Cameroun: Les populations boycottent les obsèques de Ferdinand L. Oyono à Ngoazip 1

Cameroun: Les populations boycottent les obsèques de Ferdinand L. Oyono à Ngoazip 1

 

Leopold Oyono:Camer.beLes actes de pillage perpétrés dans la concession de l'ex-ministre d’Etat juste après l'annonce de son décès...Les actes de pillage perpétrés dans la concession de l'ex-ministre d'Etat juste après l'annonce de son décès, tout comme les émeutes savamment planifiées à Ebolowa depuis la veille du passage de la dépouille dans la capitale régionale du sud, ont laissé entrevoir la suite de ce que seront les obsèques de Ferdinand Léopold Oyono à Ngoazip, son village. Prévues à partir de 9 heures, c'est finalement vers 13 heures que commenceront les cérémonies d'adieu de l'auteur du "vieux nègre et la médaille". Et pour cause, les populations riveraines, qui logiquement auraient dû constituer la principale foule des obsèques, n'ont pas cru bon de prendre part à celles-ci. "Nous avons beaucoup fait de participer à la veillée. Le peu d'intérêt accordé à nous par notre frère, ne nous autorise pas à aller plus loin", s'explique le jeune Bilongo Ernest, natif de Ngoazip 1. Aussi bien la quasi-totalité du gouvernement, si l'on enlève quelques absents comme Philémon Yang, ou Laurent Esso, était là. D'autres membres du même gouvernement n'ont pu arriver jusqu'à Ngoazip, à cause de l'insécurité, provoquée à Ebolowa depuis la veille. Mais en passant dans la contrée quelques minutes avant la cérémonie, l'on ne pouvait pas facilement deviner qu'il y avait deuil dans la famille de la principale élite de la localité. En dépit des mesures prises par le comité d'organisation pour le succès des obsèques, l'observateur averti a pu se rendre compte du malaise qui planait à Ngoazip 1, en ce jour solennel.

RÉCUPÉRATION

Au delà du folklore, l'observateur moyen aura également eu du mal à comprendre la mise à l'écart dans l'organisation des Obsèques de Ferdinand Léopold Oyono, des hommes politiques de la Mvila. C'est plutôt Gervais Mendo Ze du Dja et Lobo, ou Emmanuel Edou de la Vallée du Ntem, qui étaient chargés de garantir le succès de la cérémonie. Ce d'autant que l'absence du secrétaire général de la présidence de la République Laurent Esso, ainsi que le silence du SG du Rdpc René Sadi, dont le témoignage était attendu en mémoire d'un baron du régime disparu, n'ont pas contribué à rassurer l'opinion. Incompréhensible aussi, la forte présence des hommes en tenue, non seulement au lieu du deuil, mais aussi dans toute la contrée. Ce qui a conféré à une cérémonie funèbre, un caractère militaire mal aimé des populations, qui avaient espéré pouvoir s'exprimer en cette occasion unique. Même l'Essani, rite traditionnel, prévu lors du décès d'un patriarche de la dimension de Ferdinand Léopold Oyono, a été annulé au dernier moment pour des "raisons de sécurité". Or, au même moment, la ville d'Ebolowa, dépouillée de la plupart de ses troupes envoyées à Ngoazip était entre les mains des vandales. De sorte que nombre de personnalités, venues dire adieu à t'illustre disparu, ont dû passer par des voies de contournement ralliant Ngoazip de Ngoulemakong, afin de regagner Yaoundé. La mobilisation faite par le comité d'organisation, s'est heurtée au scepticisme des populations qui ont compris qu'après les obsèques, l'axe Ebolawa-Biwong-Bané-Ofumbi, dont le bitumage aurait dû normalement être effectué depuis des années, est à jamais condamné. La disparition de ce fils Fong, vient d'éteindre l'ultime flamme d'espoir, s'indigne un notable de Melangue.

EXACTIONS

Dans la nuit du 26-06-2010, un impressionnant contingent de policiers anti-émeute venu de Yaoundé, a débarqué à Ebolawa. Sous-prétexte de renforcer la sécurité de la ville pendant les obsèques, ces policiers du Gmi n°1 ont plutôt contribué à renforcer la mauvaise image que les populations pacifiques de cette ville ont de la police camerounaise, en dépit des efforts faits par le gouvernement pour radier des effectifs les brebis galeuses. En 24 heures, davantage de boutiques ont été pillées, des filles violées, certains journalistes passés à tabac. Certains de ces policiers n'ont pas hésité à dire qu'ils souhaiteraient que les émeutes d'Ebolowa persistent. "Cela nous dégourdit, et change un peu de la monotonie de Yaoundé", clament-ils. Ce qui marque d'une façon ou une autre, le départ de la "ville du chimpanzé pourri", du célèbre écrivain camerounais, adulé et honoré ailleurs, mais ignoré chez-lui par les siens. 
 

© L'Anecdote : Francis Evina



29/06/2010
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