Cameroun: "Madeleine Tchuinté paye 500 000 FCFA pour assister à un enterrement".Mise au point de Michel Mombio Tchuenté

Cameroun: "Madeleine Tchuinté paye 500 000 FCFA pour assister à un enterrement".Mise au point de Michel Mombio Tchuenté

Mombio Michel:Camer.be« Le drame, c’est qu’ au Cameroun chez nous, la bêtise pense ; la bêtise roule en grosse cylindrée ; la bêtise agit et pire, elle parle.» Monsieur le Directeur de Publication de Camer.be,C’est avec un  intérêt soutenu que j’ai lu l’article : «  CAMEROUN, BAYANGAM : MADELEINE TCHUINTE PAYE 500 000 FCFA POUR ASSISTER A UN ENTERREMENT. »  Y réagissant, et afin de mettre au point ce qui me paraît un malentendu, et afin d’édifier nos lecteurs sur ce sujet, je voudrais axer mon propos sur trois points précis. Ainsi évoquerai-je d’emblée la forme, puis le fond du sujet ensuite, et la réaction des lecteurs enfin.

Si je me reconnais dans l’essentiel de mes propos in extenso cités dans cet article, je dois, pour éviter tout quiproquo et pour ne point choquer la susceptibilité de mes frères Bayangam, une partie de son dire doit être remise en cause. Notre très sympathique ami Olivier Tchuenkam, dans une fort recherchée tournure d’esprit,  dit ceci en substance dans la chute de son papier : « d’un ramassis de minables canailles. » Il laisse entendre que j’aurais pu dire cela en d’autres circonstances. Mais je ne l’ai point dit. Et pour cause. Si je dénonce avec la même constance les agissements d’une certaine élite comprador de notre pays en général, et de Bayangam en particulier, je dois à la vérité de reconnaître que ce village, à l’instar de beaucoup d’autres, regorge d’une élite politique (et surtout intellectuelle) compétente.

Ils sont nombreux en effet, ces compatriotes qui n’aspirent qu’à mettre leur savoir faire au service du développement de leur contrée. Hélas ! hélas ! hélas ! ces bonnes volontés sont phagocytées par des mercenaires, véritables sangsues, qui usent et abusent de leur position pour s’enrichir en méprisant les populations. Et sur le dos, et au nom de celles-ci. On doit condamner sans appel de tels imposteurs, tout en encourageant les autres à persévérer. Car la pratique de la politique, dans notre pays plus qu’ailleurs sans doute, est une course de fond. Je reste persuadé que ces gens qui profitent du Rdpc, notre parti, pour paraître arrogamment, ne sont que des ballons de baudruche qui éclateront telle la bulle artificielle qu’ils sont. Je rends donc un vibrant hommage à celle de l’élite Bayangam qui, silencieuse à l’ombre de nos clowns politiques comme on les appelle au village, oeuvrent avec des moyens fort limités au rayonnement de ce patrie martyrisé.

Monsieur le Directeur.

J’estime par ailleurs que Bayangam, comme "Ngo mbem" et tout autre village du triangle national (notre pays n’est-il pas en réalité un agrégat de villages !), mérite qu’on parle de ses problèmes de développement. Car c’est d’un développement global du Cameroun que nous rêvons. Et chaque fois qu’une seule once du territoire est menacée par ce parasitisme politique des néo colons, comme en l’occurrence  Bayangam, nous devrions tous nous sentir concernés. Ceci d’autant qu’il s’agit d’une manifestation primaire du néo colonialisme, une expression barbaresque de la jouissance stérile et égoïste du pouvoir. Voici une espèce d’élite qui ne produit rien pour son village, et entend se faire porter au panthéon, encouragée par des griots serviles. Le système du Renouveau, malheureusement, présente le pouvoir d’Etat comme une mangeoire où chacun qui en détient une parcelle, est sensé représenter sa communauté. Ce qui est non seulement faux, mais va contre le principe même de la Res Publica. Et que voit-on en réalité ? C’est à la veille des élections que ces héros d’un autre genre apparaissent, tels des champignons vénéneux poussant sur le terreau de la misère populaire, pour leur servir les mêmes mensonges. Ceux des ministres et autres hauts fonctionnaires qui ne comprennent pas qu’ils sont au seul service du Prince et des réseaux mafieux qui l’entourent, sont systématiquement broyés. Qui sait que Madeleine Tchuinté est en réalité la troisième ministre qu’ait connu ce village après Maurice Tchuenté? Peu de gens en vérité.

En effet, le premier fut Michel Ndjensi (pardon si j’écorchais son nom !), très éphémère ministre (De la Jeunesse et des Sports si je ne m’abuse) d’Ahmadou Ahidjo. Son crime aura été d’avoir voulu faire proprement et correctement son travail, en portant notre sport au meilleur de son potentiel. Ses actions, qui dérangeaient l’establishment, ont causé sa perte politique. Il est mort dans l’anonymat le plus complet. Pour illustrer cette politique néfaste, je citerais, ailleurs, le cas du Professeur Martien TOWA qui, nommé à la tête de l’université de Yaoundé II, en fut rapidement débarqué parce qu’il voulait, en violation des intérêts politiciens du système, en faire une institution académique de référence. Peut-on approuver ces pratiques et prétendre être pour le progrès ? Moi, militant de base du Rdpc, en toute liberté, je m’insurge contre de telles habitudes, qu’elles aient cours à Bayangam ou ailleurs. Dussé-je subir mille fois les foudres de ces gens de petite vertu, et aller en prison dix mille fois ! Je n’ai ni honte d’être allé à Kondengui, ni peur d’y retourner, si c’est pour défendre mes idées et le droit de les exprimer.

Comme l’a souligné Tchuenkam, j’ai longtemps hésité avant de lui donner mon Ok, pour justement éviter la polémique. Je n’ai fini par dire oui que par reconnaissance au soutien qu’il m’a justement apporté pendant ma détention à Yaoundé (et je lui, bientôt, accorderai aussi l’interview qu’il me demande depuis ma sortie de prison). L’autre raison est que, m’inspirant de cette vision hugolienne qui veut que « quand je parle de moi, je parle de toi », j’ai voulu contribuer à porter à la connaissance du grand public, les agissements d’une pseudo élite, véritables cancers sociaux, méprisables mendiants de gloire. Ils ne sont en rien représentatifs des Bayangam, peuple d’une rare fierté. Je crois que la noble famille Tagne Tadjo avait le droit de pleurer sereinement le plus illustre de ses enfants. Pour cela, elle n’avait besoin ni qu’un quarteron de retraités transis d’aigreur fasse main basse sur les obsèques pour des raisons inavouées; ni qu’une femme patibulaire, ivre d’un pouvoir teinté d’hémoglobine, en mal d’exhibitionnisme et de reconnaissance sociale, y fasse son m’as-tu vu. Monsieur le Directeur, le drame du Cameroun, c’est que chez nous, la bêtise pense ; la bêtise roule en grosse cylindrée ; la bêtise agit et pire, elle parle.  C’est là le fond du problème.

Monsieur le Directeur,

Pour avoir été mon élève, vous savez que je suis un républicain et un démocrate viscéral. Raison pour laquelle, évoquant pour terminer la réaction des lecteurs, je dirai ceci. Je respecte le droit de chacun de dire ce qu’il désire. Même les insultes : c’est un droit pour lequel je suis prêt à mourir. Si la tête de quelqu’un ne vous revient pas, eh bien ! faites-le savoir, avec les mots et le style qui sont les vôtres.

Je suis un BAMILEKE.  Et très fier de l’être. Tout comme je suppose qu’un ressortissant de telle autre tribu est normalement fier de son appartenance. J’ai choisi, au travers du journalisme, de servir mon pays. Pour cela, je rends compte aussi bien de ce qui va, que de ce qui ne vas pas. En quoi aurais-je aidé les Fusseps en éludant cet incident malheureux qui a amené le gouverneur de l’Ouest, à rabrouer publiquement son Guide ? Voici un peuple qui se plaint de ne pas voir ses élites nommées à de hautes fonctions républicaines. Comment leur donner des responsabilités quand ils ne sont pas capables de taire leurs divergences en public ? Ceux là que nous appelons Fô, que le colon a appelés Chefs traditionnels, réclament depuis quelques années, qu’on les appelle Rois. Aucune objection à cet égard, puisque nous nous reconnaissons tous dans  l’institution qu’ils représentent. Mais la royauté requiert un certain comportement fait de dignité, de noblesse, de magnificence même. Or qu’observons-nous ? C’est ce même monarque qui, il y a quelques années, a décidé de « chasser les allogènes », c'est-à-dire d’autres Bamilékés, sur une partie de « son territoire », qu’ils occupaient pacifiquement depuis près d’un siècle pour certains. Je vous laisse imaginer ce que d’autres propriétaires terriens à travers la République, saisissant cette occasion, auraient fait s’il avait réussi un tel coup.

Conscient du danger, travaillant alors au Messager, j’avais mené des enquêtes et publié des articles qui, en révélant les fondements de l’imposture, avaient ramené le Fô à la raison. La situation est calme depuis. De même, étant comme lui militant du Rdpc, j’avais dénoncé le fait qu’il détalât dans la forêt sacrée, emportant avec lui une urne comportant les bulletins de vote d’une élection dont il était candidat. Il dévoya ainsi une de nos institutions les plus…sacrées. Quel Bamiléké en fut-il particulièrement fier ? Pas moi en tout cas ! Cela lui permit en tout cas de devenir maire de la commune rurale de Bafoussam. Personne de garde un souvenir intarissable de ce passage. Voilà, Monsieur le Directeur, ma façon d’assumer ma « bamilékité », de jouer mon rôle de médiateur social. Tout ce qui nous déshonore, comme bamilékés d’abord, et comme camerounais ensuite, doit être combattu. Je dénonce tous les abus, qu’ils viennent de mon camarade Paul Biya ou de nos Rois, d’une ministre, d’un sous-préfet ou d’un commandant de brigade de gendarmerie ! Cela me vaut beaucoup d’inimitié, de menaces de mort ; mais j’y suis j’y reste. J’ai depuis belle lurette, en fils d’upéciste pur et dur, appris à domestiquer la peur. Aussi voudrais-je inviter mes congénères tribaux à supporter également les quolibets des autres à leur égard, que justifient nos comportements, comme ils le font (ou devraient le faire) des nôtres quand leurs comportements le justifient. Vous qui vivez en Belgique, savez mieux que moi, de quoi il retourne, concernant les blagues de ce peuple sur lui-même. Les imprécations verbales sans lendemain ne peuvent que nous desservir.

Je le dis d’expérience : le premier ennemi du Bamiléké, c’est un autre Bamiléké. Le dernier exemple en date, me semble-t-il, est celui de Yves Michel Fotso. Certains de ses « frères », jouant les mouches du coche et croyant l’aider (contre forte récompense je suppose), l’ont poussé à la faute. Et je puis vous assurer que c’est bien d’autres « frères », qui ont donné certaines informations pour le clouer. Je ne parle point ici, des experts mandatés par les autorités pour l’enquête. Non, il s’est agi dans leur cas, d’une stratégie classique de notre landernau politique : utiliser les ressortissants d’un coin pour aider à neutraliser les leurs. Rappelez- vous en effet que pour détruire Tabetsing, « pédant » Bamiléké qui lorgnait le trône de Fru Ndi, le SDF avait utilisé et mandaté en France son « frère »… Tadonkeng.  J’évoque plutôt ici des gens qui sont assez proches de Fotso père, qui lui doivent beaucoup, et qui aujourd’hui, versent des larmes de crocodile devant lui, en maudissant hypocritement le pouvoir.

Monsieur le Directeur,

Je vous ai parlé des enquêtes approfondies que je mène depuis quelques temps sur le pillage des banques au Cameroun. En l’état actuel de mes investigations, et concernant la CBC, je puis affirmer que le groupe Fotso n’est pas aussi innocent qu’on le croit. Des gens peuvent, de bonne foi, le soutenir, mais je les invite à la prudence. Car ils pourraient tomber de haut. Quant à ceux qui m’attaquent dans leurs écrits, je leur reconnais pleinement le droit de le faire. Je les encourage même à m’insulter d’avantage : habitué aux joutes oratoires, je suis immunisé contre tout mot sortant d’une bouche, fut-elle cariée. Et si, en plus, cela les aide à braver le froid, c’est tant mieux. Il y a en a qui trouvent leur plaisir en se masturbant. Pourquoi ceux-ci ne jouiraient-ils pas en gueulant ? Quoiqu’il en soit, je souhaite que nous menions des débats constructifs. Je suis par conséquent disposé, si cela leur agrée, à discuter avec eux, dans la langue de leur choix, de choses importantes. Mais à une seule condition toutefois: qu’ils sortent de l’obscurité douillette de l’anonymat. Moi, j’assume toujours mes positions, et les exprime publiquement, signant toujours mes articles de mon nom. Quoiqu’il m’en coûte.

En vous remerciant pour les dispositions que vous prendrez pour diffuser cette mise au point, veuillez recevoir, Monsieur le Directeur, l’assurance de ma parfaite considération, ainsi que mes vœux les meilleurs pour vous-même, ceux qui vous sont chers et tous les aficionados du site citoyen Camer.be.

Notes de la rédaction de camer.be:

L'article incriminé et intitulé Cameroun, Bayangam : Madeleine Tchuinté paye 500 000 FCFA pour assister à un enterrement, fait partie des courriers externes émanant de la rubrique  points de vue. Ceci dit, les opinions et analyses présentées dans cette rubrique n'engagent que leurs auteurs et nullement la rédaction de camer.be. Nous ne sommes ainsi nullement pas responsables des affirmations qui y sont présentées.

Dans le cas précis, nous avons pris la peine d'informer Monsieur Olivier Tchuenkam, l'auteur de l'article incriminé.

Camer.be est la propriétés exclusive de ses lecteurs, car nous avons pris l'engagement, de vous écouter , de vous proposer une information claire dans le strict respect des faits et du public, vous donner la parole. Nous vous rassurons de tenir  le pari de la régularité et de l'instantanéité.

A vous de nous interpeller chaque fois que vous détecterez dans nos lignes, les traces des impuretés qui érodent si dangereusement la confiance du public vis-à-vis des médias.

© Correspondance : Michel Mombio Tchuenté


09/12/2010
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