Cameroun - Elections : L’exemple sénégalais

Cameroun - Elections : L’exemple sénégalais

Cameroun - Elections : L’exemple sénégalaisL’élection présidentielle sénégalaise donne l’occasion au Cameroun de tirer des enseignements de ce que sont une bonne pratique électorale et les canons de la démocratie.

Quoiqu’on puisse dire sur les dérives du président Abdoulaye Wade qui s’est incrusté jusqu’au bout dans l’élection présidentielle sénégalaise, celle-ci donne d’admirables leçons qu’il ne faut avoir aucune honte à copier.

Au regard de l’obstination du président sortant, on aurait pu s’attendre à ce que le pouvoir sénégalais obstrue l’action de l’opposition y compris en recourant à la violence et à des fraudes dans les bureaux de vote voire encore en empêchant la presse de travailler. Il n’en a rien été , les forces de l’ordre n’intervenant qu’avant le scrutin pour faire observer à la lettre l’interdiction de manifester édictée par Wade et les siens, visiblement inquiets de voir la situation se détériorer sur l’ensemble du pays. Jusqu’au bout donc, l’opposition a pu battre campagne avec virulence malgré qu’une partie de celle-ci privilégiait la rue pour se débarrasser de Wade.

Bonnes pratiques

Aucune rétorsion violente n’a été envisagée ni mise en exécution par le pouvoir contre ses leaders. Quant aux bureaux de vote, de l’avis des observateurs, en dehors de quelques retards dans l’ouverture d’une poignée d’entre eux, tout s’est déroulé normalement sans qu’on observe les votes multiples, les sempiternels problèmes d’encre prétendument indélébile, l’opacité sur le nombre d’inscrits, les bulletins de vote manquants de certains candidats, les artifices pour décourager les scrutateurs des partis de l’opposition. Pour couronner le tout, la presse a pu travailler à son aise, donnant les résultats dans chaque bureau de vote aussitôt le dépouillement terminé.

Il n’est donc pas étonnant qu’on n’ait pas entendu de contestations des résultats, dans la mesure où chacun des candidats est convaincu de la justesse des résultats annoncés qui placent Abdoulaye Wade en tête avec 34,8% de suffrages contre 26,6% à Macky Sall. Cette issue, qui ouvre la voie à un deuxième tour, est une source d’apaisement politique, du fait que l’électeur sénégalais est convaincu de ce que la seule puissance de son bulletin de vote est en mesure de chasser Abdoulaye Wade sans qu’il ait besoin de recourir à la rue.

Comment, dans ces conditions, ne pas reconnaître que le Sénégal a parcouru du chemin et même beaucoup de chemin depuis l’instauration du multipartisme dans ce pays en 1978, par Léopold Sédar Senghor ? A l’évidence, ce pays a atteint ce stade où la classe politique parvient à un consensus sur les questions électorales, au point où celles-ci ne sont plus l’objet d’interminables batailles de nature à reléguer au second plan les enjeux du scrutin et par ricochet introduisent la conflictualité dans le processus électoral.

Ce que peut gagner le Cameroun

Sur ce point, le Cameroun pêche. C’est qu’il y a, installée dans les mentalités et dans le pays, une culture de la fraude électorale qui assimile l’élection à un banal jeu où dans la plupart des cas, des individus affamés vont à des agapes offerts par d’autres individus se réclamant de vouloir occuper des postes électifs. Cette tradition a été introduite par la France au Cameroun dès 1952 avec les élections entachées de fraude dans le cadre de l’Assemblée territoriale du Cameroun (Atcam).

Exemple édifiant, Um Nyobe fut battu dans la Sanaga Maritime. L’Administrateur colonial, Guy Georgy, qui a officié au Cameroun, reconnait ces basses œuvres de la France chez nous, dans son livre Le Petit Soldat de L’Empire, lorsqu’il évoque le cas Ahmadou Ahidjo. La vraie difficulté devant cette situation n’est pas tant les fraudes, mais c’est le refus d’y mettre un terme. Les occasions manquées sont nombreuses : le refus de Paul Biya d’instaurer le multipartisme en 1985 comme le lui avait proposé l’UPC à travers un mémorandum, l’Onel I et II, Elecam etc.

Il faut espérer que les consultations du Premier Ministère qui visent à améliorer le système électoral camerounais vont définitivement tourner le dos à cette pratique honteuse qui ne grandit pas le Cameroun. Il ne suffit que de copier, une fois de plus, chez nos frères Sénégalais chez qui nous avions déjà emprunté l’ONEL en 2000. Ce serait un bel exemple de partage de la démocratie à l’africaine comme beaucoup le souhaite par ces temps de défense de la souveraineté des Etats africains.

© camerounactu.net : Guy Zogo


05/03/2012
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