Cameroun : Démocratie et débat contradictoire

Cameroun : Démocratie et débat contradictoire

Nyam Ndjama:Camer.beDans tous les pays démocratiques, il est de tradition, à l'approche d'une élection présidentielle, que le président sortant et candidat à sa propre succession s'appuie sur son bilan pour solliciter de nouveau la confiance de ses compatriotes. Pendant ce temps, ceux de ses challengers sérieux, projets alternatifs de société en main, cherchent à avoir la confiance de leurs concitoyens sur la base de leurs programmes de gouvernement, des programmes qu’ils pensent meilleurs que le bilan du candidat-président. Laisser libre cours à cet affrontement, bilan contre projets, projets contre projets, constitue le jeu démocratique.

Au Cameroun, pays << démocratique et État de droit >>, RDPC dixit, il n'en est rien. Le pouvoir use de toutes sortes de subterfuges pour faire dans la diversion et éviter de présenter aux Camerounais son bilan.

Les Camerounais sont loin d'être dupes. Vouloir la paix ne signifie pas qu'on a peur de l'affrontement. Un adage conseille de se méfier de l'eau qui dort.

Je sais bien que << le Cameroun c'est le Cameroun >>, aime-t-on à dire au RDPC. Mais à quoi nous sert cet aphorisme creux qui du reste ne veut rien dire, sinon à nous endormir ? Qui peut en effet, prétendre que le Cameroun c'est... l'Amérique ou... le Nigéria voisin ? Ou, que sais-je encore, la lune? Cessons donc de nous laisser embarquer dans ces élucubrations de bas étage. Le Cameroun, c'est une lapalissade, ne peut être rien d'autre que le Cameroun. C'est lorsqu'on est à cours d'arguments que l'on sort ce genre d'ineptie ou, tout simplement que l'on <<Botte en touche>>.

Soyons donc sérieux et responsables. La campagne électorale à venir doit nous donner enfin l'opportunité de parler de l'avenir de notre pays. Parlons-en en hommes politiques matures et pragmatiques, quel que soit le camp auquel nous appartenons. Laissons de côté les discours superficiels : élevons le débat. Ayons le courage de nous parler, les yeux dans les yeux, même de choses qui fâchent, devant le peuple du Cameroun, seul garant des choix électifs. C'est encore une des règles de la démocratie, on l’appelle ‘le débat contradictoire’. Donnons au peuple souverain de quoi juger en âme et conscience sur la base de programmes. Montrons-lui du respect et, pourquoi pas, de la vénération En lui permettant d’opérer, le moment venu dans le secret de l’isoloir, le meilleur choix.

Le gouvernant qui brûle d’un brin de sentiment patriotique organise l’alternance. L’alternance est le seul recours pour celui qui tient à ouvrir son pays au développement. En la combattant, on démontre que l’on a résolument opté pour le maintien de son pays à bonne distance du développement. Souvenons nous qu'en 1982, Le Président Ahidjo quittait le pouvoir à 57 ans, passant le témoin à Mr Biya alors âgé de 49 ans. Quant à Mr Biya, il a tout simplement choisi d'y demeurer ad vitam aeternam. Cependant, il est important de ne pas perdre de vue qu'on peut certes réussir à museler les revendications populaires, par les moyens les plus éhontés, mais dans ce cas, on doit s’attendre aux désordres sociaux et à leur escalade. Le devoir de l’homme politique est de prévenir les frustrations de son peuple, de les éviter en les empêchant de naître. Le gouvernant qui les suscite est ennemi de la paix sociale.

Le verdict de l’histoire est généralement sans appel. Pour s’éviter de prendre dans la mémoire collective une place parmi les bourreaux de son peuple, il faut et il suffit d’organiser l’alternance qui, seule, garantit la progression du pays vers le développement et du peuple vers le bien-être.

La vitalité même de la vie politique dépend de l’importance que le gouvernant accorde au jeu démocratique. Ces derniers temps, on a, à travers les média, suffisamment fait le tour de la question des opposants camerounais, de leurs forces ou de leurs faiblesses, de ceux dont la candidature pourra ou non être acceptée : il est maintenant temps que nous parlions enfin, sans passion mais en toute objectivité, du bilan du RDPC après près de trois décennies d'exercice du pouvoir. Je me permets de suggérer, dans un premier temps, les pistes suivantes :

* La Santé, où en sommes-nous ?
* L’énergie et l’eau potable, où en est-on avec les délestages et le manque d'eau : entrevoit-on la fin ?
* Les pénuries des produits de première nécessité et le coût très élevé de la vie : y travaille-t-on pour en sortir ?
* La sécurité des biens et des personnes est-elle assurée ?
* L'enseignement, quel constat ?
* Les routes, qu'est ce qui a été fait ?
* Le chômage des jeunes, qu'en est-il ?

Voilà, à mon humble avis, quelques sujets importants dans un pays qui veut se classer dans la catégorie des pays émergents, même si c'est à l'horizon 2035, comme le propose le Président sortant, candidat à sa propre succession.

© Correspondance : Nyam à Ndjama, Secrétaire Général Adjoint du RDMC (Rassemblement Démocratique pour la Modernité du Cameroun)


28/10/2010
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