partis dans un système de scrutins à un tour, consiste à l’émiettement de l’électorat de l’opposition. D’expérience, nous avons constaté que même une coalition n’ébranle pas la stratégie du régime en place qui entend rester au pouvoir par tous les moyens. Il n’empêche qu’en 1992, une coalition a bien réussi son coup, mais c’était sans compter avec la machine à fraudes qu’est le commandement civil de l’Etat. Nous militons par conséquent autant que faire se peut en faveur du regroupement d’un maximum de partis avant toute coalition.

Quel effort faîtes-vous sur le terrain pour amener les autres partis à vous rejoindre?

Notre effort est permanent, même si les fruits ne correspondent pas à l’espoir suscité par les fleurs. Il faut vous dire que le Noir aime beaucoup le pouvoir. Ainsi, chacun des présidents des 240 partis que compte l’échiquier politique camerounais pense devenir président de la République, même si les militants de son parti ne peuvent pas remplir une cabine téléphonique. Néanmoins, nous pouvons vous annoncer que récemment encore, un parti nous a rejoint et une poignée de militants, dont un haut cadre, transfuges du RDPC, a fait autant.

Concrètement que fait l'AFP sur le terrain comme action patriotique? Quels ont été vos moments forts depuis l'existence de votre parti?

Par un premier temps, nous avons axé notre action à inviter d’autres partis à nous rejoindre. Par un deuxième temps, nous sommes en train de nous organiser sur le terrain, en restructurant la base issue de la fusion et en créant de nouvelles structures de base. Nous nous implantons sur toute l’étendue nationale. Notre satisfaction est qu’à peine avoir eu deux mois d’existence, nous nous sommes présentés aux élections législatives et avons été classés 5e parti. Notre implantation est une tâche qui n’est pas sans écueils quand on sait que nous manquons de moyens et qu’il y a désaffection du citoyen, désaffection née de sa déception. Doucement peut-être, mais nous avançons sûrement. Nous nous sommes souvent manifestés par des communiqués dénonçant, déplorant ou félicitant tel ou tel événement, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du territoire national.

Au sein de l'AFP, vous êtes également président de la Ligue des Jeunes comme vous venez de le souligner, pouvez-vous nous présenter cette structure?

Vous savez qu’il y a des problèmes qui sont spécifiques aux jeunes. Sans être exhaustif, je pense à leur instruction, leur formation, leurs activités sportives, leur insertion sociale, le chômage qui les frappe durement. Ces problèmes ne peuvent être mieux pensés que par les intéressés eux-mêmes. Il y a donc la réflexion et l’action, la première précédant la deuxième. C’est ainsi que la structure que j’ai l’insigne honneur de présider alimente le programme et l’action politique de l’AFP. Plus concrètement, sur le terrain, nous essayons de regrouper les jeunes dans des activités de formation et d'animation de quartiers.

L'élection présidentielle est prévue au Cameroun en 2011. Comment l'entrevoyez-vous ?

Nous avons la ferme intention de présenter un candidat à cette élection. Nous sommes en train de nous y employer. Dans la mesure du possible, nous envisagerons, après avoir tenté les regroupements aux fins d’une fusion, la coalition dont vous avez parlé tout à l’heure, même si nous savons qu'elle ne nous garantit pas le succès, le gouvernement ayant obstrué tous les interstices.

Quelle lecture faites vous d'Elecam ?

Nous en faisons une lecture négative, bien entendu. Elecam et Onel, c’est chou vert et vert chou. C’est un organe en trompe - l’oeil, composé de militants du RDPC et des membres du gouvernement rdpciste. On ne peut pas être arbitre et jouer dans un camp adverse.

Parlant de données démographiques, les estimations chiffrent la population du Cameroun à environ 18 millions d'habitants pour moins de 5 millions d'électeurs inscrits. Qu'est-ce qui peut à votre avis expliquer ce décalage ?

L’hebdomadaire « Jeune Afrique » estime même cette population à 19,3 millions, ce qui situe notre électorat potentiel aux alentours de 8 à 9 millions, voire davantage. Nous sommes donc loin du compte, surtout que vous estimez, certainement à la lecture des précédents scrutins, ces inscrits à moins de 5 millions. Je ne crois pas que nous ayons jamais eu 5 millions d’inscrits. La faute à qui ? Au gouvernement. Je ne le désigne pas comme bouc émissaire, mais bien comme coupable qui filtre les inscriptions sur les listes pour s’assurer les électeurs acquis à sa cause. Il y a ensuite la désaffection des citoyen(ne)s due à leur déception de la chose politique. Il y enfin le manque d’organisation, de moyens et de collaboration des partis d’opposition.

Quelle image le Cameroun renvoie-t-il aux yeux du monde quand ses ministres et ses plus hauts fonctionnaires sont emprisonnés dans le cadre de l'Opération Epervier?

On peut vous renvoyer la question en vous demandant comment vous percevez cela. Pour nous c’est l’opprobre. Car cela confirme ce qui a été révélé par Transparency Internetional. Néanmoins ces incarcérations ne sont que l’arbre qui cache la forêt. Nous subissons les conséquences de cette corruption tous les jours dès que nous avons affaire à l’administration ou aux forces de l’ordre. Ce n’est donc pas en épinglant quelques baleines qu’on combattra cette corruption. Cela s’appelle casser le thermomètre pour faire baisser la température.

Parlons un peu du gouvernement actuel. Si on vous demandait de le juger et de lui attribuer une note, quelle note lui attribueriez-vous ?

Ma note est zéro, car, je ne sens pas ce gouvernement dont les ministres passent le temps à présider des réunions qui n’aboutissent à rien ou à installer des responsables qui ne servent à rien. Vous ne pouvez pas citer un seul acte positif posé par un ministre de ce gouvernement, sauf lorsqu’il accède aux injonctions des institutions de Betton Wood. Nous voulons des ministres responsables, comptables de leurs actes.

Tout à l'heure vous avez dit que vous êtes également président de la Ligue des jeunes que vous formez dès l'âge de 15 ans. Pourquoi uniquement les jeunes et non les personnes âgées? Quels sont vos objectifs et moyens et avec qui travaillez-vous sur ces objectifs?

Comme je vous l’ai dit, les problèmes des jeunes sont différents de ceux des adultes. Il nous appartient donc d’identifier ces problèmes de manière sectorielle et de les traiter en conséquence. C’est cela nos objectifs que nous appelons la démocratie participative. Les moyens dont nous disposons sont les mêmes que ceux du parti et dépendent de l’évolution de celui-ci, en matière de cotisations, d’aide et de coopération.

Les valeurs de la morale sont-elles négligées par les jeunes de l'Afrique en Miniature?

C’est une question pertinente qui interpelle les adultes. Les jeunes ne sont pas une génération spontanée, mais des adultes en devenir éduqués par leurs parents, pour ne pas dire par leur aînés. Ils seront ce que nous en aurons fait. Les sociologues disent qu’il faut trente ans pour transformer la mentalité d’un individu, donc trente ans de mutation pour inverser la vapeur. Autant dire que la société actuelle a du pain sur la planche ! Pour ce qui est de l’AFP, notre devise mentionne Dieu. C’est dire que les valeurs morales, pour ne pas dire éthique, mais aussi civiques, sont au centre de nos préoccupations.

Qu'en pensez-vous si on intègre l'Ethique dans le système académique en mettant l'accent sur la morale dans les Lycées et Collèges?

Nos parents avaient la morale, l’instruction civique et la politesse dans leurs programmes. Il me semble que ce sont des personnes bien équilibrées. Pourquoi ne pas réintroduire ces valeurs dans les programmes actuels ? On a parlé tout à l’heure des élections. L’instruction civique nous en apprend la valeur. Quant à la corruption, nous trouvons son remède dans l’éthique. Et la politesse nous apprendra à vivre en en commun, à vivre en société. C’est le lieu de parler de la relecture de notre coopération. Copier sans s’identifier nous fourvoie.

Quelles sont vos observations vis-à-vis des jeunes de l'Afrique en Miniature? Avez-vous une idée de ce qui se passe dans d'autres pays d'Afrique sub-saharienne?

Il faut savoir que nous sommes panafricanistes. Par conséquent nous faisons nôtre tout ce qui concerne l’Afrique, partant, de l’Afrique en miniature, comme il plaît souvent de désigner le Cameroun. Ce que nous observons, c’est que de manière générale, il y a homogénéité antropologico-sociologique en Afrique. Je veux dire qu’à quelques nuances près, les gouvernements et les citoyen(ne)s, chacun(e) en ce qui le/la concerne, se comporte avec une analogie extraordinaire. Il en est de même des problèmes rencontrés. Nous pensons par conséquent que la résolution de nos problèmes passe par les intégrations régionales d’abord et l’unité africaine ensuite. Nous sommes cependant conscients que c’est un travail de longue haleine qui nécessite plus une autre mentalité privilégiant plus d’effort et d’humilité, car grand trône ne signifie pas grand roi.

D'après certaines informations 90% des jeunes de l'Afrique en Miniature vivent dans un chômage très cuisant et aigu poussant à la dérive, pouvez-vous confirmer cela? Et que fait l'AFP pour contribuer à la réduction du taux de chômage dans notre pays le Cameroun?

Je pense vous avoir parlé des problèmes spécifiques des jeunes, singulièrement du chômage qui les frappe particulièrement. Mais que peut y faire l’AFP tant qu’il n’est pas au pouvoir ? Proposer des solutions ? Mais le gouvernement n’écoute même pas ce qu’on lui dit. Manifester ? Le gouvernement envoie ses sbires tirer sur les manifestants comme en février 2008 ou dans des manifestations antérieures. Nous sommes pourtant un parti de proposition et non de contestation. Sinon, néo-keynésiens en tant que sociaux-démocrates, nous pensons que l’ultralibéralisme sans ses formes de capital conduit nos pays droit dans le mur et n’offre aucune perspective d’avenir à notre jeunesse.

Parlant de l'actualité et plus précisément des événements de Février 2008, quelles sont les leçons que l'AFP a tirées de cette sortie massive des jeunes?

La leçon que nous en tirons est que nous sommes en face d’un gouvernement prédateur, qui ne sait pas discuter et qui, dès qu’il se sent aux abois, est près à tout. Ce sont des jeunes qui ont voulu crier leur malêtre et qui n’ont récolté que la barbarie de leurs gouvernants.

L'on a vu des leaders politiques descendre sur le terrain récemment à la suite de l'incendie du marché central de Douala. Au niveau de l'Afp, avez vous tenté des initiatives de ce genre ?

Oui, sauf que le tort que nous ayons eu est de n’avoir pas médiatisé notre sortie. Autrement, notre président aux affaires extérieures s’était rendu dès le lendemain sur les lieux et n’a pas pu accéder au coeur du sinistre, empêché par les forces de l’ordre.

Nous ne pouvons pas clore cette interview sans parler des jeunes filles et femmes africaines, comment expliquez-vous le fait qu'elles s'intéressent moins à la chose politique au Cameroun ?

C’est une question que vous devriez leur poser dès que vous en aurez une sous le bras. A leur corps défendant, je dirai que c’est un phénomène mondial, si bien que les vieilles démocraties sont obligées de fixer des quotas de représentation pour être sûres d’avoir des femmes en nombres significatifs. A l’AFP, nous pensons comme le poète, que la femme est l’avenir de l’homme.

Revenant aux événements de Février 2008, auriez-vous des raisons pour la descente des jeunes sur les rues? En plus quelles sont les leçons que l'AFP a-t-elle tiré de cette sortie massive des jeunes? Pour terminer qu'a fait l'AFP pour comprendre ces jeunes?

D’abord les raisons. Il faut déjà vous dire qu’en Afrique, il n’y avait pas qu’au Cameroun que les jeunes étaient sortis dans la rue. Il n’est pas, je crois, jusqu’au Burkina Faso qui n’ait connu ce mouvement. Il s’agissait donc d’un mal vivre que manifestaient ces jeunes. En réponse, certains d’entre eux ont été criblés de balles. Telles sont les leçons qu’en tire l’AFP, n’en déplaise au gouvernement qui, une fois de plus comme dans les années de braises au Cameroun, c’est-à-dire de 1990 à 1992, n’a vu en ces enfants que des vandales et des pillards.

Quel message à la jeunesse africaine en Miniature de l'extérieur, aux femmes et opérateurs/Opératrices économiques?

Un message d’amour et d’espoir qui passe par une lutte incessante, faite d’humilité, de beaucoup d’abnégation et de sacrifice. Ne jamais chercher à inventer l’eau chaude, mais profiter de l’expérience des autres. Ne jamais se décourager, car, seul Dieu est éternel. Je laisse mon adresse mail au cas où des compatriotes, jeunes ou adultes souhaiterais échanger avec moi. mandeki_marcous@yahoo.fr

© Correspondance : Interview réalisée par Lydie Seuleu, Patriote Africaine
Paru le Vendredi 25-12-2009 17:09:01   Lu : 65 fois


27/12/2009
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