Cameroun - Encadrement des enfants de la rue : Où sont passés les 02 milliards du projet ?

Cameroun - Encadrement des enfants de la rue : Où sont passés les 02 milliards du projet ?

Cameroun - Encadrement des enfants de la rue : Où sont passés les 02 milliards du projet ?Le phénomène des enfants abandonnés refait surface à Yaoundé, sur les cendres des instructions pourtant fermes du Premier ministre chef du gouvernement au ministre des Affaires sociales, Catherine Bakang Mbock.

Les enfants de la rue sont de retour. En l'occurrence à Yaoundé, le siège des institutions républicaines et non moins vitrine du Cameroun. Alors que l'opinion publique croyait le phénomène tenu en échec, à la faveur des instructions sans faille du chef du gouvernement, données à propos au ministre des Affaires sociales en août 2010. Pourtant, ce ne sont pas les moyens de la politique qui ont manqué. Que s'est-il réellement passé ? S'agit-il d'une crise d'autorité, ou d'un détournement des fonds destinés à ce projet visant à  recaser tous les mineurs abandonnés dans les grands espaces urbains ?

Selon toute vraisemblance. L'initiative, par le ministère des Affaires sociales (Minas), d'encadrer les enfants de la rue, naît de la rupture du contrat du Projet Edr (Enfants de la rue), signé en 2007, entre ce département ministériel et la Croix-Rouge belge, pour une enveloppe de 300 millions Fcfa, chaque année. Rupture survenue, à en croire certaines sources, à cause des nombreux tripatouillages observés dans la gestion des fonds alloués à ce projet, par certaines autorités camerounaises. 02 milliards Fcfa seront ainsi mis à la disposition de l'encadrement de ces enfants, pour une durée de 03 ans.

Distraction de fonds ?

Le projet ainsi lancé, prend forme, grâce à la réhabilitation de l'Institution camerounaise de l'enfance de Betamba (Ice), dans le Mbam et kim ; le Centre d'accueil de Douala ; le Centre d'écoute et de transit de Yaoundé ; et le Postal Borstal institute of Buea. Curieusement, le phénomène des enfants de la rue va se révéler  persistant, malgré les moyens conséquents sensés être disponibles, jusqu'au moment où le Premier ministre, rendu à l'évidence des conséquences désastreuses de cette situation, décide de remettre les pendules à l'heure, en août 2010. Philémon Yang instruit à ce titre, d'après nos sources généralement bien informées, l'extraction en juin, de 300 enfants des artères des villes où sévit la misère. Malheureusement, à cette date, rapportent les mêmes indiscrétions, le tiers de l'opération n'a pas été menée. Pire, les quelques  enfants, ayant été orientés dans les différentes institutions d'accueil, ne parviennent à bénéficier du suivi nécessaire, promis par Catherine Bakang Mbock, et devant contribuer à leur réinsertion sociale.

C'est la raison pour laquelle les 150 enfants de la rue, que comptait l'Ice de Betamba, se sont soulevés en novembre dernier, non sans causer des dégâts matériels importants, estimés à une dizaine de millions Fcfa. Ils se sont retrouvés par la suite au Minas pour des sit-in, dans l'espoir qu'une oreille attentive soit prêtée à leurs doléances. Peine perdue, car ils ne seront jamais reçus par le patron des lieux, dont l'esprit semble ailleurs, si l'on en croit nos sources. Comment pourrait-on éviter de telles situations, lorsqu'on laisse entendre que le budget alloué à la prise en charge annuelle de ces enfants n'est que de l'ordre de 10 millions Fcfa ? Comment sont à la réalité gérés les 02 milliards Fcfa, de ce projet, pour que les enfants, meurent de faim, du moins ne soient nourris le clair du temps qu'aux biscuits ? Comme si cela ne suffisait pas, le patron des affaires sociales est également accusé de n'être pas à l'écoute de ses collaborateurs, pourtant experts en matière de gestion des problèmes des enfants de la rue.

C'est le cas du coordonnateur dudit projet, avec qui le ministre est à couteaux tirés, à cause de sa propension, argue-t-on, à favoriser la fuite d'énormes sommes d'argent, dont la destination n'est pas toujours définie. La conséquence immédiate et déplorable, c'est que les rues de Yaoundé et de Douala grouillent de nouveau d'enfants sans situation sociale enviable. Ils quémandent à tout bout de chemin, arrachent sacs et portables, sèment en un mot la désolation. Jusqu'à quand va durer cet état des lieux ? Seule Catherine Bakang Mbock est à même de répondre à cette lancinante question. Mais en attendant, l'opinion nationale est en droit de savoir à quoi aura réellement servi l'argent destiné à solutionner le problème troublant des enfants de la rue au Cameroun. Inutile de rappeler que La Météo a, sans succès, engagé la démarche professionnelle visant à équilibrer l'information servie à son lectorat. Nous y reviendrons.

© La Météo : Bertrand Tjani


10/03/2011
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