Cameroun, Commentaire : Les biens de Fru Ndi

Fru Ndi:Camer.beOn a presque envie de demander au président national du Social democratic front (Sdf), "qui t'a demandé quoi ?", au sujet de cette affaire de déclaration des biens qui est allée de renvois en renvois, avant d'aboutir à un refus catégorique au cours du énième rendez vous donné à l'opinion le 12 septembre dernier au cours de la réunion du Comité exécutif national du Sdf "Pourquoi voulez-vous qu'il déclare ses biens ? Est-ce un élu de la nation ? Gère-t-il des crédits publics ? Ce sont ces personnes qui doivent déclarer leurs biens, à commencer par le président de la République lui même" a réagi notre consoeur Béatrice Anembom Monju, la responsable de la Communication du Sdf, à la question de savoir pourquoi cet exercice était annulé, alors qu'il semblait très attendu de l'opinion.

C'est au lendemain de la publication du rapport 2009 du Comité catholique contre la faim et pour le développement (Ccfd) qui mettait en cause un certain nombre de responsables camerounais dont le président de la République et le Chairman du Sdf, que John Fru Ndi a annoncé qu'il allait déclarer ses biens, afin de mettre à nu le rapport du Ccfd qui l'accusait de recevoir des financements occultes de la part du pouvoir de Yaoundé. N'exerçant aucun mandat électif, n'occupant aucune des fonctions publiques astreintes à l'obligation de déclaration des biens, et aucune instance officielle n'ayant encore été mise sur pied, l'on se demandait bien à quoi rimait le "jeu" du Chairman du Sdf.

Ses conseillers et lui-même ont bien fini par se rendre compte de l'inadéquation de la démarche qui était la leur, là où ils étaient engagés dans une opération de blanchiment. L'accusation de collusion avec le pouvoir porté par le Ccfd contre le président du Sdf n'est pas la première du genre. Il y a deux ans en effet, ce sont d'anciens commissaires de police, aujourd'hui radiés des rangs de ce corps, qui accusaient le patron du Sdf d'avoir reçu du pouvoir de Yaoundé, la rondelette somme de 500 millions de francs, afin de ne pas trop mettre le pied à l'étrier à l'occasion de la campagne électorale pour la présidentielle de 2004. L'on n'avait pas eu de réactions venant de cette formation politique à l'époque.

Plus loin, c'est l'affaire de la gestion d'une centaine de millions de francs octroyés au Sdf dans le cadre de la subvention aux partis politiques, dont le flou de la gestion avait été imputé au Chairman, qui n'a jamais été élucidée. Une accusation restée sans suite. Tout comme le sont restées toutes les autres, à l'instar de celle sur la gestion jugée opaque des sommes prélevées sur les émoluments des députés du Sdf à l'Assemblée nationale, ou encore des ressources issues du groupe parlementaire de cette formation politique à l'Assemblée nationale.

On peut aujourd'hui comprendre la prudence affichée par la direction du Sdf dans la gestion du cas de discipline du député Serge Siméon Noumba qui a été renvoyé à une "Commission d'investigation". Le Sdf ne prendra pas le risque de perdre la manne que représente le groupe parlementaire à l'Assemblée nationale. Dans d'autres cas, le fameux "8.2" aurait déjà été appliqué contre l'infortuné député qui ose ainsi défier l'autorité du Chairman.

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© Mutations : JFB
Paru le 14-09-2009 10:32:40


14/09/2009
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