Cameroun, Dérives : Au nom de la médiocratie gouvernante !

Cameroun, Dérives : Au nom de la médiocratie gouvernante !

Carte Cameroun:Camer.beLa raison du mérite est noyée dans l’iniquité du clientélisme, de l’éthnicisme et de la naissance. Une véritable briquétérisation du pouvoir. En prêtant une oreille attentive aux discours politiciens prononcés par les acteurs politiques, on serait tenté de croire, une fois de plus, que l’unité nationale devenue par glissement, l’intégration nationale est un fait têtu, tant les personnalités qui nous gouvernent dégoulinent d’optimisme et d’angélisme lorsqu’il est question de parler de l’état de notre nation. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles crie-t-on sur tous les toits « le Cameroun est une nation et ses peuples sont des communautés soudées par le ciment de la solidarité nationale ». A preuve dit-on, la paix sociale souvent menacée heureusement que les forces de l’ordre veillent au grain. Il y a des dispositions légales qui fâchent et peuvent fragiliser à tout moment l’unité nationale. Le concept d’équilibre national est une incongruité.

Les stigmates visibles de ce dispositif réglementaire sont lourds. Et d’un : le choix conscient que notre politique de gestion des ressources humaines a fait, en ayant recours à elle, sous le prétexte de conserver la paix publique, plutôt qu’aux critères de compétence dans des conditions de compétitivité, montre à quel point « nous sommes englués dans l’inertie et en même temps, combien fragile est la nation que nous, voulons bâtir. Une nation fondée sur la bêtise et de la médiocrité. » Il s’agit ici d’une forme bien connue de l’inefficacité qui est de conserver la quiétude ponctuelle dans l’indignité, plutôt que de bâtir la société sur du roc, même au prix d’un débat social sur la nécessité de préparer le long terme par une « dictature éclairée du mérite  qui pousserait à l’émulation tous les compatriotes soucieux de participer à la construction nationale », dixit un éminent professeur d’université sous le couvert de l’anonymat.

Et de deux : la confusion établie entre la représentativité politique et le domaine de l’expertise administrative, est le signe d’une administration politisée dont les responsables n’ont nullement à faire leurs preuves, mais à représenter simplement la région et la tribu dans un cercle de privilèges et de revenus à redistribuer et non des richesses à créer. Et de trois : le retard que nous prenons en nous agrippant aujourd’hui encore à ce qui eût été tolérable dès le départ dans le déshonneur de mettre les paresseux à hauteur des excellents, montre que nous sommes conscients de notre pataugement que nous participons à rendre le monstre administratif, toujours plus boursouflé et ses articulations toujours plus plombées.

Constitution

Il est regrettable que la loi fondamentale de 1996 regorge des notions telles autochtone et allogène qui n’ont pas de sens dans une nation en construction comme le Cameroun. Lorsque dans un pays qui se veut un et indivisible, certaines régions sont représentées à l’Assemblée nationale à hauteur d’un député pour 30.000 habitants tandis que d’autres le sont à hauteur d’un député pour 100.000 habitants, n’est-ce pas là l’apartheid qui s’érige en système de développement politique là où officiellement on parle d’unité nationale ?

L’unité nationale est menacée dans ses fondements par une foule d’agissements non seulement sournois mais officiels émanant de cercles les moins soupçonnables de la république un décret de 1990 dispose qu’à la suite d’un concours administratif, le ministre de la Fonction publique fixe le quota réservé à chaque région. Mais jusque-là dans la pratique, les quotas ne sont pas respectés. Des recrutements sont effectués en catimini, suivant l’agenda secret des groupes ethniques tenant les leviers du pouvoir ; des concours sont lancés en dehors des règles, les résultats falsifiés et truqués. On assiste ahuris et impuissants à la putréfaction des institutions prises en otage par des lobbies qui promeuvent la médiocratie au nom de l’éthnie, du clientélisme et de la naissance.

Certaines interventions publiques, comme au « pays des mille collines » (suivez notre regard), ne manquent guère de zèle quant à cette volonté à peine voilée de se servir des positions d’influence dans l’appareil de l’Etat pour écraser des jeunes appartenant à d’autres tribus. L’on croit souvent à l’illusion de l’unité nationale, jusqu’à ce que survienne l’un de ces discours fasciste sur la prévalence d’une ethnie par rapport aux autres. Pour que les yeux se dessillent et recouvrent la cruelle réalité d’un apartheid sournois mais non moins pernicieux et nocif.

© Le Zénith : Anong Alemao


29/10/2010
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