Cameroun : Crise ivoirienne, l’opposition dénonce la communauté internationale

Cameroun : Crise ivoirienne, l’opposition dénonce la communauté internationale

Cameroun : Crise ivoirienne, l’opposition dénonce la communauté internationale«La fraude électorale et les rebellions indigestes ne sauraient primer sur la volonté du peuple Ivoirien ou de tout autre peuple ». C'est en tout cas la position de Josua Osih, 2ème vice-président du Social democratic Front (SDF, opposition). L’Afrique, à travers la Côte d’Ivoire, est entrain de vivre une crise sans précédent, une des plus graves tragédies de son Histoire contemporaine. Sauf divine surprise, on assistera à coup sûr à une catastrophe sociale de forte amplitude dans ce pays. Les questions qui se posent aujourd’hui sont celles de savoir les causes de ce conflit majeur en préparation, le sort qui sera réservé au peuple ivoirien dans cette guerre civile qui se pointe à l’horizon et qui apparaît plus que jamais inéluctable, les voies de sortie de crise et surtout quels enseignements le Cameroun peut-il en tirer.

Il est tout d’abord nécessaire de repréciser les contours de cette élection présidentielle qui a plongé ce pays dans la situation intenable dans laquelle il se trouve et qui, aujourd’hui plus qu’hier, déchaîne les passions en Afrique et dans le monde. Après la balkanisation de ce pays du fait de la rébellion survenue en novembre 2004, la Côte d’Ivoire a connu plusieurs accords de paix : Linas Marcoussis, Accra I et II, Pretoria et Ouagadougou. Il convient de relever qu’en cautionnant ces différents accords de paix à la suite des évènements de novembre 2004, la communauté internationale légalisait tacitement et de façon étonnante la rébellion dans un pays.

En parcourant les accords de Pretoria du 6 avril 2005 et de Ouagadougou du 3 mars 2007, on se rend compte que les différentes Parties, suite aux problèmes rencontrés dans la mise en œuvre des accords d’Accra I et II, avaient « réaffirmé leur attachement à la Constitution de Côte d’Ivoire, leur attachement au respect de la souveraineté, de l’indépendance, de l’intégrité et de l’unité de la Côte d’Ivoire » et « déclaré la cessation immédiate et définitive de toutes les hostilités et la fin de la guerre sur tout le territoire national ».

Les leaders signataires s’étaient aussi accordés pour  « procéder immédiatement au désarmement et au démantèlement des milices sur l’ensemble du territoire ivoirien ». Pour ce qui concerne la sécurité dans la zone sous responsabilité des Forces Nouvelles, après avoir reçu une formation accélérée par la section de la police de l’ONUCI, six cents (600) éléments de Forces Nouvelles devaient être déployés par la suite aux côtés des Forces de l’ONUCI dans le cadre du programme Désarmement, Démobilisation et Réinsertion (DDR). En clair, la Constitution ivoirienne ne devait en aucun cas être mise de côté et l’ONUCI avait un rôle central à jouer dans le désarmement et la démobilisation des  Forces Nouvelles.

Sur le plan purement électoral, mandat avait été donné à cet effet au médiateur Thabo Mbeki d’adresser une requête aux Nations Unies, au nom du peuple ivoirien, en vue de leur participation dans l’organisation des élections générales. Le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies avait pour rôle de procéder à la certification de l’ensemble du processus électoral qui faut-il le rappeler, allait de l’identification générale des populations à la proclamation des résultats définitifs par le Conseil constitutionnel. La Commission Électorale Indépendante dont la composition avait été aussi décidée au cours des accords de Pretoria, avait quant à elle pour obligation de compenser sa partialité outrancière en défaveur de Laurent Gbagbo par l’adoption du consensus comme mode de consolidation des résultats. Au vu des fâcheux et des farouches antécédents qu’a connus ce pays, l’erreur monumentale imputable à tous les protagonistes –sans exception- de la crise ivoirienne a été de croire que l’on pouvait d’un côté avoir une CEI outrancièrement partisane en faveur d’un candidat et de l’autre côté espérer qu’un consensus pouvait être dégagé à l’issue du second tour. Certains protagonistes ont commis cette erreur étant de bonne foi. D’autres l’ont souhaité et fait à dessein.

Les différents acteurs du processus électoral ont-ils pour autant joué le rôle qui leur avait été assigné dès le départ ω

L’ONUCI, en refusant de désarmer les rebelles des Forces Nouvelles tout en exigeant parallèlement que les élections se tiennent dans ces conditions, a joué au pompier-pyromane. Aucun esprit rationnel ne peut raisonnablement croire qu’il est possible d’organiser des élections crédibles dans un pays coupé en deux avec d’un côté des rebelles lourdement armés. Les fonctionnaires et les bureaucrates de cette institution inter étatique en étaient pleinement conscients. Est-ce ce constat prémonitoire d’échec du processus électoral au Nord qui a pu justifier le fait qu’on a vu très peu d’observateurs de l’ONUCI dans les bureaux de vote dans les cinq régions de Nord où il y a eu toutes les fraudes décriées par le camp du Président Gbagbo.

Tous les observateurs présents au Nord s’accordent à dire que dans cette zone acquise aux rebelles, les populations ont voté avec la peur au ventre, les rebelles ayant promis des représailles aux villages qui n’accorderaient pas un score soviétique à leur allié Alassane Ouattara. La Cedeao, bien avant qu’elle ne rentre dans le sillage des va t-en guerre de la communauté internationale, avait déclaré dans un communiqué le 2 décembre que « les incidents qui ont perturbé ou empêché les citoyens d’exprimer leurs suffrages notamment dans certaines régions du Nord, sont à condamner fermement et à sanctionner conformément à la loi en vigueur ».  On a aussi vu au cours des élections les domiciles du directeur adjoint et du porte parole du candidat Laurent Gbagbo être incendiés sans qu’un seul assaillant ne soit interpellé. Preuve, s’il en était encore besoin, que les forces de l’ONUCI ont joué au ponce pilatisme durant les élections.

Le Représentant du S.G. de l’ONU monsieur Choi a délibérément choisi de jeter de l’huile sur le feu en segmentant et en abrégeant lors du second tour du scrutin la mission qui lui avait été assignée. Mission qui consistait à certifier l’ensemble et non une partie du processus électoral. Il l’a pourtant majestueusement fait au premier tour en certifiant le verdict du Conseil constitutionnel qui, après avoir rejeté la requête de Henri Konan Bédié pour forclusion,  a qualifié Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara pour le second tour. Au second tour, il s’est empressé de déclarer le candidat Alassane Ouattara vainqueur  sans recevoir et vérifier les différentes plaintes liées au scrutin et surtout sans attendre que le Conseil Constitutionnel se prononce comme cela s’est fait au premier tour.

La CEI quant à elle est complètement passé à côté de la plaque lors du second tour du scrutin. Son Président monsieur Youssouf Bakayoko a confondu, visiblement sous la contrainte, cette instance administrative à sa propre personne. Il s’est permis de lire hors délai, en l’absence des commissaires centraux et dans le Q.G. d’un candidat les résultats d’une élection aussi sensible, rompant ainsi le mode consensuel édicté dans cette instance administrative. A la faveur d’un débat qui avait secoué le landernau politique ivoirien juste avant le scrutin, toutes les Parties avaient convenu qu’en cas de contestation d’une des Parties, la consolidation des différents résultats devait résulter d’un double comptage : le comptage manuel et le comptage électronique. Le Premier ministre Guillaume Sorro était monté au créneau pour annoncer cette décision.

La CEI a refusé de se plier à cette règle consensuelle au second tour du scrutin. Les résultats délivrés par cette instance administrative - qui résultaient uniquement d’un comptage manuel- validaient une fraude à grande échelle révélée par le comptage électronique. 2000 procès –verbaux de bureaux de vote sur 20.073 comportaient un nombre de votants supérieur au nombre d’inscrits. Ce que monsieur Bakayoko refuse de dire - et c’est la raison manifeste pour laquelle on l’a exfiltré de la Côte d’Ivoire pour qu’il ne craque pas et lâche le morceau-, c’est qu’il a fallu un bras de fer de 48 heures avec le Premier ministre Sorro et lui-même pour que les responsables du comptage électronique récupèrent les données. Youssouf Bakayoko et Guillaume Sorro feignaient de s’étonner de cette situation. En réalité, ils ne voulaient pas que les résultats du comptage électronique arrivent à temps à la CEI pour confrontation avec les résultats issus du comptage manuel. Contrairement à ce qui est distillé dans certains médias dont la partialité n’est plus à démontrer, la scène du mardi soir où on a vu deux représentants du candidat Gbagbo empêcher le porte-parole de la CEI, proche de Ouattara, de lire les résultats des trois premières régions (dont deux étaient favorables à Laurent Gbagbo) était dû au fait qu’à ce moment précis les responsables du comptage électronique venaient à peine de récupérer les données.

Le Conseil constitutionnel a pleinement joué son rôle tant au premier qu’au second tour du scrutin. Il a examiné toutes les requêtes qui lui ont été soumises. Celles de Bédié au premier tour et celles de Gbagbo au second tour qui contestait les résultats dans certains bureaux de vote dans le Nord. Monsieur Ouattara n’a déposé aucun recours auprès de cette haute institution après le second tour. Ce qui suppose qu’il n’a rien trouvé à redire sur le déroulement du scrutin sur l’ensemble du territoire. Ce qui est constant dans ces deux attitudes est que les deux parties s’accordent à dire que tout s’est bien déroulé dans les autres parties du territoire au second tour. On ne peut pas reprocher à Laurent Gbagbo d’avoir introduit des recours. Un vrai démocrate doit dénoncer la fraude sous toutes ses formes. Peut-être M. Ouattara avait déjà reçu l’assurance d’être Président de la République, quelles que soient les circonstances. Nul ne saurait se prévaloir de ses propres turpitudes. Le débat sur la composition du Conseil constitutionnel est détestable.

Pourquoi  n’y a-t-il pas eu ce débat à l’issue du premier tour après l’annonce par cette haute instance de la qualification de Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara pour le second tour ω Si cette haute juridiction avait été totalement acquise au Président sortant, elle aurait pu contre vents et marées, comme cela se passe dans des pays qui semblent jouer aux donneurs de leçons au cours de cette crise, proclamer Laurent Gbagbo élu dès le premier tour avec plus de 80%. Quitte à gérer l’après-élection. La nomination des membres la composant ne s’est pas faite entre les deux tours. La mise sur pied du Conseil constitutionnel fait partie des réformes d’Etat engagées par Laurent Gbagbo pour doter son pays d’institutions conformes au standard républicain. La France a son Conseil constitutionnel dont les membres sont nommés par le Président de la République et les Présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat. Le fait qu’ils ne soient pas notoirement étiquetés comme membres d’un parti n’enlève absolument rien au fait que c’est lui qui les nomme. Les USA ont leur Cour suprême. Laquelle avait désigné en 2000 G.W.Bush vainqueur d’Al Gore à l’issue d’un long feuilleton politico- juridique. Les décisions de ces hautes instances ne font l’objet d’aucun recours dans ces deux pays.

Les « puristes de l’impartialité à tête chercheuse» qui attisent le débat sur la composition du Conseil constitutionnel en Côte d’Ivoire sont ridicules en ce sens qu’ils feraient mieux d’alimenter ce débat de prime abord sur la composition de la CEI, instance administrative chargée de proclamer les résultats provisoires. Peut-être aurait-il fallu que le Conseil constitutionnel fût majoritairement pro-Ouattara pour rassurer la Communauté internationale de son « impartialité » comme la CEI a su la rassurer  de cette « impartialité ». Le fait qu’ils soient malheureusement  victimes de la fabrication de l’information par des officines à la solde de certaines nébuleuses, de la mise en scène de l’information depuis les halls d’hôtel et surtout de la tyrannie de la pensée unique des médias appartenant à des Etats dont les intérêts ne sont pas forcément  ceux du peuple ivoirien, ne leur permet pas de se rappeler que la CEI n’est pas impartiale. Elle est éminemment défavorable au Président Gbagbo. En effet, le présidium de la CEI compte 5 membres dont 4 pro-Ouattara et 1 pro-Gbagbo.

Il y a 16 commissaires pro-Ouattara contre 6 pro-Gbagbo. Toutes les 19 commissions régionales sont contrôlées par des pro-Ouattara. Sur 415 commissions locales, 380 sont contrôlées par des pro-Ouattara contre 35 par des pro-Gbagbo.   La partialité de la CEI est évidente.  Contrairement donc à ce qui est annoncé en grande pompe dans certains médias, Laurent Gbagbo n’a jamais organisé les élections en Côte d’Ivoire. Il a accepté cette CEI par ce qu’il croyait que toutes les Parties prenantes à Pretoria avaient le même souci républicain que lui à savoir sortir la Côte d’Ivoire de l’impasse dans laquelle elle se trouve depuis 2004.

Par amour pour son pays, il a rempli toutes les missions qui lui avaient été assignées dans les différents accords. Rarement dans le monde, on a vu un Président de la République accepter de former un gouvernement avec des rebelles armés. Pour la paix, il a accepté de travailler main dans la main avec la rébellion. Rarement dans le monde- du moins en Afrique- on a vu un Président de la République accepter pendant qu’il est encore au pouvoir, que l’instance en charge de l’organisation des élections lui soit défavorable dans sa composition et sa configuration. Le Président Laurent Gbagbo n’a jamais été un dictateur. C’est un démocrate qui a un sens très élevé de la République. Il incarne le réveil d’une nouvelle conscience africaine. Il a toujours mis en avant les droits inaliénables de son peuple en refusant que son pays soit vassalisé. Depuis 10 ans, le Président Laurent Gbagbo n’a pas eu le moindre répit pour se consacrer véritablement à son projet de la grande Côte d’Ivoire. On ne saurait avoir tort pour avoir voulu que son pays soit maître de son destin.

Maintenant que les règles en vigueur en matière de proclamation des résultats n’ont été dénoncées par personne, que les fraudes soumises à l’appréciation du  Conseil Constitutionnel n’ont été dénoncées par personne et que cette haute institution, sur la base d’éléments qui viennent d’être énumérés et après avoir vidé le contentieux électoral, a déclaré un vainqueur, le conflit électoral est clos. Laurent Gbagbo est le Président légitime et légal de la Côte d’Ivoire. Est-ce pour autant une fin en soi ω Absolument non. En prêtant serment devant le Conseil constitutionnel, Le Président Gbagbo a juré solennellement et sur l’honneur de respecter et de défendre fidèlement la Constitution, de protéger les Droits et les Libertés des citoyens de son pays. Est-ce pour autant une tâche aisée au regard des tensions observées dans son pays depuis la fin de l’élection présidentielle qui l’a consacré Président de la République ω Rien n’est moins sûr.

La Côte d’Ivoire court tout droit, si rien n’est fait, vers une tragédie incommensurable. Le véritable problème qui préoccupe les républicains de par le monde aujourd’hui est celui de savoir « comment éviter le drame à grande échelle qui se profile à l’horizon et qui ne vient malheureusement pas des Ivoiriens mais d’une certaine communauté internationale ω ». Discuter sur l’élection ne servira actuellement à rien au peuple ivoirien. Il ne s’agit plus de l’histoire électorale, mais de l’Histoire d’un peuple. Il ne s’agit plus de défendre la crédibilité d’une élection – crédibilité que la communauté internationale n’a pas voulu assumer à temps, comme au Cameroun. Il est plus que jamais question de sauver le peuple ivoirien dans son ensemble.

Pour sortir de la crise, il faudrait d’abord scruter les attitudes des différents protagonistes. D’un côté, il y a le Président Laurent Gbagbo qui a déjà tendu la main à monsieur Alassane Ouattara qui refuse systématiquement le dialogue.  Cette attitude fait difficilement croire que monsieur Allassane Ouattara n’est pas le véritable parrain des rebelles et que monsieur  Guillaume Sorro, a cessé d’être le chef opérationnel  des rebelles. Le spectacle que le monde est entrain de vivre en direct de l’Hôtel du Golf où l’on voit des rebelles armés proférer des menaces de déstabilisation de la Côte d’Ivoire avec la protection et la complicité de l’ONUCI a fait tomber le masque. Quand monsieur Sorro déclare dans cet hôtel devant l’ONUCI contemplatif  qu’il fera partir le Président Laurent Gbagbo par tous les moyens tout en précisant que l’option militaire est sur la table, il y a lieu d’interroger le rôle trouble de cette organisation internationale dans la crise ivoirienne. En cas de massacre, l’ONUCI aura  mauvaise conscience et surtout du sang sur les mains. Au lieu d’installer et de préserver la paix, l’ONUCI donne l’impression de vouloir secréter la guerre et légaliser une autre rébellion en Côte d’Ivoire.

C’est une dangereuse jurisprudence qui est entrain d’être expérimentée en Afrique. C’est le lieu ici de s’interroger sur la logique à double vitesse de cette ONU. Pour beaucoup moins et sans preuve, la communauté internationale s’est acharnée sur Jean Pierre Bemba – au motif qu’il a entretenu une rébellion - au point de le jeter en prison. Pendant ce temps de l’autre côté en Côte d’Ivoire, elle veut imposer à sa tête un rebelle affirmé. D’un côté, on a une communauté internationale qui dénonce le nombre de morts survenus en Côte d’Ivoire depuis le second tour, et qui, de l’autre côté, est resté et reste toujours insensible aux massacres perpétrés au Cameroun en février 2008 et qui ont fait plus d’une centaine de morts. On a une communauté internationale qui remet en cause la décision du Conseil constitutionnel en Côte d’Ivoire au motif que cette juridiction est composée de pro-Gbagbo et  qui au Cameroun joue au je-n’ai-rien-vu lorsque les forces de progrès dénoncent l’impartialité et la forfaiture d’Elecam.

Il est difficile aujourd’hui de  compter sur la communauté internationale pour résoudre la crise en Côte d’Ivoire. Il est d’ailleurs surprenant que le club des dictateurs et des putchistes jouent aux médiateurs et conciliateurs. Il est choquant que des mesures extrêmes et radicales aient été prises par une partie de la communauté internationale moins d’une semaine après le verdict du Conseil constitutionnel sans que les plaintes liées à l’élection présidentielle soient reçues et examinées et sans que les normes universellement acceptées en cas de crise soient épuisées à savoir l’utilisation de toutes les voies de dialogue, de concertation et de négociation.

Tout cet acharnement contre Laurent Gbagbo surtout de la part du Président Nicolas Sarkozy -dont l’obsession à faire prévaloir l’option armée est flagrante- achève de convaincre même les plus sceptiques que tout avait été préalablement mis en œuvre par des puissances extérieures pour que Laurent Gbagbo ne soit plus Président de la République de Côte d’Ivoire quelque soit l’issue de l’élection et surtout qu’il soit débarqué par tous les moyens. Cette politique de victimisation criminelle produit l’effet inverse recherché dans l’opinion ivoirienne. Ces puissances extérieures qui possèdent des excroissances dans le continent africain auraient au moins dû prendre du recul pour masquer leur parti pris manifeste. La diplomatie s’accommode mal des agitations indécentes, des vociférations grossières, des ingérences partisanes et vasouilleuses, du dénigrement des leaders ou des institutions d’un pays souverain et surtout de la manipulation de l’opinion publique dans le but cynique de faire croire que la guerre est inévitable.

La diplomatie nécessite du calme, de la hauteur de vue et de la discussion. Les puissances extérieures ainsi que leurs différentes ramifications qui se sont jusqu’ici impliquées dans le processus de paix en Côte d’Ivoire ont lamentablement échoué. La médiation pour la sortie de crise doit être confiée à de nouveaux acteurs dont la salubrité politique est connue et avérée. Les Leaders africains ont le devoir historique de prendre les devants pour résoudre cette crise  qui risque, si rien n’est fait, de mettre en cause la paix et la stabilité du continent en général et de l’Afrique de l’Ouest en particulier. Un dialogue ivoiro-ivoirien impulsé par des grandes consciences africaines est nécessaire. Il faudrait épuiser toutes les voies de dialogue entre les deux camps. Il est temps d’utiliser tous les instruments utiles pour une pacification afin d’éviter que ce conflit se transforme en une catastrophe humaine.

Pour faire exister ce dialogue, il faut tout d’abord reconnaitre les institutions régaliennes et compétentes de l’Etat de Côte d’Ivoire,  respecter la constitution de ce pays ainsi que son Président investi et ensuite trouver des solutions locales que l’ONUCI n’a pas su trouver. La guerre ne servira à aucun des protagonistes. On ne construit pas sur des ruines. Le peuple ivoirien a déjà énormément souffert et porte encore les stigmates de six années de guerre. Il ne faudrait pas importer en Afrique en général et en Côte d’Ivoire en particulier les scénarios maffieux du genre Irak, Palestine ou Afghanistan. Ceux qui veulent mettre le chaos en Côte d’Ivoire ne sont pas prêts à l’accepter dans leurs pays. La Côte d’Ivoire se trouve d’ailleurs à des milliers de kilomètres de leurs territoires. Il est quand même incroyable de lire que le Nigéria qui n’arrive pas à endiguer une guerre civile religieuse dévastatrice est prêt à envoyer son armée faire la guerre en Côte d’Ivoire au lieu de l’utiliser pour protéger des civils innocents dans son propre pays.

Pour terminer, la crise ivoirienne doit servir de leçon au Cameroun. La Côte d’Ivoire est entrain de parler au Cameroun et surtout aux camerounais. Il ne fait l’ombre d’aucun doute que les membres de la communauté internationale qui cautionnent les fraudeurs et des ex-rebelles aujourd’hui en Côte d’Ivoire sont les mêmes qui cautionneront les fraudeurs demain au Cameroun. Tous ceux qui s’obstinent à dire que M. Alassane Ouattara a gagné malgré la fraude seront totalement disqualifiés lorsqu’à l’issue des prochaines échéances électorales au Cameroun, des rapports d’observations de certains pays affirmeront que les irrégularités observées sur le terrain ne sont pas de nature à entacher fondamentalement le verdict du scrutin. Il est à noter aussi que cette même ONU s’est déjà unilatéralement impliquée dans le processus électoral Camerounais sans grande visibilité pour les parties prenantes et surtout pour l’opposition camerounaise.

Il n’est surtout pas question dans cette modeste contribution de rejeter le rôle que pourra jouer l’ONU en cas de blocage politique dans les pays dont les gouvernants sont réfractaires à l’alternance. L’ONU peut à juste titre s’ingérer dans les processus électoraux pour préserver la paix et l’intérêt des peuples. A condition que cette ingérence soit mieux gérée, mieux maîtrisée et non partisane. Pour revenir à cette crise ivoirienne, elle vient incontestablement du fait que le Président Houphouët Boigny avait longtemps privilégié son règne à la continuité de l’Etat de Côte d’Ivoire. Plutôt que de mettre sur pied des institutions fortes, démocratiques et non partisanes, il se préoccupait essentiellement de son maintien à tout prix et à tous les prix au pouvoir. Le Cameroun est entrain d’emprunter le même chemin que la Côte d’Ivoire.

Le Cameroun se trouve exactement au même niveau de risque de déflagration politique et sociale que la Côte d’Ivoire il y a dix ans. ELECAM qui est composée exclusivement des membres du Bureau politique et du Comité central du parti des flammes, est pire que la CEI. Si la CEI était composée de personnalités neutres et n’ayant appartenu à aucun parti, les élections se seraient mieux déroulées dans ce pays. Notre Bakayoko à nous est bien connu, l’hôtel où les résultats seront proclamés aussi. Pour que notre pays évite de sombrer dans la déchirure, il a plus que jamais besoin d’un consensus politique regroupant toutes les forces de la Nation et surtout des institutions fortes non à la solde d’une seule personne.

Nous nous dirigeons vers des échéances électorales capitales qui détermineront l’avenir du pays pour les prochaines décennies.  Le Président de la République a pour le moment toutes les cartes entre les mains. Après avoir reconnu humblement qu’il s’est trompé en signant le décret portant mise en place d’Elecam, il a reçu le leader de l’opposition camerounaise dans un souci- que l’on espère sincère- de décrispation politique. C’est un point positif pour notre démocratie balbutiante. Dans une démarche patriotique, le Président Biya doit encore aller plus loin en annulant le décret portant nomination des membres d’Elecam et en accédant aux 11 exigences républicaines du SDF. Elecam est pire que la CEI de la Côte d’Ivoire qui est à l’origine de tout le désordre que connaît ce pays frère.

Il n y a pas de honte à revenir sur une décision potentiellement destructrice quand on a un tant soit peu l’amour de son pays. Même s’il nous faut un peu plus de temps, dans un délai raisonnable, pour avoir des institutions fortes et crédibles, tant mieux. Pourvu que le pays évite le scénario catastrophe de la Côte d’Ivoire. Les hommes passent et les Etats restent.

En cette fin d’Année, que Dieu bénisse la Côte d’Ivoire et donne le courage et la sagesse à ceux qui nous gouvernent de prendre un autre chemin. Le chemin qui mènera le Cameroun en avant.

© Source : Africa-Info


02/01/2011
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