Cameroun : Il Existe une Diaspora Désintéressée et Constructive ; ses Fondations et ses Positions (I).

Cameroun : Il Existe une Diaspora Désintéressée et Constructive ; ses Fondations et ses Positions (I).

Samuel Bema:Camer.beChers compatriotes, comme dans tout groupe d’individus, il existe des divergences entre ses membres lorsqu’il s’agit d’apprécier et de répondre aux questions auxquelles ce groupe est confronté. Divergences dans l’attitude face aux autres groupes concernés par les mêmes questions et divergences dans les réponses à apporter aux enjeux auxquels ces groupes font face. Vous l’avez compris, Il s’agit de la diaspora Camerounaise, ou plutôt des diasporas Camerounaises, face au groupe des Autorités Camerounaises pour les questions qui concernent le rôle de la diaspora dans le devenir du Cameroun.

Mon propos est de contribuer à ce débat en démontrant qu’il existe dans cette diaspora, une composante bien éloignée du cliché que semble vouloir lui donner une certaine presse qui fonde ses articles au vitriol sur les actes et les demandes de traitements et de positions préférentiels qu’auraient posés certains membres de la diaspora par rapport à nos compatriotes au pays.

Loin de décrire des individus idéaux, je puis affirmer et démontrer, à la lumière de l’expérience de la diaspora Camerounaise en Chine, de l’engouement que le Forum de Yaoundé à suscité dans la diaspora à travers le monde et de mon parcours sur ces sites d’expression où se retrouve cette diaspora, qu’il existe bel et bien une diaspora que je qualifierai de désintéressée et constructive et dont je cite ci-dessous les bases et les positions sur la nationalité et le dialogue avec le pouvoir, toutes questions qui manifestement divisent la diaspora dans son ensemble.

Cette composante de la diaspora, la Diaspora Désintéressée et Constructive, se rassemble autour de trois observations fortes et fondamentales que :
• Le Cameroun a gardé intacts les fondements sur lesquels son développement économique futur peut s’appuyer ; Il s’agit de son territoire dans son intégralité et la paix civile qui y règne. La DDC est consciente que ces deux tâches furent la priorité des priorités au regard de notre géographie humaine, du chao qui nous environnait et de notre histoire immédiate au sortir de la colonisation. Pour la DDC, avoir réussi à conserver ces fondements est bel et bien un succès et le mérite en revient aux Président Ahidjo et au Président Biya et à leurs administrations respectives.
• Alors que la génération au pouvoir s’est investi à garder l’intégrité territoriale et de bâtir et consolider la nation, il revient à la génération suivante dont fait partie la DDC de véritablement développer le Cameroun pour en faire un pays émergeant à l’horizon 2035 et le placer parmi les 25 premières nations les plus développées. Dans cette perspective, la DDC fait sienne l’idée qu’il est contre-productif de couper les ponts ou d’affronter la génération au pouvoir et opte plutôt pour une relation courtoise et franche, non-envahissante et d’implication progressive.
• La DDC est arrivé, comme d’autres éminences, à la conclusion que le développement de notre pays est une question politique et par conséquent les acteurs de son développement à venir devront s’engager dans l’arène politique pour en débloquer le mécanisme. L’idéal de la DDC est le développement du Cameroun, la politique en est le moyen premier.
Les bases ci-dessus que sont, pour rappel, le respect vis avis des administrations précédente et actuelle du Cameroun, un dialogue courtois avec le gouvernement, une implication progressive dans le terrain et la nécessité de l’action politique pour « lâcher la bride » au développement du Cameroun, constituent le miroir dans lequel se reflètent les attitudes, approches et positions des membres de la DDC sur les questions qui concernent la diaspora dans son ensemble et le rôle que se doit de jouer sa composante active dans le devenir du Cameroun. Sans être exhaustives, les caractéristiques et positions suivantes ressortent de manière unanime dans la DDC :
 Le membre de la diaspora Camerounaise, pour le définir et expliciter définitivement de qui il est question, c’est le Camerounais résidant à l’étranger ou Camerounais Expatrié ou Camex en abrégé. Nous utiliserons dans la suite le terme Camex pour désigner le diasporien, ou groupe de diasporiens.
 Le Camex est le Camerounais d’origine, c’est-à-dire né d’un ou de deux parents Camerounais (droit du sang) ou ayant bénéficié de la nationalité Camerounaise du fait de la résidence de ses parents étrangers au Cameroun (droit du sol), et n’ayant pas répudié sa nationalité Camerounaise par une démarche volontaire dont l’acte est enregistré auprès d’une institution Camerounaise (Article 20 du Décret n° 1968-DF-478 du 16 décembre 1968 l’article 31 du code de la nationalité camerounaise. Voir un précédent article de M. Ekwalla Dikonguè). Le statut de Camex n’est donc pas lié au passeport et la DDC considère que l’entreprise de développer le Cameroun se doit d’être rassembleuse et intégratrice.
 La DDC considère que la double nationalité _DN_ est de fait pour le Camex détenteur d’un autre passeport dès lors qu’il n’a pas engagé une démarche volontaire pour répudier sa nationalité Camerounaise. La DDC considère que, à postériori, ceci constitue la seule explication plausible à la présence de DN dans nos institutions nationales, au sein des Lions Indomptables comme il est de notoriété publique et au sein du Gouvernement comme le déclarent certains.
 La DDC considère que l’existence supposée d’une DN au cas par cas est un mythe ; parce qu’alors il y aurait une institution chargée de recevoir ces demandes de DN et la procédure serait connue et publique, à moins que cela ne soit simplement la procédure de renouvellement de son passeport.
 La DDC considère que la non-délivrance des passeports aux Camex ayant la DN par nos services consulaires est une solution de facilité pour elles et non la conséquence de la loi. Le moment venu, le cas échéant, la Justice Camerounaise tranchera et sa position, qui ne saurait ignorer le décret d’application de la loi querellée, fera jurisprudence. Le Camex de la DDC ne voit pas d’urgence à ce jour à porter cette affaire à ce niveau de la vie publique et n’en fait pas une condition à son implication progressive dans l’entreprise de développement de son pays.
 La DDC considère que prendre la nationalité de son pays de résidence et en utiliser le passeport facilite l’intégration professionnelle et permet au Camex de participer à la compétition interne dans son entreprise avec un handicap en moins que s’il ne détenait que son seul passeport Camerounais. La DDC est d’avis que, plus l’on gravit les marches de l’ascension professionnelle, plus l’on est au fait des choses dans le management et le leadership de haut niveau, et plus l’on s’épanouit soi-même et plus le Cameroun pourrait en bénéficier le moment venu si tel est le choix du Camex. Par conséquent la DDC encourage tout Camex qui y verrait un avantage à adopter cette stratégie s’il considère qu’elle est susceptible de lui éviter les écueils dans son parcours professionnel et son propre épanouissement, sans crainte quelconque sur le devenir de son appartenance à la famille camerounaise ni à sa nationalité camerounaise.
 La DCA considère, pour prendre cet exemple, que le Camex diplômé en pharmacie mais qui ne peut ouvrir son officine parce que la loi de son pays de résidence réserve cette profession à des nationaux, doit prendre la nationalité qui lui permet de s’accomplir sans limites comme pharmacien si tel est son vœux, sans pudeur ni crainte quelconque pour sa nationalité Camerounaise. Son accomplissement personnel, le savoir-faire qu’il développera, les qualités managériales qu’il intègrera, les caractères et comportements de leaderships qu’il fera siens, les réseaux d’amitiés, de techniciens, de financiers et de décideurs dans le monde des affaires qu’il aura tissés, l’épargne qu’il se sera constituée, ses propres enfants qu’il aura poussés le plus haut qu’il peut de part ses moyens intellectuels et matériels, le Cameroun en bénéficiera le moment venu. Cet exemple est valable pour toutes les autres professions libérales réservées aux ressortissants des pays d’accueil. Le Cameroun, celui-là que la DDC voit intégrer le groupe des 25 nations les plus industrialisées dans les 25 années à venir ne saurait se payer le luxe d’exclure cet apport.
 La DDC considère que l’organisation du vote des Camex hors du territoire national serait la bienvenue et encourage l’Etat à y travailler. La DDC considère qu’il est contre productif d’en faire une question de principe parce que les Autorités actuelles se braqueront, parce que l’enjeu est de taille et parce que cela serait aller trop loin d’un seul coup pour un régime donc chaque pas est mesuré et pensé longuement avant d’être posé. La DDC considère que la voix médiane serait d’instituer, comme certains en ont émis l’idée, des postes éligibles de représentants des Camex dans des institutions nationales qui offriront l’occasion au régime d’organiser les élections auxquelles les Camex participeront pour élire leurs représentants et se faire élire. La manœuvre serait progressive, concernerait d’abord certains pays d’accueil et certaines institutions avant d’être amplifiée et généralisée  jusqu’à l’élection présidentielle elle-même éventuellement. La DDC considère que cette approche progressive est sans grand risque pour le régime parce qu’il en maîtrise l’ampleur, qu’elle est préférable au vide actuel qui a figé les groupes dans une posture d’affrontement et qu’elle a l’avantage de renforcer le camp des Camex modérés.
 Le Camex de la DDC ne pense pas rentrer au Cameroun le moment venu pour faire concurrence dans la recherche d’emploi aux Camer restés au pays. Ce Camex à une vision à long terme à laquelle il a intimement associé le Cameroun, et son séjour à l’extérieur a préparé son retour au bercail. Ce Camex, le moment sera venu, aura déjà acquis un ou plusieurs biens immobiliers au Cameroun et dans son pays de résidence et sa famille est à l’abri du besoin avant de rejoindre le terrain de son combat pour le développement, la fierté et la place du Cameroun dans le monde. Ce Camex de retour au Cameroun crée son entreprise ou son organisation, celui qui ne le peut pas du fait des capitaux nécessaires et se voit embaucher ne demandera pas un traitement préférentiel comme prime à son « exil » parce qu’il s’est déjà réalisé, parce qu’il a déjà un patrimoine et que son retour au pays est un retour pour un autre combat que celui pour la survie.
 Le Camex de la DDC, et beaucoup ont fait le déplacement de Yaoundé Diaspora Forum, est empreint de courtoisie et de bienséance. Il sait qu’il faut du temps et de la formation pour façonner un Responsable et lui donner les comportements de Leader. Il n’élève point la voix pour vociférer et critiquer le flottement des deux premiers jours du Forum et l’errance consécutive à laquelle ont été obligés les Camex. Il garde au contraire le souvenir d’une organisation logistique réussie et d’une communication d’avant Forum efficace. Cette attitude de calme du Camex de la DDC, loin d’être une forme de distance vis-à-vis de l’évènement et ses déboires des premiers jours, révèle plutôt une assurance qu’il a que, le moment venu, avec sa participation pleine et entière, ces errements n’auront plus lieu, parce qu’il sait, son expérience dans les organisations et les corporations auxquelles il fait partie aidant, comment se managent ce genre d’évènements.
 Le Camex de la DCC n’arrête pas son implication progressive à ce dialogue initié et mené par les autorités actuelles, ne pose pas non plus de conditions à sa participation à ce dialogue, ayant compris que la nature même de ses partenaires d’en face est qu’il faut qu’ils se sentent en confiance avec la diaspora avant de mettre ses cartes sur la table. La DDC sait que le temps ne presse pas, que le Cameroun est eternel et que le temps approche, comme on le voit, où le pouvoir actuel fera appel à elle, le temps de se sentir en confiance vis-à-vis de ce nouveau partenaire.

Pour clore cette entrée sur la Diaspora Désintéressée et Constructive, j’invite les Camex qui se reconnaissent dans ces qualités à garder confiance en notre pays et en sa capacité à démarrer son décollage économique à tout moment. Je les invite à s’ouvrir au dialogue avec le pouvoir en place et à persévérer dans ses préparatifs pour le combat pour le développement en réussissant personnellement, professionnellement ou dans les affaires, en épargnant, en investissant sagement dans les secteurs les moins risqués au Cameroun et dans son pays de résidence, en intégrant et en multipliant ses propres réseaux de relations dans leurs domaines d’activités directs et connexes, au Cameroun et dans leur pays de résidence, et en gardant le contact avec le pays à travers toutes les formes de média.

© Correspondance : M. S. BEMA. Shanghai, Chine, Sept. 2010


05/09/2010
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