Cameroun:: Le discours que les putschistes dit-on du 17 juillet 2010 devaient prononcer

Cameroun:: Le discours que les putschistes dit-on du 17 juillet 2010 devaient prononcer

Coup Etat:Camer.beL'on sait d'avance, sans toutefois prendre le risque de se tromper que pour que les résultats du coup d'État soient acquis, il est préférable qu'ils annoncent qu’ils vont répondre aux vœux de la majorité de l'opinion publique et qu'ils soient compatibles avec le contexte international.Selon Pierre Berhuse, bien souvent, les régimes ont simplement procédé à des parodies de démocratisation. Il suffisait d'organiser des élections sans vrai suspense, en écartant les principaux opposants et en bourrant les urnes.Selon le même auteur sus cité, dans certains pays africains, peu d'électeurs prennent la peine de se déplacer, car ils savent que leur bulletin finirait à la poubelle de l'histoire. Dès lors,l'opinion place fréquemment ses espoirs dans un coup d'Etat pour changer de régime.Plus loin, Réné Marcus affirme que  certains dirigeants africains veulent «mourir au pouvoir». Ils font des réformes constitutionnelles afin de modifier les textes qui limitent à deux le nombre de mandats qu'un président peut effectuer. Plusieurs chefs d'Etat africains ont cédé à la tentation conclu t-il.Les conditions sont-elles favorables à l’organisation d’un coup d’État au Cameroun ? Cette question mérite d'être scryptée. Le Cameroun  a déjà été confronté en 1984,puis à une tentative de coup d’Etat en 1989. Nous ne cesserons de nous interroger au moment où l’on apprend qu’il se préparait un coup d'Etat au Cameroun  pour le 17 juillet dernier. Nous sommes convaincus que si les putsches reviennent en grâce, c'est aussi parce que l'opinion publique internationale ne fait plus autant pression que par le passé pour les empêcher.. Le discours qu’on attribue à Enoh Meyomesse  circule dans la chaumière. Nous vous proposons l'intégralité du discours des putchistes du 17 juillet..

“Citoyennes et citoyens du Cameroun,Le régime de Paul Biya, en place depuis 28 longues et douloureuses années, a pris fin ce jour samedi 17 juillet 2010.

Par ma voix, moi, Enoh Meyomesse, j’annonce solennellement aux Camerounais qu’une page de notre histoire vient d’être tournée. Une nouvelle va désormais s’écrire.

A partir d’aujourd’hui, le Cameroun, dirigé depuis l’hôtel Intercontinental à Genève, quand il ne l’est pas depuis le hameau devenu célèbre de Mvomeka’a, c’est fini.

Le Cameroun qui dort, à l’image de son chef d’Etat éternellement absent, même lorsqu’il se trouve à l’intérieur du pays, c’est fini.

Le Cameroun, deux fois champion du monde de la corruption nourrie par le sommet de l’Etat, le Cameroun de l’impunité, du laisser-faire, tant qu’on n’attente pas au pouvoir du président de la République, c’est fini.

Le Cameroun du chômage généralisé, du désespoir des jeunes face à leur avenir, de la vie dure, des inégalités sociales criardes et révoltantes, de l’Etat qui ne se soucie guère des conditions de vie des citoyens d’en bas, des petites gens, des gagne-petit, je déclare solennellement qu’il est fini, et définitivement fini.

En conséquence, la Constitution est abrogée ; l’Assemblée nationale, le Rdpc et Elecam sont dissous. Il sera formé dans les jours qui suivent

un gouvernement provisoire que je vais avoir l’honneur de présider, et qui sera chargé de gérer le pays pendant toute la durée de la mise en place des nouvelles institutions dont nous allons le doter.

Il va être ainsi élaboré une nouvelle constitution, qui sera adoptée par référendum, au plus tard le 31 décembre 2010, après avoir mis sur

pied une Commission nationale d’organisation du référendum constitutionnel. Il sera aussitôt après organisé, une élection présidentielle qui se déroulera avant le mois de mai 2011. Celle-ci sera caractérisée par un scrutin à deux tours, et sera ouvert à tous les Camerounais, quel que soit leur lieu de résidence, à l’intérieur des frontières nationales comme à l’extérieur de celles-ci.

Le mandat présidentiel sera ramené à 5 ans, renouvelable une seule fois. Il sera procédé dans les jours qui suivent, à un nouveau découpage

administratif. Verront ainsi le jour, plusieurs nouvelles régions, départements et arrondissements, afin d’une part de répondre à la très longue attente de la population, jamais satisfaite par le régime défunt, et d’autre part de donner naissance à la régionalisation du pouvoir, à la place de la décentralisation de façade en cours ainsi qu’à de nouveaux et puissants pôles de développement.

Les présidents de région, chefs de l’administration publique régionale, en lieu et place des gouverneurs, seront élus aux suffrages universels directs pour un mandat de 4 ans, également renouvelable une seule fois. Tout comme les députés régionaux.

Je salue les policiers, les gendarmes et les militaires, hauts gradés comme simples soldats, y compris le Bir, qui nous ont porté main forte en ce jour historique du samedi 17 juillet 2010, où le destin de notre pays a radicalement changé.

Je rends un hommage tout particulier à notre vaillante armée, des hommes de troupe aux officiers supérieurs qui ont combattu dans des conditions extrêmement difficiles à Bakassi, des années durant, au mépris de leurs vies, pour préserver l’intégrité territoriale de notre pays.

Je déclare d’ores et déjà ce jour, samedi 17 juillet 2010, que le gouvernement provisoire que je veux avoir l’honneur de former va en reconnaissance à cette œuvre colossale accomplie, procéder à l’élévation de l’âge de la retraite des hommes de troupe de 46 à 55 ans d’une part, et d’autre part rendre automatique le passage au grade de général de brigade de tous les colonels qui, à partir de ce jour, en remplissent les conditions.

Pour ceux des soldats tombés au champ d’honneur à Bakassi, je m’incline respectueusement devant eux et déclare qu’une allocation spéciale sera octroyée à leurs veuves et à leurs orphelins, jusqu’à l’âge majeur.

Au nom de la patrie, un monument sera érigé en leur honneur au cœur de notre capital, sur lequel seront gravés tous leurs noms afin que leurs sacrifices, tant que vivra le Cameroun, ne soient jamais oubliés. Y seront également gravés les noms de tous nos soldats morts au champ

d’honneur, aussi bien pendant la guerre du Biafra que lors des attaques multiples des pirates contre notre armée. Y seront aussi adjoints les noms de toutes les autorités administratives et autres fonctionnaires de l’Etat, ayant perdu leurs vies dans les mêmes conditions.

Enfin, j’annonce que le gouvernement va procéder à une réforme en profondeur de notre vaillante armée. Avec la création, notamment de nouvelles régions militaires interarmées, la nomination d’un officier supérieur camerounais comme commandant du Bir et l’alignement des avantages de tous les soldats des différents corps ainsi que de la gendarmerie à ceux dont bénéficient à ce jour, se servant au sein du Bir.

Etant donné l’ère nouvelle qui démarre ce jour au Cameroun et qui sera caractérisé par la fin de l’iniquité et des inégalités entre les citoyens, j’annonce que tous les fonctionnaires de la République, simples agents comme cadres de catégorie A, sans oublier les forces de police, du gardien de la paix au commissaire divisionnaire, vont bénéficier d’un rallongement général de l’âge de la retraite à 60 ans, afin de nous mettre au diapason des autres pays du monde.

Je salue la bravoure des jeunes gens qui ont conduit la révolte du mois de février 2008 contre le régime défunt. Ce régime dont le président, après les avoir affamés plus de deux décennies durant, projetait de s’éterniser au pouvoir. Ils ont démontré de manière éclatante au monde

entier, que le peuple camerounais n’est pas un peuple qui courbe docilement l’échine devant l’injustice et l’arrogance de ses dirigeants. Ces jeunes gens méritent notre profond respect et toute notre considération.

Par mon gouvernement, ils occupent la place qu’il leur revient légitimement dans l’histoire de notre pays.

Citoyennes et citoyens camerounais,

Le Cameroun est de retour, le Cameroun qui avait vu successivement Nzo Ekangaki et Aurélien Etéki Mboumoua, deux de ses valeureux fils, désignés secrétaires généraux de l’Oua, est de retour.

Le Cameroun dont le chef d’Etat ne manquait à un seul sommet africain, que ce soit l’Oua, comme l’Udeac, est de retour.

Le Cameroun qui fit admiré jadis par tous les peuples africains, pour sa lutte héroïque pour la liberté à l’époque coloniale est de retour.

Le Cameroun dont avaient rêvé tous nos martyrs du combat pour l’indépendance, la reconstitution de notre patrie divisée le 04 mars 1916 et la dignité est de retour. Le Cameroun pour lequel sont morts dans les forêts du pays Bassa et du pays Bamiléké, nos parents et dont on rêvait de très nombreux anonymes, qui ont connu la torture dans les sinistres geôles de la Bmm et la déportation politique à Mantoum, Tcholliré, Yoko, Ngaoundéré, etc,  a enfin vu le jour.

Nous nous proclamons fièrement les héritiers de Samba Martin Paul, Rudolf Douala Manga Bell, Modoa, Joseph Yemback, Nyobè Mpanjo, Ruben Um

Nyobè, Tankeu Nwe, Félix Moumié, Ernest Ouandjié, Ossendé Afana et de tous les autres patriotes dont le sang à été versé pour la liberté de

notre pays.

Citoyennes et citoyens camerounais,

Aujourd’hui, samedi 17 juillet 2010, un soleil nouveau s’est levé sur notre pays. J’exhorte les populations à exprimer leur joie immense de

se sentir délivrées de ce régime funeste qui nous a, 28 longues années durant, maintenu dans la nuit sans se livrer à des casses, à la

destruction des biens d’autrui, au pillage des magasins ou à quelques règlements de comptes que ce soient. 

Nous avons besoin de tout le monde pour bâtir un Cameroun nouveau. Ce Cameroun dont nous avons tous rêvé pendant de longues années, sans espoir d’y vivre un jour.

My brothers and sisters of the Anglophone community,

 I’m aware of all your issues. I know your frustrations. Some of you are complaining. Their opinion is that reunification rides badly. Yes I

know. But what I can tell you is that, a new sun for a new day is rising over Cameroon Mountain now for all Cameroon citizens and especially,

those who have been marginalised until now like you. So, please, receive all my destiny and my message of hope.

Long live our people,

Long live our beloved country.

Vive le Cameroun”

Liste de quelques coups d'État en Afrique

1952 : Égypte, Mohammed Naguib renverse Farouk Ier
1958 : Soudan, Ibrahim Abboud renverse Abdullah Khalil
1963 : Togo, Emmanuel Bodjollé renverse Sylvanus Olympio
1965 : Algérie, Houari Boumédiène renverse Ahmed Ben Bella
1965 : Zaïre, Mobutu Sese Seko renverse Joseph Kasa-Vubu
1966 : Burundi, Michel Micombero renverse Ntare V
1966 : Centrafrique, Jean Bédel Bokassa renverse David Dacko
1966 : Nigeria, Johnson Aguiyi-Ironsi renverse Nnamdi Azikiwe
1966 : Ghana, Joseph Arthur Ankrah renverse Kwame Nkrumah
1966 : Ouganda, Milton Obote renverse Edward Mutesa
1966 : Nigeria, Yakubu Gowon renverse Johnson Aguiyi-Ironsi
1968 : Mali, Moussa Traoré renverse Modibo Keïta
1969 : Libye, Mouammar Kadhafi renverse Idris Ier
1969 : Soudan, Gaafar Nimeiry renverse Ismail al-Azhari
1970 : Ghana, Ignatius Kutu Acheamphong renverse Edward Akufo-Addo
1971 : Ouganda, Idi Amin Dada renverse Milton Obote
1973 : Rwanda, Juvénal Habyarimana renverse Grégoire Kayibanda
1974 : Éthiopie, Aman Andom renverse Hailé Sélassié Ier
1974 : Éthiopie, Mengistu Haile Mariam renverse Aman Andom
1974 : Niger, Seyni Kountché renverse Hamani Diori
1975 : République fédérale islamique des Comores, Saïd Mohamed Jaffar renverse Ahmed Abdallah
1975 : Nigeria, Yakubu Gowon renverse Johnson Aguiyi-Ironsi
1975 : Tchad, Noël Milarew Odingar renverse François Tombalbaye
1975 : Nigeria, Murtala Mohammed renverse Yakubu Gowon
1976 : Nigeria, Olusegun Obasanjo renverse Murtala Mohammed
1976 : Burundi, Jean-Baptiste Bagaza renverse Michel Micombero
1976 : République fédérale islamique des Comores, Ali Soilih renverse Saïd Mohamed Jaffar
1977 : Congo, Joachim Yhombi-Opango renverse Marien Ngouabi
1977 : Éthiopie, Mengistu Haile Mariam renverse Tafari Benti
1978 : Ghana, Frederick Fred William Kwasi Akuffo renverse Ignatius Kutu Acheamphong
1978 : République fédérale islamique des Comores, Said Atthoumani renverse Ali Soilih
1978 : Mauritanie, Mustafa Ould Salek renverse Moktar Ould Daddah
1979 : Centrafrique, David Dacko renverse Bokassa Ier
1979 : Guinée équatoriale, Teodoro Obiang Nguema Mbasogo renverse Francisco Macías Nguema
1979 : Tchad, Goukouni Oueddei renverse Félix Malloum
1979 : Congo, Denis Sassou Nguesso renverse Joachim Yhombi-Opango
1979 : Ouganda, Yusufu Lule renverse Idi Amin Dada
1979 : Ghana, Jerry John Rawlings renverse Frederick Fred William Kwasi Akuffo
1980 : Burkina Faso, Saye Zerbo renverse Sangoulé Lamizana
1980 : Guinée-Bissau, João Bernardo Vieira renverse Luis de Almeida Cabral
1980 : Libéria, Samuel Doe renverse William Richard Tolbert
1981 : Centrafrique, André Kolingba renverse David Dacko
1981 : Ghana, Jerry John Rawlings renverse Hilla Limann
1982 : Burkina Faso, Jean-Baptiste Ouédraogo renverse Saye Zerbo
1982 : Tchad, Hissène Habré renverse Goukouni Oueddei
1983 : Burkina Faso, Thomas Sankara renverse Jean-Baptiste Ouédraogo
1983 : Nigeria, Muhammadu Buhari renverse Shehu Shagari
1984 : Guinée, Lansana Conté empêche Louis Lansana Beavogui président selon la constitution
1984 : Mauritanie, Maaouiya Ould Taya renverse Mohamed Khouna Ould Haidalla
1985 : Ouganda, Basilio Olara Okello renverse Milton Obote
1985 : Nigeria, Ibrahim Babangida renverse Muhammadu Buhari
1985 : Soudan, Swar al-Dahab renverse Gaafar Nimeiry
1986 : Soudan, Ahmed al-Mirghani renverse Swar al-Dahab
1987 : Burkina Faso, Blaise Compaoré renverse Thomas Sankara
1987 : Burundi, Pierre Buyoya renverse Jean-Baptiste Bagaza
1987 : Tunisie, Zine el-Abidine Ben Ali destitue Habib Bourguiba pour « raisons de santé »
1989 : Soudan, Omar el-Béchir renverse Ahmad al-Mirghani.
1990 : Libéria, Prince Johnson renverse Samuel Doe
1990 : Tchad, Idriss Déby Itno renverse Hissène Habré
1991 : Mali, Amadou Toumani Touré renverse Moussa Traoré
1992 : Algérie, le Haut conseil de sécurité renverse Chadli Bendjedid
1993 : Nigeria, Sani Abacha renverse Ernest Shonekan
1995 : République fédérale islamique des Comores, Ayouba Combo renverse Said Mohamed Djohar
1996 : Burundi, Pierre Buyoya renverse Sylvestre Ntibantunganya
1996 : Niger, Ibrahim Baré Maïnassara renverse Mahamane Ousmane
1997 : Zaïre/République démocratique du Congo, Laurent Désiré Kabila renverse Mobutu Sese Seko
1999 : Union des Comores, Azali Assoumani renverse Tadjidine Ben Said Massounde
1999 : Côte d'Ivoire, Robert Guéï renverse Henri Konan Bédié
1999 : Guinée-Bissau, Ansumane Mané renverse João Bernardo Vieira
1999 : Niger, Daouda Malam Wanké renverse Ibrahim Baré Maïnassara
2003 : Centrafrique, François Bozizé renverse Ange-Félix Patassé
2003 : Guinée-Bissau, Verissimo Correia Seabra renverse Kumba Yala
2005 : Togo, Faure Gnassingbé empêche Fambaré Ouattara Natchaba président selon la constitution
2005 : Mauritanie, Ely Ould Mohamed Vall renverse Maaouiya Ould Taya
2008 : Mauritanie, Mohamed Ould Abdel Aziz renverse Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi
2008 : Guinée, Moussa Dadis Camara prend le pouvoir à la mort de Lansana Conté
2009 : Madagascar, Andry Rajoelina destitue Marc Ravalomanana.
2010 : Niger, Salou Djibo renverse Mamadou Tandja

© Camer.be : La rédaction


19/08/2010
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