Cameroun - L'après-Biya: Pourquoi Franck BIYA fait peur

Yaoundé, 10 Décembre 2012
© François Owona | La Nouvelle

Redoutant le syndrome du fils qui remplace le père à la tête de l'Etat comme cela aura été remarqué au Gabon, au Togo ou en République démocratique du Congo (Rdc), les piliers du G 11 aujourd'hui dans les serres de l'opération Epervier et leurs complices dans l'entourage du chef de l'Etat ont ourdi un plan pour salir Franck Biya afin de le disqualifier dans la course au trône au cas où il serait tenté par cette ambition. Décryptage.


Franck Biya
Photo: © L'Oeil du Sahel
S'il y a un constat à faire aujourd'hui. L'opinion publique camerounaise répugne de plus en plus les détournements des fonds publics tout comme l'enrichissement illicite. Pris dans la nasse de l'opération Épervier, les Polycarpe Abah Abah, Marafa Hamidou Yaya, Yves Fotso en sont parfaitement conscients. Tout comme la meute frondeuse d'une certaine diaspora qui sert de relais aux détracteurs du régime d'Etoudi. Fort donc de ce constat, leur stratégie serait d'utiliser cette répulsion des Camerounais à l'égard des détrousseurs des fonds publics pour abattre leur ennemi éternel: Paul Biya. Pour cela, ils auraient planifié un stratagème fort simple: tout faire pour que le nom de Paul Biya apparaisse, d'une manière ou d'une autre, dans la «liste» de ceux qui pillent la fortune nationale. Question de l'assimiler à ses homologues du Congo, du Gabon ou de la Guinée équatoriale accusés par les ONG internationaux de «biens mal acquis».

Selon certains analystes, voilà le véritable ressort qui sous-tend toute la campagne médiatique autour de cette affaire des 100 milliards de Franck Biya relative aux titres de Camtel. Résultat des courses, ceux qu'on présente comme la culasse d'où partent tous les coups sont volontairement ignorés par une certaine presse connue pourtant pour sa proximité avec Polycarpe Abah Abah, Yves Michel Fotso et Marafa Hamidou Yaya. En tentant d'impliquer Franck Biya dans l'affaire des titres Camtel, c'est Paul Biya, le pilote en chef de l'opération Épervier dont le mandat prend fin en 2018 qui est ainsi visé.

De l'avis de certains commentateurs pointilleux, Marafa Hamidou Yaya, Yves Michel Fotso et Polycarpe Abah Abah enfermés dans le cadre de l'opération Épervier, n'espéreraient que le départ de Biya pour recouvrer leur liberté. D'ailleurs, ils militeraient ardemment à cet effet que son successeur ne soit surtout pas un de ses proches. Car, pour les besoins de la cause, celui-ci pourrait continuer à maintenir le système actuel. Par conséquent, leurs chances d'être libérés ne pourraient venir que d'un élargissement politiquement décidé par un nouveau venu à Etoudi. Dans cette optique, s'il faut parler de la succession de Paul Biya, le premier à en être écarté par tous les moyens est justement son fils Franck Biya. Selon nos informations, les prisonniers de luxe du Sed et de Kondengui seraient informés d'un courant de pensée activement animé par certaines pontes du régime originaires de la région du Sud qui ne verraient pas d'un mauvais œil Franck Biya succéder à son père. Pour eux, 2 raisons militent pour cette hypothèse.

Après Paul Biya, son fils aîné, de par sa virginité politique et sa distance de la gestion des affaires publiques, apparaît aux yeux de l'opinion nationale et internationale, comme l'une des personnes les plus crédibles parmi l'élite politique du Centre, Sud et Est.


G11

A cet effet, s'il accédait au pouvoir, il serait à même de sécuriser et de défendre les intérêts actuels et futurs des ressortissants de ce vaste ensemble socio-politique. Du côté de la prison secondaire du Sed, cette vision serait très mal perçue. Car, elle est synonyme non seulement de la pérennisation du système Biya, mais elle signifie carrément le maintien en prison de Abah Abah, Marafa, Fotso et autres Atangana Mebara.

Pourtant, ceux des pontes du régime qui pensent secrètement que Franck Biya est celui-là même qui doit succéder son père, arguent qu'il ne faudra pas que Paul Biya commette la même erreur qu'Ahmadou Ahidjo, son prédécesseur. En effet, pensent-ils, à son départ du pouvoir, si ce dernier avait stratégiquement imposé un héritier comme Badjicka Mohamadou Ahidjo, aujourd'hui ambassadeur itinérant, aux côtés de Paul Biya, les dignitaires de l'époque n'auraient pas eu cette impression de rupture qui a été à l'origine du putsch du 6 avril 1984. L'on indique pour cela que, très jeune Premier ministre, Bello Bouba Maïgari n'avait pas su faire le poids. Au contraire, il se serait ménagé, en tant que poulain lointain d'Ahidjo, une porte de sortie honorable qui lui a Valu pendant des années un exil doré au Nigeria, un retour triomphal dans les années 90 et une ascension gouvernementale fulgurante. Au détriment des intérêts de la famille d'Ahidjo, de ceux des dignitaires de la première République et de ceux des régions septentrionales du pays.

Dans le cas plus précis de Franck Biya, l'on indique ainsi dans ces milieux du Sud que ce ne sera sûrement pas les Michel Meva'a m'Eboutou et autres proches parents du chef de l'Etat qui pourraient jouer avec la même ferveur et le même engagement ce rôle de bouclier du régime et de préservation des acquis du Renouveau, en lieu et place de Franck Biya. D'abord, parce questions sont mêlés de près ou de loin à de gros scandales financiers. Selon certaines indiscrétions puisées à très bonnes sources, beaucoup figurent dans la liste des détourneurs de fonds publics transmis au Tribunal criminel spécial du côté des prisonniers de luxe du G11 qui voudraient faire entendre leurs voix dans la perspective de l'après-Biya, l'on aurait donc compris que les hommes à abattre ce ne sont pas les Meva'a m'Eboutou, Martin Belinga Eboutou ou encore Mvondo Assam Bonivan, mais un seul: Franck Biya.




11/12/2012
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