Cameroun, Entre un Comice Agro-pastorale à rabais et une statue de Paul Biya : Quand le ridicule ne tue plus !

Cameroun, Entre un Comice Agro-pastorale à rabais et une statue de Paul Biya : Quand le ridicule ne tue plus !

Marche fruits:Camer.beLes préparatifs à rabais du  comice agro pastoral qui se tiendra probablement d’ici la fin de l’année à Ebolawa, capitale de la région du Sud, et région natale du président est entrain de se transformer en un festival de démonstration d’ « Allégeance au Dieu créateur Paul Biya». Si tel n’est pas le cas, comment comprendre qu’au moment où les préparatifs sont dans une impasse, une certaine élite du Sud propose que soit érigée une statue de Paul Biya au village du Comice.Tenez, nous sommes à  quatre mois de la fin de l’année 2010. Selon la volonté du Chef de l’État, immortalisée dans son discours de fin d’année 2009, le comice agro-pastorale de sa région natale, qu’on attend depuis 1988, devrait se tenir d’ici la fin de cette année.  À  moins de 120 jours de cet évènement,  les organisateurs sont encore à leur planche à dessin. Et ce ne sont pas les propositions qui manquent. Certaines frôlent  même le ridicule.

Il y a encore quelques jours, on parlait de détruire certaines habitations pour construire le village pastoral. Tout cela sans programme de relocalisation.  On mettait en demeure un homme de la place soit de viabiliser son immeuble ou bien de le détruire. Sommes-nous vraiment obligés de toujours casser  dans la précipitation pour construire ? Est-il toujours nécessaire d’appauvrir nos parents?

Vraiment! Pourquoi ne pas prendre le temps d’inventer  un nouvel espace qui pourrait après le comice devenir une place du marché de cette belle ville qu’est Ebolowa? Et qui à coup sûr contribuera au développement d’un espace d’affaire et servirait de zone franche, surtout dans le prolongement du marché commun d’Abang Minko’o.  Ouvert officiellement en 2003, cet espace commercial est un marché commun entre le Gabon, le Cameroun et la Guinée Équatoriale.  Bouaké en Côte d’Ivoire joue bien ce rôle, car la ville se situe sur la route qui mène au Burkina et au Mali. Les Maliens et Burkinabé y viennent pour s’approvisionner des produits hors taxes.

Et comme le ridicule ne tue pas, on prend les mêmes pour recommencer chaque fois. Vous vous souvenez que sans l’intervention in extremis du président Paul Biya, une bonne partie du quartier Omnisport à Yaoundé aurait été rasée pour en faire la place du défilé du cinquantenaire.  Les organisateurs avaient ciblé cette partie de la ville pour les festivités du cinquantenaire à Yaoundé.

Cinquantenaire qui en bout de ligne n’a été qu’un fiasco car n’a rien apporté de nouveau au Cameroun.  Si on espérait que, par cet évènement, le Cameroun se réconcilierait avec son passé, il n’en n’a rien été. Si non où sont les rues aux noms de nos héros? Ces bâtisseurs de la première heure qui ont façonnés le Cameroun qui fait notre fierté aujourd’hui.

Eh oui! Tout ce qui reste de ces cérémonies ce sont les timbres postaux à l’effigie de Paul Biya.  Comme les organisateurs du Cinquantenaire, les organisateurs du Comice d’ Ebolowa semblent  sur la même voie. Ce qui restera du rendez vous d’Ebolowa, ce sera la statue du Dieu Créateur Paul Biya.

Quelle honte et surtout quelle ingratitude pour la mémoire de Paul Martin Samba, de tous nos aïeux. Ces  valeureux Camerounais qui ont refusés de vendre leurs âmes et qui sont morts pour nous. Le cinquantenaire était pourtant l’occasion tant espérée pour leur rendre hommage et situer leur place dans notre histoire! Hélas! Les organisateurs ont plutôt préféré vénérer un vivant : à savoir leur créateur Paul Biya. De qui on ne connaît aucune lutte ni pour libérer le Cameroun, ni pour l’indépendance ni pour mettre fin au néocolonialisme.

Si tel a été le cinquantenaire, le comice agro pastoral d’Ebolawa tel qu’il est entrain d’être conçu se dirige aussi vers un fiasco.  Rien à faire, il sera pire que notre participation à la dernière coupe du monde. Et on aura que nos yeux pour pleurer après coup et de multiples suggestions sans lendemain.

Dès à présent, pour sauver ce qui reste et faire de ce comice un véritable rendez-vous agricole et non un show politique et de guerre de leadership entre leaders d’une région, Il serait important que nous tous les Camerounais militons pour un report de ce comice. Le temps de le préparer comme il faut. Comme on le faisait jadis. Car ce n’est pas d’un rendez-vous politique qu’il doit être question à Ebolawa. Mais d’une rencontre agricole qui doit permettre à cette région de notre pays très riche de valoriser les produits agricoles. Qui plus est, il n’est pas uniquement question de mettre en valeur Ebolawa. La ville servira de vitrine au rendez-vous agricole de tout le pays.

En 1994, lors d’une visite dans le village d’Akomessing, à quelques kilomètres seulement d’Ebolawa dans le cadre d’une remise d’un don de l’ONG Solidarité tiers-monde à l’ association de développement de ce village, le porte parole des aînés du village m’avait fait comprendre que leur principale doléance serait une route praticable qui leur permettrait d’acheminer leurs produits agricoles vers le Gabon qui est proche. Car, avait-t-il soutenu, les routes sont impraticables dans cette partie du pays tant en saison sèche avec la poussière qu’en saison des pluies avec la boue. Il faut ajouter à cela les grumiers transportant le bois.

Pourtant, cette région de notre pays est très riche. Il faut visiter pour l’apprécier. L’accueil y est très chaleureux. Il y vivent de valeureux camerounais.  Il est donc  inadmissible que certaines élites de cette région confisquent, sous nos yeux, ce comice pour en faire une farce donc le seul but inavoué est la volonté de se maintenir dans la mangeoire. Ce comice d'Ebolowa s’est transformé en un terrain de positionnement. D’où vient l’idée d’une statue alors qu’Ahidjo n’en avait pas. Et lors du dernier Comice tenu à Maroua en 1988 et présidé par Paul Biya, il n’y avait jamais été question de sa statue.

Pour dire vrai, un comice ne peut pas se préparer en 4 mois. C’est depuis 1988 qu’on en parle.  Depuis le début de 2010, il s’est transformé subitement  en un enjeu politique.  Il ne s’agit pas de la coupe du Cameroun qu’on peut improviser à volonté. Mais il est bel et  bien question d’un rendez-vous agricole attendu depuis plus de 20 ans. Qui plus est, se veut fédérateur et dont les retombées doivent catalyser le développement de la région du sud.

À la veille des présidentielles de 2011, on peut comprendre qu’une élite alimentaire transforme l’évènement en show politique pour le maintient  de leur créateur au pouvoir coûte que coûte. Mais soyons un peu sérieux dans ce que nous faisons. Que sera Ebolawa après ce comice au rabais? Les agriculteurs des autres régions du pays auront-ils eu suffisamment de temps pour se préparer. Déjà le maire d’Ebolowa  est en campagne contre les produits importés lors de ce rendez-vous.

J’en appelle au professeur Jacques Fame Ndongo, Chevalier de l'Ordre Nationale de la Valeur, ainsi que les autres élites du Sud à prendre le temps de bien y penser et à soutenir un report du comice d’Ebolawa. Le temps de bien le préparer, de construire un hôtel digne de ce nom, de retracer l’espace réservé à cette foire agricole afin d’éviter d’aggraver la souffrance de la population et surtout de nos parents par des destructions massives et inutiles.

Le budget arrêté pour l’organisation du comice d’Ebolowa est de 40 milliards de FCFA et  est disponible depuis le mois de mai. Mais à 4 mois du délai prescrit par le chef de l’état, seulement 2% de ce budget semble consommé. Pourtant on compte dix ministres membres du comité d'organisation de cet évènement agro-pastoral.

Messieurs les Élites du Sud,  chers frères, chers compatriotes formons une seule voix pour dire non à un comice au rabais. Non à un rendez-vous agricole sans retombées positives pour la région du Sud. Ce comice doit être l’occasion idoine pour lancer  un vrai développement régional. Les multiples memoranda des fils du Sud ne serviront à rien après. Le président Biya sachant que le vote du Sud lui est acquis, ne donnera rien. C’est maintenant qu’il faut agir et tant qu’on ne demande pas, on ne reçoit rien. La preuve en 28 ans rien pour Ebolowa. Pourtant !

© www.icicemac.com : Martin Stéphane Fongang


04/09/2010
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