Cameroun - Examens scolaires 2010 : A qui profite la complaisance ?

Cameroun - Examens scolaires 2010 : A qui profite la complaisance ?

Cameroun - Examens scolaires 2010 : A qui profite la complaisance ?  Derrière des taux de réussite hauts aux examens 2010 se cache en réalité un niveau réel des élèves bas. L’opinion nationale a appris hier à travers les médias que le taux de réussite au baccalauréat est au-dessus de 50 % dans chacune des régions du Cameroun.
Le Nord-Ouest se situant même en tête du classement par région avec un taux de réussite de l’ordre de 65%. Vus sous cet angle seulement des résultats officiels finis et promulgués, les élèves camerounais d’aujourd’hui paraissent très intelligents et méritent un coup de chapeau. Mais seulement…

Seulement, nombre de ces élèves n’ont réussi à l’examen qu’à la faveur des pratiques d’un système scolaire dévalué où la logique distributive et quantitative l’emporte sur la logique qualitative. Tenez ! Selon un enseignant qui prend part aux délibérations des examens scolaires, de nombreux élèves ont été admis cette année au baccalauréat de l’enseignement général avec la moyenne de 8,5/20. Encore plus basse est la moyenne de réussite au Brevet d’Etudes du Premier Cycle (Bepc) où, apprend-on, des élèves ont été reçus avec 7,5/20 de moyenne…

Un autre enseignant rapporte, pour le déplorer, que ces délibérations « complaisantes » surviennent déjà après que des points ont été gracieusement distribués aux candidats dans certaines disciplines dans lesquelles on aurait soi-disant découvert des erreurs…. Une situation qui est d’ailleurs en train de se répéter en ce moment même au probatoire de l’enseignement général dont les délibérations sont en cours. Selon un professeur qui y prend part, des instructions ont d’ores et déjà été données pour que 1,5 point soit généreusement ajouté à la note de chaque élève en Svt (Sciences de la vie et de la terre) et en français pour ce qui est du probatoire série D. En attendant là aussi de fixer la barre pour la réussite qui, à coup sûr, ne sera pas très loin de celle des deux autres examens. Ce qui conduira également à un taux de réussite flatteur.

De qui se moque-t-on ?

Mais au fait, de qui se moque-t-on ? Franchement, qu’attend-on d’un enfant promu en classe supérieure avec une moyenne aussi basse ? N’est-ce pas une manière d’encourager les enfants à devenir des partisans du moindre effort ? Faut-il simplifier à ce point les conditions de réussite aux examens officiels pour le seul plaisir de brandir un taux de réussite élevé alors que plus de la moitié de ces lauréats ont été reçus avec des notes dont ils auraient eux-mêmes honte si celles-ci leur étaient révélées ?

Si l’on ne peut pas savoir à qui profite cette supercherie, l’on sait en revanche à qui elle ne profite pas. Très directement, elle ne profite pas aux intéressés eux-mêmes. De tels résultats les trompe sur leur niveau et sur leurs aptitudes réels, et les endort au moment où ils devraient faire des efforts pour se remettre à niveau. A une plus grande échelle, elle ne profite pas au Cameroun qui risque, à ce rythme, d’être plein de diplômés ne reflétant pas le niveau des diplômes qu’ils possèdent et par conséquent incapables dans la pratique de relever les nombreux défis qui interpellent le pays demain. De grâce, halte à la complaisance…

© La Nouvelle Expression : Julien Chongwang


22/07/2010
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