Cameroun: Franck Biya dans l’antichambre du pouvoir?

YAOUNDÉ - 28 Mai 2012
© Pierre Amougou, Henriette Assen, Kamdoum | La Météo

Franck Emmanuel Olivier Biya succèdera-t-il à Paul Biya? La question brûle toutes les lèvres au Cameroun. Personne n'en parle ouvertement, mais tout le monde s'interroge.

Frank Emmanuel Olivier Biya succèdera-t-il à Paul Biya? La question brûle toutes les lèvres au Cameroun. Personne n'en parle ouvertement, mais tout le monde s'interroge.

Assez discret et d'une sobriété légendaire, loin du champ visuel de la politique, le fils aîné du président de la République est différent des autres fils de chef d'Etat, un peu trop présents dans les arcanes du pouvoir. Rien à voir donc avec Karim Wade, Teodorin Nguema Obiang, ... Il reste loin des affaires d'Etat et affiche son désintérêt du pouvoir. On ne l'a jamais vu s'impliquer véritablement dans la gestion des affaires publiques. Selon ses proches, Frank est allergique à toute proposition d'entrée au gouvernement. Absent des campagnes électorales et autres cérémonies officielles, on l'aura vu rarement aux côtés de son père au palais de l'Unité, notamment lors des visites des souverains pontifes au Cameroun. Pour certains analystes, cette "virginité politique" savamment entretenue, peut lui servir d'atout majeur. Et si le fils du père postule à la magistrature le moment venu, visiblement, il sera épargné des scandales politico financiers qui ternissent l'image de toute la classe politique actuelle.

Dans cette ambiance de batailles en sourdine pour la succession au fauteuil présidentiel qui a souvent prévalu, les Biyaïstes s'épient et conspirent sans répit. Les querelles de clochers entre apparatchiks de la clique au pouvoir devenant récurrentes, il est de plus en plus évident que passer le relais à l'un de ces suppôts peut être un danger pour le Cameroun. Arrivés en politique à coup de décrets présidentiels, ces caciques ayant amassé pour la plupart des trésors de guerres considérables, et qui surtout, se détestent mutuellement, sont à mesure de mettre le pays à feu et à sang, si l'un d'entre eux damnait le pion aux autres. Les observateurs avertis de la scène politique nationale soutiennent à cet effet que, seul un homme neutre peut éviter le cafouillage du "marécage abidjanais" au pays des "Grandes réalisations". Un homme susceptible de se faire accepter par les différentes factions des Biyaïstes, et aplanir les multiples divergences. Le casting des potentiels successeurs au magistère est très réduit à ce niveau. Contrairement à Chantal Biya qui ne fait pas toujours l'unanimité dans l'entourage du Chef de l'Etat, Frank Emmanuel Olivier Biya apparaît ici comme un joker.

Dans certains cercles proches du pouvoir, l'on s'amuse parfois à comparer Frank Emmanuel Olivier Biya à son géniteur de président. C'est le prototype même du chat désintéressé par la souris. Il se met dans la posture de celui qui se laisse porter par l'appel de l'histoire. Il laisse le soin aux autres de prendre des initiatives en sa faveur, et joue à fond sa partition le moment venu. Que peuvent cacher les cours de diplomatie de Frank à Genève, après une formation en sciences politiques à Monaco? La visite à Yaoundé du candidat déclaré vainqueur de la présidentielle gabonaise du 30 août 2009, Ali Ben Bongo Ondimba, a été interprétée par plusieurs analystes, comme un signe fort en direction de Frank Emmanuel Olivier Biya, et de toute la nation camerounaise. Le président Biya a déroulé le tapis rouge et rendu tous les honneurs dus à un Chef d'Etat au fils d'Omar Bongo Ondimba, alors que ce dernier n'avait pas encore les attributs de président de République.





29/05/2012
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