Cameroun : le RDPC a de bonnes raisons de se bomber le torse

Cameroun : le RDPC a de bonnes raisons de se bomber le torse

Cameroun : le RDPC a de bonnes raisons de se bomber le torseAu moment où il célèbre les vingt cinq ans de son existence, le RDPC a de bonnes raisons de se bomber le torse. Fort d’un bilan globalement reluisant, voire élogieux. Ici, les faits parlent pour le parti des flammes qui dispose d’une confortable majorité à l’Assemblée nationale depuis le retour du pluralisme politique au début des années 90. Il en est de même des conseils municipaux à travers le pays largement dominés par un RDPC plus que conquérant. Une position dominante qui laisse les coudées franches à cette formation politique dans la gestion des affaires publiques, notamment lorsqu’il s’agit de faire voter les lois devant la représentation nationale.

Cette suprématie, le RDPC la doit certainement à son implantation sur l’ensemble du territoire national, mais aussi à la culture de la tolérance et du rassemblement qui le caractérise. En vingt-cinq ans, le parti a, par moments, été traversé par des turbulences nées de l’apparition parfois bruyante de courants divers qui exprimaient toutes une volonté de rénovation interne : progressistes, fondamentalistes et autres modernistes ont ainsi de manière sporadique secoué le cocotier. Comme le roseau de la fable, le parti a plié sans rompre.

Bien plus, les auteurs de ces coups de boutoir n’ont même écopé d’aucune sanction. Pas plus qu’ils n’ont été exclus. Une mesure largement usitée dans nombre de formations rivales. Certains ténors parmi ces « dissidents » ont même pu bénéficier de quelque strapontin. Résultat : à l’instar de la nation camerounaise regroupant des composantes des plus hétérogènes, le RDPC ressemble, au niveau des idées, à une mosaïque qui fédère de nombreuses sensibilités. Ce qui est source de richesse, de vitalité et, incontestablement, un atout important, voire décisif dans un contexte concurrentiel. Même si la démocratie apaisée de ces dernières années a considérablement émoussé le débat contradictoire au sein du parti et en dehors de celui-ci.

Toutefois, pour l’enracinement de la démocratie camerounaise, le RDPC ne saurait plus longtemps se complaire dans la tranquille anomie qui caractérise la scène politique nationale aujourd’hui. Sans donner du grain à moudre aux analystes qui soutiennent depuis toujours que le président Paul Biya est en avance sur les caciques de son propre parti. A cet égard, l’on peut se demander dans quelle mesure ces apparatchiks ont mis en œuvre les recommandations fortes de leur président national à la tribune du troisième congrès extraordinaire lorsqu’il mettait fermement et solennellement en garde contre la sclérose. Un Paul Biya visionnaire et volontariste à souhait, qui a dit son refus de voir cantonner le RDPC à « une simple machine électorale », voyant plutôt dans ce parti, œuvre de ses mains, « l’âme du Renouveau, l’avant-garde de la démocratie, le levier qui nous permettra de vaincre la pauvreté ».

Que lui, le chef de file incontesté de son parti ait alors trouvé à rappeler que l’ère du parti unique est révolue, que « la distinction entre l’administration et le parti n’est pas évidente pour tous » ; qu’il ait prescrit que l’accent soit mis sur la réflexion et le débat, ne pouvait relever du hasard. A l’heure où les lampions de la fête s’éteignent, ce discours fondateur du chef de l’Etat interroge encore les responsables du RDPC. Qui ont le devoir de ne pas se laisser griser par leurs solides acquis, mais de se projeter sur l’avenir, en ayant le souci constant de se remettre en question. Mais surtout, en évitant de s’enfermer dans une bulle de certitude. Il s’agit de viser toujours plus haut, d’aller toujours plus loin.

© Cameroon Tribune : MAKON ma PONDI


27/03/2010
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