Cameroun : Le mépris des «Lions gâtés» pour tout un peuple

Cameroun : Le mépris des «Lions gâtés» pour tout un peuple

Cameroun : Le mépris des «Lions 
gâtés» pour tout un peuple Les échos des causes malsaines de la déconfiture des Lions Indomptables à la présente coupe du monde en Afrique du Sud, font dire à plusieurs observateurs que leur aisance matérielle, comparativement à la misère ambiante au Cameroun, serait à l’origine de ce mépris flagrant pour leur pays.

Comment comprendre autrement que les co-équipiers de Samuel Eto'o Fils, qui ont pourtant réclamé et obtenu des sommes faramineuses, 45 millions de franc CFA par joueur, hormis les primes de match, pour leur participation à la coupe du monde, se livrent à des antagonismes impulsés par leur ego, au lieu de servir le peuple camerounais, quand on sait que les Lions Indomptables constituent, en ces temps difficiles, la seule consolation et même l’unique raison de vivre ?

Ceci vient remettre au goût du jour l’éternelle polémique sur le recrutement des entraîneurs nationaux à la tête des Lions Indomptables. En effet, les entraîneurs nationaux étant recrutés parmi les fonctionnaires camerounais du ministère des Sports et de l’Education physique, lorsqu’un Camerounais se retrouve coach de l’équipe nationale, il ne perçoit que son salaire de fonctionnaire. Ce qui le met en position d’indigence au sein de cette pléthore de vedettes rémunérées de par le monde à coup de milliards et diminue forcément son autorité sur ces poulains nantis.

Résultat, les rumeurs de corruption et de concussion si fréquentes au sein des Lions Indomptables. «Tel entraîneur aurait aligné tel joueur contre telle somme d’argent. Tel gardien de but se retrouverait là pour telle compensation pécuniaire pour le coach. Tel autre ne serait sélectionné que pour être exposé en vitrine pour un éventuel contrat profitant à tel dirigeant, etc …etc…». Si rien de tout ceci n’a jamais pu être vérifié ou alors que tout cela reste sous le sceau de la terrible loi de l’omerta, il n’en demeure pas moins que le malaise lui, est réel. Et les conséquences désastreuses !

Mais les désastres de l’argent dans le sport ne sont l’apanage du seul football camerounais. Été 2008 : nous sommes en juillet, lorsque les tabloïdes espagnols annoncent le recrutement de Christiano Ronaldo au Réal Madrid, pour la rondelette somme de 94 millions d'euros. Le Portugais, sociétaire de Manchester United, devient dès lors le transfert le plus exorbitant de l'histoire du football mondial. Son salaire annuel est de 13 millions d'euros, soit 1 083 000 d’euros par mois. C'est le fait marquant du retour aux commandes du « Boss », Florentino Pérez, le président du club madrilène qui jadis engagea le Français, ou l’Algérien, Zinedine Zidane pour 77 millions d'euros.

La nouvelle fait les choux gras de la presse occidentale. Dans la péninsule ibérique, les gadgets estampillés Ronaldo ornent déjà les vitrines d'exposition des supermarchés. Pourtant, pendant que certains observateurs caressent la chose dans le sens du poil, Michel Platini, ex-footballeur français et aujourd'hui président de l'UEFA, vilipende cette manie qu'il qualifie de gangrène pour le foot mondial. Pour le Corse, l'argent tue l'éthique et délave le jeu de sa substantifique moelle : le spectacle.

Si les avertissements de Michel Platini semblaient avoir été oubliés, les écarts de comportement observés chez certains acteurs à l'occasion de cette première messe du football sur le sol africain ressuscitent ce débat que les anti-platiniens, bénéficiaires de malversations footballistiques, avaient voulu enterrer. En effet, comment comprendre que les joueurs français, avec à leur tête Patrice Evra, fût-il capitaine, boycottent une séance d'entraînement en pleine compétition, écornant aux yeux du monde l'image de la grande nation qu'est la France ?

Comment comprendre que Karim Ziani, quoi que mentor des Fennecs, puisse gifler une jeune journaliste après le match Algérie-USA, alors que celle-ci ne faisait que son job ? Et que dire du cas de Nicolas Anelka, proférant contre son sélectionneur, Raymond Domenech, à la mi-temps de la rencontre opposant la France au Mexique des injures que la simple décence morale interdit de reproduire ici ?

Il faut simplement s’en remettre à l'opinion de Platini, partagée par le très célèbre présentateur du JT de TF1, Patrick Poivre-d'Avor. Invité sur le plateau d’i-Télé, le journaliste a cité des anciens joueurs tels que Raymond Kopa et Juste Fontaine, qui sont demeurés intègres malgré leur célébrité. De plus, pour l’édification des jeunes téléspectateurs, les footballeurs devraient avoir un comportement exemplaire, le foot étant désormais très prisé.

À l'opposé, est-ce facile pour Anelka, dont le salaire s'élève à 450 000 euros par mois, de respecter Raymond Domenech qui ne gagne guère plus que lui; 400 000 euros?

Voilà qui vient certainement faire sauter le verrou du tabou qui entoure la question de la rémunération des footballeurs. Une rémunération sans borne qui verse dans l'anarchie et fait oublier aux nantis du ballon rond les fondamentaux d'une société humaine : respect et amour.

Cameroun : Le mépris des «Lions gâtés» pour tout 
un peuple

© africa-info : Dieudonné Bessalla


03/07/2010
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