Cameroun : Enfin, voici 2011

Cameroun : Enfin, voici 2011

Maurice Tchasso:Camer.beIl fera bientôt trois ans que la jeunesse camerounaise confrontée à la misère de plus en plus envahissante dans le pays, est descendue dans la rue pour signifier son ras le bol aux gouvernants qui depuis des décennies, tiennent les leviers de la vie quotidienne camerounaise. Ce pays de près de 20 millions d’habitants déclaré ‘’indépendant’’ depuis le 1er Janvier 1960, comme la plupart des pays qui peuple ce gigantesque continent croupit sous le poids de ses richesses naturelles, au vu et au su de ses innombrables jeunes intellectuels, qui à longueur des journées écrivent les belles pages de l’économie de leur pays d’accueil.
 
Cette descente dans la rue a non seulement eu le mérite de surprendre le pouvoir en place, mais aussi de dénuder l’attitude stoïque des camerounais qui pendant longtemps ont donné l’impression d’être un peuple docile, soumis et aveugle. L’on a vu ça et là une jeunesse prête à en découdre avec le système en place. Mais à la fin des évènements, le droit de la force a eu raison de la force du droit éclipsant ainsi d’un revers de la main, l’espoir du remake du scenario biblique de David et Goliath.

Cette jeunesse courroucée s’estime victime d’une bande de personnes séniles qui tient les cercles du pouvoir et décident de l’amélioration ou non des conditions de vie des citoyens. Ce cercle de vieux est caractérisé par la passion à l’enrichissement personnel, le détournement de la chose publique, le trafic d’influences et bien plus encore.

Malgré cette répression ferme et brutale du pouvoir en place, la jeunesse a plié le petit doigt en murmurant à tue-tête comme l’un de ses leader LAPIRO DE MBANGA artiste musicien que : 2011 C’est demain !

Comme un slogan ou peut-être un hymne au désir de l’alternance à la tête du pouvoir au Cameroun, cette phrase a été reprise en cœur par toutes les victimes ou pseudo victimes du régime qui trône à la tête du pays depuis bientôt trois décennies.

Il faut noter qu’en 28 ans de renouveau, le Cameroun a clôturé le bilan de plus de 80% d’entreprises nationales qui autrefois étaient des grosses consommatrices de mains d’œuvres. Le réseau routier s’est de plus en plus dégradé, les infrastructures sanitaires abandonnées ou n’existant plus que de nom. Faut aussi noter qu’il y a eu une croissance exponentielle des infrastructures scolaires publiques mais construit et entretenues pour la plupart par des communautés, des élites en quête de reconnaissance locale ou encore par des politiciens soucieux du renouvellement de leur tablier.

La République Unie du Cameroun unie est devenu sans aucune forme de procès République du Cameroun, pendant que le parti unique UNC a cédé la place à plus de 250 formations politiques, qui malheureusement pèsent poids mouche devant le géant RDPC parti au pouvoir, qui ne se prive pas d’utiliser les cadres et les moyens de l’Etat pour asseoir sa notoriété à travers le triangle national.

En 28ans de Renouveau, les camerounais ont aussi découvert l’avènement des fonctionnaires milliardaires et des bâtiments de première classe au sein de certains établissements pénitenciers nationaux. Les acteurs du secteur privé dans leur quête de liberté, d’immunité et de filouterie, sont devenus des véritables guignols politiques. Les administrateurs civils territoriaux communément appelé chefs de terre, sont dépositaires eux, du véritable pouvoir électoral.

Le Renouveau nous a apporté beaucoup de chose en 28 ans. Plus de 50 courants religieux a désormais pignon sur rue dans notre Cameroun. Les pratiques des sociétés secrètes jadis discrètes et réservées à nos villages se sont urbanisées. Désormais, l’on peut passer de l’état homme à l’état homme – lion. On peut afficher son appartenance aux loges maçonniques ou rosicruciennes sans avoir à s’expliquer. Et même si cela vous tente vous pouvez faire du garçon -garçon ou de fille-fille. C’est aussi cela la nouveauté de ses 28 années.

La liberté d’opinion s’est d’ailleurs améliorée avec la naissance de plusieurs médias radios et télés, bien que fonctionnant sur le régime de tolérance administrative. Et cela parce que pour bien élaborer le concept de démocratie apaisée, l’on doit réguler l’information à consommer par l’opinion nationale et internationale.

Sous le renouveau, le Cameroun a également eu le malheur de perdre des dignes fils rendus célèbres par leurs rôles avant ou après l’indépendance. Certains d’entre eux ont tellement aimé servir leur pays qu’ils sont mort en fonction ou parfois même au couloir du pouvoir malgré l’appel de la jeunesse les exhortant à prendre un repos bien mérité et à céder la place. Le renouveau a aussi en 28 ans fabriqué beaucoup de ministres, de Premiers ministres et grand cadres d’administration, question de faire le développement par le haut. D’autres trouvailles originales du renouveau sont les motions de soutien, les memoranda et les cérémonies de remerciement au tout puissant de la république.
 
Le renouveau a privilégié l’offensive diplomatique internationale, C’est pour cela qu’il y a eu probablement moins d’une trentaine de conseil ministériel pour plus de cent cinquante voyages privés et officiels à l’Etranger. Cette coopération nous a tout de même permis de ramener quelques milliers de Chinois dans nos villes. Grace à eux l’on a pu trouver la parade BEN SKIN pour stabiliser cette jeunesse active, fer de lance de la nation. Nous avons aussi bénéficié des dons japonais en matière de construction d’établissements scolaires, des dons chinois comme le palais des sports de la capitale et sans oublier la récupération et la mise en valeur de nos terres pour la culture et l’exportation de nos produits agricoles par eux, au détriment de nos parents. La ville de Douala a pu renouveler à cout de milliards, son fameux pont sur le Wouri. L’éclairage publique a de part et d’autre cédé la place à une obscurité profonde dans nos rue question de développer une occupation pour cette jeunesse affamée, paupériser et obligée de vivre au jour le jour. D’où la prolifération des bandits et agresseurs de grands chemin.

Notre équipe nationale de football a pu par ses performances contribuée à la promotion de notre pays sur le plan international. Désormais, le nom Cameroun est prononcé tous les jours dans les chaines de radio, de télévision, de presse écrite ou même des instances dirigeantes du football mondial. C’est pour consolider d’ailleurs tout cela que le pouvoir en place à promis de créer une institution pour le football, malgré le fait qu’ en 28ans on n’a pas construit un nouveau stade de football ou même entretenir ceux qui existaient déjà. Le palmarès du chantier le plus long en réalisation est également détenu par le Cameroun à travers le fameux immeuble de la mort situé en plein cœur de la ville de Yaoundé.

D’une caisse d’Etat en bonne santé en 1982, le Cameroun est passée d’une caisse pleine de dettes et mise sous perfusion, à travers de nombreux plans d’ajustements structurels. Fort de ses plans, notre pays a eu avec succès son concours d’entrée au club PPTE. Cet autre échelon a développé à nos décideurs épris de rigueur et de moralisation, le concept des grandes ambitions. Ainsi, la nouvelle ambition du renouveau est de faire du Cameroun PPTE un Cameroun émergeant à l’horizon 2030. J’espère personnellement survivre de la misère, du paludisme et du choléra, d’ici à là.   
Comme en foot, notre pays a également gagné des trophées dans le classement des pays les plus corrompus du monde. Nous devons cet autre titre à notre police et nos douaniers très soucieux de rembourser et avec intérêts, les sommes engrangées pour l’obtention de leur entrée dans ses institutions.

La jeunesse trop déçue après des longues années de retroussement des manches et du serrage de la ceinture a développé et renforcée des nouvelles catégories de profession. C’est ainsi que la feymania et les feymens sont nés tout comme les prostitués et les proxénètes se sont professionnalisés.
Il m’est très difficile de parcourir de manière exhaustive, les réalisations du renouveau pendant ses 28 années. J’en oublie surement des plus importantes mais je sais qu’aucune œuvre digne de ce nom ne peut s’égarer.

En feuilletant les dossiers relatifs aux  9 disparus de Bepanda, la mort en prison de Bibi NGOTA, le pagne de la journée internationale de la femme, les multiples reports du comice agropastoral d’Ebolowa, le nouvel découpage administratif du Cameroun, la mise en veille du décret d’application du Sénat, la modification de l’article 6 de la Constitution relative au mandat présidentiel, la mise au tiroir du concept plan quinquennal, l’opération Epervier on se rend à l’évidence que les 28ans n’ont pas été de tout repos.  

Une poignée de personnes proche du cercle du pouvoir s’amuse à développer et à promouvoir chaque fois qu’il a l’occasion, le tribalisme au sein des citoyens camerounais.
 
La particularité du Cameroun il faut le dire en passant, est bel et bien sa diversité culturelle. Les peuples du Nord, du Sud, de l’Est ou de l’Ouest, des Anglophones ou des francophones ont des cultures propres à eux. Cependant ils sont tous victimes du même mal : la gestion de la chose publique ainsi que la répartition équitable de ses revenus. Tous aspirent de droit au bienêtre, étant donné les efforts consentis par ses différentes régions hier ou aujourd’hui pour le développement de notre pays. Il est donc inutile de continuer à promouvoir la haine entre ces populations qui avant l’arrivée de la forme camerounaise de la démocratie, vivaient dans la paix, la sérénité et dans la concorde.
   
Voici donc 2011 le temps des décisions. C’est le moment de pouvoir à travers le bon sens dire si oui ou non on a aimé les œuvres du Renouveau. Les indécis n’auront plus à se plaindre s’ils ne saisissent pas l’occasion qui leur est donné d’approuver ou de rejeter cette mastodonte qui pendant 28ans a géré leur quotidien.

En février 2008 la jeunesse a dit 2011 c’est demain. Il est donc urgent d’agir à travers vos différentes organisations, vos cercles de réflexions, vos centres opérationnels. C’est désormais l’heure de la pratique, l’heure de déroulez vos stratégies selon le camp ou vous appartenez.

Un artiste s’adressant à qui de droit à dit : Ce pays tue les jeunes. Il a aussi fait savoir au Prési que son entourage n’avait qu’un seul rêve : Tuer le lion. En guise de réponse le Prési a dit : Ils oublient que pour tuer le lion, il faut être aussi un lion. Que chacun le comprenne à sa façon. Alors quel est le lion selon vous prêt à rugir et à dévorer le vieux lion. S’il existe qu’il se dévoile car c’est le moment des échauffements.

Je sais une chose. Avec certitude. Même après 2011 le Cameroun existera !

Bonne année 2011 à tous !

© Correspondance : Maurice TCHASSO, Washington


04/01/2011
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