Cameroun : Démocratie ou « désordrecratie » ?

Cameroun : Démocratie ou « désordrecratie » ?

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51 candidats dans les startings-blocks de l’élection présidentielle camerounaise. Au pays de Paul Biya (et en attendant que le Conseil constitutionnel valide les candidatures), ils sont nombreux ceux qui rêvent de présider à la destinée du peuple camerounais. De par cette seule configuration, on pourrait penser que le jeu est ouvert..

51 candidats dans les startings-blocks de l’élection présidentielle camerounaise. Au pays de Paul Biya (et en attendant que le Conseil constitutionnel valide les candidatures), ils sont nombreux ceux qui rêvent de présider à la destinée du peuple camerounais. De par cette seule configuration, on pourrait penser que le jeu est ouvert. Les plus optimistes ont même parlé de vitalité de la démocratie au Cameroun.

Pourtant, il s’agit là d’un désordre politique que l’on cherche à couvrir sous l’appellation de démocratie. On peut bien s’engouffrer dans une telle propagande, à condition de fermer les yeux sur la vision d’ensemble de la démocratie en Afrique, vingt ans après le discours de la Baule. Peut-on soutenir en effet raisonnablement qu’avec une cinquantaine de candidats pour la présidentielle à venir, le Cameroun montre le bon exemple ?

On peut imaginer difficilement que tous ces candidats aient un programme de société avec des idées nouvelles pour changer le quotidien des Camerounais. Malheureusement, la politique étant souvent un milieu où excellent des médiocres et des gens sans scrupules, ceux qui se présentent à la présidentielle dans leur majorité sont des saltimbanques ayant décidé de jouer une farce. Passe encore s’ils pensent comme le fondateur des jeux olympiques modernes, le baron Pierre de Coubertin que « l’essentiel, c’est de participer ».

Mais, ils sont nombreux qui en font un fonds de commerce en espérant engranger des millions de F CFA avec la subvention de l’Etat. Mais, ces chefs de partis savent-ils ce qu’une formation politique est censée faire pour conquérir et exercer le pouvoir ? Ce sont certainement des candidatures qui ne pèsent pas plus que la plume d’une poule et qui ne feront que disperser l’électorat.

Pire, pour les multiples candidats de l’opposition déchirée par des querelles de chiffonniers, leur myopie politique va finalement servir à légitimer déjà la victoire de Paul Biya après 29 ans de pouvoir. Non, la démocratie, ce n’est pas ça !

Ailleurs, dans les pays que nous aimons imiter, deux partis seulement présentent des candidats et la démocratie n’en est pas moins vivante. En fait, sous nos tropiques, les hommes politiques nous ont habitués à des comportements qui ne font pas décoller la démocratie mais qui ont pour objectif de les mettre en valeur ou de leur assurer un avenir immédiat.

Que c’est dommage ! Avec de tels spectacles pour les candidatures, il ne faut pas s’étonner que les populations se désintéressent des processus électoraux. En tout cas, Paul Biya peut se frotter les mains. Sa réélection est quasi assurée, avec en prime la légitimation, même factice, que lui accorde la pléthore de candidatures.

Dayang-ne-Wendé P. SILGA — Le Pays




08/09/2011
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